L’Algérie a les moyens humains et matériels d’endiguer ce fléau, à condition que le protocole à suivre soit aussi efficace qu’il le paraît
théoriquement.
L’institut technique de développement de l’agriculture saharienne (ITDAS) abrite, du 16 au 18 du mois en cours, une session de formation sur le suivi sanitaire et environnemental dans la lutte antiacridienne. Le directeur de l’institut hôte, celui des services agricoles, celui de la chambre agricole et celui de l’INPV de Biskra, organisateur de l’événement, ont assisté à l’ouverture des travaux de cette rencontre nationale au bénéfice de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre l’invasion des criquets pèlerins, à savoir les cadres de l’INPV, de la santé animale, de la Protection civile, de l’environnement et du centre national de toxicologie. Les communications se sont articulées autour des thèmes de la prise en charge du personnel de lutte antiacridienne activant sur le terrain, notamment l’utilisation du Test mate pour le calcul du taux de cholinestérase, des mesures à appliquer en cas d’intoxication, des protocoles d’opérations standardisées (POS) relatifs à l’évaluation de l’impact des campagnes de lutte antiacridienne sur l’environnement, du contrôle de la qualité des traitements et leur efficacité, et enfin, dans l’optique d’en amoindrir les effets indésirables et de mieux axer les interventions uniquement sur la cible, l’étude des effets nocifs susceptibles d’être engendrés par l’action antiacridienne.
L’objectif étant pour les organisateurs de cette rencontre de mettre en place des équipes multidisciplinaires spécialisées dans le suivi sanitaire et environnemental qui auront pour mission d’accompagner les techniciens de la lutte antiacridienne durant leurs interventions. «L’Algérie est désormais en mesure de parer à toute invasion acridienne et nous pouvons offrir nos services aux pays limitrophes souffrant de ce fléau», a déclaré le directeur du programme national de lutte antiacridienne à l’INPV d’Alger, Hamid Bensaad. Grégaire et vorace, se déplaçant en essaim de plusieurs millions d’individus capables de détruire en quelques heures les exploitations agricoles rencontrées sur son passage, le criquet pèlerin est un redoutable fléau qui peut mettre à terre l’économie de tout un pays s’il n’est pas sérieusement combattu. Cet insecte ravageur surgit des régions subsahariennes et remonte vers les régions septentrionales par des couloirs traversant le territoire algérien où il a été répertorié environ 35 000 points de situation.
Ces zones dont beaucoup se caractérisent par de hautes fréquences acridiennes sont parfaitement identifiées et l’objet d’une surveillance assidue, a-t-il été expliqué. Il faut dire que l’Algérie a acquis un inestimable capital expérience en termes de lutte contre les invasions de criquets pèlerins.
L’invasion acridienne de 2004 est encore gravée dans les mémoires. Des nuées avaient envahi les wilayas du Sud, y compris Biskra. Enfumages, mise en place de barrières en plastique et épandage de produits chimiques avaient très vite montré leurs limites et des dizaines d’agriculteurs ont assisté, impuissants, à la destruction de leurs plantations.
Rien ne semblait pouvoir endiguer la progression et le pullulement de ces Acrididae Schistocerca gregaria. Depuis, les choses semblent avoir bien changé pour l’Algérie. Celle-ci s’est dotée de moyens humains et matériels à la mesure du danger. «Dès qu’une alerte est donnée, le biotope acridien est immédiatement ciblé par une campagne de traitement et le mal est éradiqué in situ», a rassuré notre interlocuteur, en ajoutant ceci:«Tout cela est possible grâce à la stratégie globale de lutte phytosanitaire tracée par le ministère de l’Agriculture et du Développement local (MADR). Par le truchement d’images satellites, du GPS et de l’utilisation de la cartographie ancienne et récente du pays, nous arrivons à détecter toute résurgence ou mouvement suspect du criquet pèlerin.» Il conclura l’entretien en expliquant les bienfaits des contacts entre les spécialistes de la lutte antiacridienne avec, d’une part, l’institution militaire et d’autre part avec les populations nomades pour qui le criquet pèlerin est un véritable concurrent et qui restent, de ce fait, les meilleures sentinelles de ce locuste ravageur devant consommer chaque jour son propre poids de végétaux.
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Posté Le : 18/10/2011
Posté par : infoalgerie
Ecrit par : Hafedh Moussaoui
Source : elwatan.com