Pour la deuxième fois en l’espace d’une semaine, des dizaines de citoyens ont manifesté devant l’établissement pour réclamer la gratuité de l’accès au lac et au musée qui se trouvent à l’intérieur du parc géré par une entreprise privée.
Sur un écriteau scotché sur la porte de la loge de sécurité du Parc de loisirs Alivava de Béjaïa, l’établissement informe sa clientèle que «le parc sera fermé le 8/02/2020 en raison de perturbation annoncée». A l’intérieur, les travailleurs du parc sont regroupés, tournant les pouces et regardant médusés le groupe de citoyens massés devant le portail et soulevant des pancartes samedi dernier.
Il s’agit d’au moins 14 associations dont trois activent dans le domaine écologique, à savoir, les associations Ardh, Nemla et le club de spéléologie et sports de montagne de Béjaïa ainsi que des associations de quartiers.
Plusieurs dizaines de manifestants ont réclamé alors «la gratuité de l’accès au Lac Mezaïa et au musée du PNG». C’est la deuxième action du genre.
Dans un communiqué rendu public les initiateurs revendiquent «l’ouverture d’une enquête sur les conditions d’attribution de l’autorisation d’exploitation de 33 ans du parc comprenant le lac».
La concession est renouvelable trois fois (90 ans) selon l’administration du parc. La députée Zina Ikhlef a parlé sur place de «dilapidation de terrain et d’espace publics» et de «manque de transparence dans l’acquisition de ce parc», soupçonnant même des «malversations».
Sur l’aspect environnemental et écologique, les contestataires ont revendiqué «le classement de la zone humide du lac Mezaia pour sauvegarder les oiseaux qui y vivent, la restitution des espaces bétonnés du lac et du musée».
Pour Karim Khima, écologiste et président de l’association Ardh, «les citoyens qui exercent leurs rôle et devoir de citoyen veulent savoir comment et à quel prix cet espace a été attribué et c’est pour cela que nous avons demandé une commission d’enquête. Nous invitons les directions de wilaya concernées à nous fournir les informations nécessaires et à dévoiler les conditions d’attribution de cette concession».
Nouredine Douici
Les explications de l’établissement Alivava
Contactée par nos soins, l’administration du parc s’est d’abord interrogée sur «les véritables motivations» de ce qu’elle appelle une «agitation».
Le patron de l’établissement Alivava a affirmé que «la concession du parc d’attraction de Béjaïa a fait suite à un appel d’offres public par adjudication, dans le cadre de la législation en vigueur». Régularisé en 2016, «le concessionnaire paye une redevance annuelle de 8 594 852 DA, exploitant un terrain de 28,776 m² et le plan d’eau (le lac) qui s’étend sur 1,7 ha», précise-t-il.
«Le parc de loisirs est implanté sur un site auquel ne s’oppose aucune contrainte en matière de protection de l’environnement, comme cela a été conclu par une expertise environnementale rendue l’an dernier», atteste la direction du parc, réfutant un quelconque impact négatif de son activité sur l’environnement.
Elle ajoute à ce propos que «depuis des années, nous tirons la sonnette l’alarme sur les tonnes de déchets qui se déversent dans le lac depuis les avaloirs du boulevard. Ni le Parc national de Gouraya, ni les associations n’ont réagi face à ce désastre écologique et la disparition inéluctable de l’avifaune si les mesures adéquates ne sont pas prises».
A propos des nuisances sonores que subissent les animaux, la direction du parc rétorque que ces «animaux comme les canards ont aussi d’autres prédateurs comme les chats, les rats (qui mangent les œufs), les inondations qui détruisent les nids, les feux d’artifice de nuit comme de jour. Et malgré tout cela il y a des naissances y compris de la Talève Sultane qui n’est pas une espèce en voie de disparition ayant un statut LC».
Concernant le bétonnage évoqué par les protestataires, il est expliqué qu’il concerne «une plateforme destinée à recevoir la grande roue, des voies carrossables et des allées piétonnes, un projet initié en 2003 lorsque le terrain appartenait à l’APC, qui avait délibéré en faveur de l’actuel investisseur». Pour la direction d’Alivava, «le véritable bétonnage, ce sont les immeubles construits dans le parc d’attractions, réduisant sa surface à 2,8 ha.
Direction de la Culture, Maison de la Radio, bibliothèque, et un immeuble de 12 étages avec son parking sur le canal, à l’origine de nombreuses inondations. Le terrain mitoyen à la bibliothèque avait été affecté pour la construction du siège de la Daïra.
Ce même investisseur avait réussi à convaincre les autorités et le projet n’a pas été réalisé». Sur la revendication du classement du lac, l’établissement explique que «la zone humide ne répond pas aux 9 critères de classement au Ramsar relatifs aux aires protégées». Car, est-il souligné, «cette zone n’abrite pas les espèces en voie de disparition indiquées dans le décret exécutif 12-235 fixant la liste des espèces protégées».
L’on assure que «cette zone humide et l’ensemble du parc sont protégés et entretenus par le parc Alivava ouvert 7j/7j avec un ticket d’entrée qui permet aussi aux enfants de jouer, les vendredis matin l’entrée est gratuite mais il n’y a presque personne car les jeux ne sont ouverts qu’à partir de 14h».
Enfin, «le musée situé sous une habitation privée, et qui est sous la responsabilité du PNG, dispose d’une seconde entrée par l’extérieur. Il est malheureusement trop souvent fermé», conclut la direction. De son côté, la chargée de la communication du parc nous a informé que le ticket d’entrée comprenant un jeu est revu à la baisse, soit à 20 DA à partir du 1er mars.
Par N. D. (elwatan.com du mardi 11 février 2020
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Posté Le : 12/02/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Nouredine Douici
Source : elwatan.com du mardi 11 février 2020