Algérie

Paris, Londres et Berlin mettent Trump devant ses contradictions



Ryad qui sous la pression internationale a fini par reconnaître que le journaliste Jamal Khashoggi a été tué par des Saoudiens à l'intérieur de son consulat à Istanbul, a présenté une version des faits qui loin de convaincre de l'innocence de ses autorités dans le crime confirme plutôt leur mauvaise foi et leur tentative délibérée d'abuser l'opinion internationale. Qui peut croire en effet à la thèse de l'accident «regrettable» qu'aurait été la mort du journaliste survenue ainsi que le soutient la version officielle saoudienne à la suite d'une «rixe» qui l'aurait opposé à des personnes présentes au sein du consulat, d'autant que Ryad admet que les coupables contre lesquels il a été lancé une procédure judiciaire se sont trouvés à Istanbul avec pour but de supprimer le gênant journaliste. Tout comme personne ne croit que les individus qui ont exécuté le gênant journaliste ont agi en «dehors du champ de leur responsabilité» ainsi que l'a prétendu le ministre des Affaires étrangères du royaume Adel Al Jubeir.La version officielle est si éhontément mensongère qu'à part Donald Trump qui dans un premier temps l'a qualifiée de «crédible», aucun autre haut responsable politique à travers le monde n'en a admis le possible bien-fondé. Elle sonne si faux que Paris, Londres et Berlin, pourtant enclins à offrir une «porte de sortie» au scandale universel qu'est l'assassinat de Khashoggi, ont dû hausser le ton pour sommer les autorités saoudiennes à cesser leur mensonge sur la sinistre affaire. En contredisant le président américain, ces capitales européennes l'ont contraint à rétropédaler dans l'appréciation de la version officielle saoudienne, d'autant qu'il s'est rendu compte qu'aux Etats-Unis mêmes sa tiède et compréhensive attitude à l'égard des autorités saoudiennes suscite une large réprobation dont les plus fermes expressions ont émané de son propre camp, celui des républicains. La contradiction que lui ont portée les Européens a motivation pour une bonne part la détestation qu'ils cultivent à son endroit.
L'affaire Khashoggi que Donald Trump s'est essayé à réduire à l'état de simple «péripétie» à clore par des remontrances au plus haut sommet de la monarchie saoudienne, permet à Paris, Londres et Berlin de mettre la Maison Blanche en situation délicate d'avoir à se dédire sur la crédibilité de la version saoudienne sinon à apparaître comme soutenant une monarchie qui a manifestement commandité et ordonné l'horrible crime commis à Istanbul. En mettant Trump dans cette situation, ils lui rendent difficile de ne pas décréter de sanctions américaines contre le royaume wahhabite comme il en a affiché l'intention malgré l'accumulation des présomptions imputant la responsabilité du crime à ses plus hauts dirigeants. Les Européens accentueront probablement leurs pressions sur Ryad non pas pour faire éclater la vérité mais pour mettre en porte à faux l'attitude de Donald Trump qu'ils soupçonnent de vouloir s'en prévaloir pour monopoliser au profit des Etats-Unis l'immense pactole financier dont dispose la richissime pétromonarchie arabe et en user comme arme contre lui sur le dossier du nucléaire iranien qui leur vaut de sa part des menaces de sanctions qui ont ruiné les intérêts qu'ils ont en Iran.


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