Quand bien même la violence s'est invitée dans le scrutin de la dernière chance de stabilisation d'un pays au bord de l'implosion, les Libyens ont validé à leur corps défendant le bulletin de tous les espoirs. A commencer bien sûr par la remise en ordre institutionnelle dans la maison libyenne en décomposition, pliant sous le diktat des milices et des groupes terroristes aux aguets. Dans le scrutin, endeuillé par le lâche assassinat de la célèbre militante des droits de l'Homme, Salwa Bouguiguis, lançant, quelques heures seulement avant d'être exécutée sur le seuil de sa maison, l'appel prémonitoire d'aller voter, la violence s'est particulièrement abattue notamment sur l'Est libyen. A Al Baïda, une voiture piégée a explosé près des locaux de l'Assemblée. Au sud de Benghazi, sept soldats avaient été tués au cours de la journée électorale et plus d'une cinquantaine blessée dans des affrontements avec un groupe islamiste. Cette escalade programmée signifie, à la fois, le refus de la trêve respectée par le général Khalifa Haftar, en guerre contre Ansar Al Charia, et le rejet du modèle démocratique considéré comme hérétique. Certes, le faible taux de participation (42%), la tenue du scrutin est en soi considérée comme un grand pas en avant qui nourrit un optimisme mesuré. La sortie de l'impasse politique tourne la page contestée du Congrès général national (CGN), paralysé par le combat de l'arrière-garde opposant les islamistes hégémoniques aux libéraux et remplacé par la chambre des représentants. En attendant les résultats définitifs, qui seront connus dans deux semaines, la composition du Parlement reste tributaire de la constitution des groupes parlementaires. Le cas probant des 16 sièges non pourvus, en raison des violences, un nouveau scrutin sera organisé et complétera le paysage politique en formation. Echec donc aux extrémismes ravageurs battus en brèche par le déroulement jugé « acceptable » du scrutin et la marque de soutien de la communauté internationale de plus en plus consciente de la menace qui pèse sur le destin démocratique de la Libye, mais également sur la stabilité de toute la région, voire le pourtour méditerranéen. Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, exprimant son satisfecit, a affirmé que « l'élection marque une étape importante dans la progression du processus de transition et la stabilisation du processus politique ». Cette perception est partagée par le président américain, Barack Obama, qui a félicité « le peuple libyen pour avoir organisé l'élection d'une nouvelle Chambre des représentants, une étape importante dans ses efforts courageux de transition vers la pleine démocratie ». Il reste l'essentiel : la communion toute libyenne pour sortir de l'engrenage de la violence, s'engager fermement dans la voie du dialogue inclusif et tracer la voie à la réconciliation nationale.
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Posté Le : 27/06/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Larbi Chaabouni
Source : www.horizons-dz.com