Algérie

Paradoxes



Bien qu'une certaine presse occidentale voie dans le rapprochement de l'Algérie avec l'Iran une réconciliation entre courants d'une même religion (chiite-sunnite), avec ses incidences sur les questions irakienne et libanaise, le fond de la question que cette presse met en exergue demeure le nucléaire. La fixation de la part de l'Occident sur le facteur religieux a fait perdre de vue l'essentiel dans les analyses politiques, par méconnaissance de la société musulmane, les dynamiques qui la font fonctionner et les relations gouvernants/gouvernés. Sur cette question pourtant, les défenseurs des droits de l'homme et des libertés ont fourni bien des rapports sur l'état de la gouvernance dans les pays musulmans. Tous concluent à un enracinement de l'Islam comme facteur essentiel de ces dynamiques, y compris dans les stratégies de prise du pouvoir. La question est de savoir comment l'Occident compte apprivoiser l'appartenance religieuse pour l'intégrer à la mondialisation, de sorte à libérer la circulation des marchandises. Mais le paradoxe n'est-il pas de dissocier la circulation des biens de celle des personnes ? N'est-il pas aussi de dissocier la circulation des biens des modes de vie et de consommation ? La visite d'Ahmadinejad en Amérique latine, où il a bénéficié du soutien des pays considérés comme ennemis des USA, s'est soldée par un succès politique et économique. En Algérie, il y a depuis 2001 « un programme de soutien, de relance économique et de réalisation d'infrastructures socio-économiques mobilisant un montant de 140 milliards de dollars, dont plus de 80 milliards pour la seule période 2005-2009 », tel que l'a précisé le président de la République dans son allocution lors du déjeuner officiel entre les deux présidents. Par ailleurs, l'Iran n'est pas si isolé politiquement qu'on veut bien le faire croire. La conférence mondiale sur la paix au Proche-Orient fait de ce pays un partenaire incontournable pour les intérêts américains. Sentant le vent tourner en sa faveur, le président iranien récidive avec ses discours connus à propos d'Israël et de son avenir dans la région en s'appuyant sur des visions historiennes qui méritent au moins d'être discutées, loin du chauvinisme, loin de la culpabilité européenne à propos des crimes commis lors de la Deuxième Guerre mondiale. Sur le terrain de la technologie, l'Iran se situe en pole position de ce qu'il convient d'appeler « la veille technologique » et a pu capitaliser de quoi vendre à des pays comme l'Algérie, qui accusent des retards inexplicables par les seuls chiffres. En contrepartie de quoi, l'Algérie devra peut-être souscrire à l'idée d'une OPEP du gaz si chère à nombre de pays, Russie en tête. Il faut signaler à ce niveau que l'Iran détient à lui seul près de 48% des réserves des pays musulmans, soit 56 mds de m3. De quoi en faire un allié de taille à l'avenir. Sauf que certaines réticences à propos de l'image que s'est forgée ce pays en Occident risque de perturber son ouverture vers l'Europe. Mais l'Iran a-t-il besoin de l'Europe avec les sommités intellectuelles au pouvoir à Téhéran et leur capacité à tenir tête aux instances internationales ?


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