Algérie

PARIS 1961, LES ALGERIENS, LA TERREUR D'ETAT ET LA MEMOIREDE JIM HOUSSE ET NEIL MACMASTER Deux Britanniques témoignent



Beaucoup d'encre a coulé au sujet des événements du 17 Octobre 1961. Et voilà qu'un autre ouvrage vient compléter cette autre sombre page de l'histoire de l'Algérie durant la période coloniale.Il est l'œuvre de deux historiens britanniques : Jim House et Neil MacMaster.
Paris 1961, les Algériens, la terreur d'Etat et la mémoire est le fruit d'un long travail de recherche qui s'est étalé sur plusieurs années. Archives inédites, journaux, tracts, témoignages…, les deux auteurs ont exploré toutes les pistes afin de nous restituer les faits tels qu'ils se sont réellement produits. De prime abord, Jim House et Neil MacMaster notent que la répression policière qui s'est abattue sur les Algériens ne se limite pas au 17 Octobre 1961 mais avait déjà commencé plusieurs semaines avant. «Les événements du 17 Octobre s'insèrent dans un contexte qui déborde cette journée. Elle marque le paroxysme d'une période de violence qui avait commencé au début de septembre… Au cours des mois de septembre et octobre, on retira de la Seine et d'autres canaux et rivières de la région parisienne un grand nombre de cadavres de Nord-Africains, souvent non identifiables. Quand Papon et ses lieutenants durent en répondre, ils affirmèrent en général qu'il fallait les attribuer à la sanglante guerre intestine entre le FLN et le MNA…» (Pages 142 et 143). Le massacre du 17 Octobre 1961 est l'un des événements les plus contestés de l'histoire contemporaine française. Heureusement que les historiens sont là pour éclairer les zones d'ombre. «En général, quand des policiers assassinaient de nuit des Algériens, étranglant et frappant leur victime dans un lieu écarté, avant de jeter son corps, sans papier permettant de l'identifier, dans le fleuve ou dans le canal, les chances qu'une autopsie et une enquête éventuelle permettant de remonter à ses assassins étaient infimes.» (P. 145). A la suite de cette répression sauvage, le préfet Maurice Papon, qui dirigeait les opérations de police lors de ces sanglants événements, tenta de minimiser et de banaliser les faits. «Papon, passé maître dans l'art de la propagande, réagit rapidement pour calmer les inquiétudes croissantes exprimées par les médias. A la veille de la manifestation des femmes prévue pour le 20, il publia un communiqué déclarant que les bandits armés du FLN prévoyaient de recourir à une ‘‘odieuse manœuvre : utiliser les femmes comme boucliers pour tirer sur la police et provoquer un bain de sang…» (P. 175). En cette funeste date du 17 octobre 1961, la violence policière fut des plus répressives : «Une fois que les manifestants, dont beaucoup souffraient de blessures graves, se trouvèrent entassés dans les paniers à salade de la police et les bus de la RATP, les policiers qui les accompagnaient… continuèrent de les frapper à coups de matraque, de manche de pioche et de gourdin. Idir Belkacem raconte qu'un Algérien reçut un tel coup sur le crâne que le sang gicla sur le plafond du bus» (P. 165 et 166). L'histoire et la mémoire de cet épisode de tortures, d'exactions et d'assassinats qui continue à faire débat sont revisitées avec force détails dans ce livre historique qu'il faut lire absolument !
Sabrinal
Paris 1961, les Algériens, la terreur d'Etat et la mémoire, Jim Housse et Neil MacMaster, Casbah éditions, 2012, 509 P.


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