Réel ou provoqué dans le sens du maintien de la tension sociale, le malaise dans le monde de l'enseignement en Algérie perdure. Ce malaise est là depuis au moins dix ans. Depuis les premières revendications des enseignants au milieu des années 2000 pour la revalorisation de leurs salaires et l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. Depuis, l'enseignement en Algérie vit mal une mutation sociale qui ne veut pas se terminer. Car si dans le secteur de l'Education nationale, toutes les batailles ne sont pas encore terminées, n'en déplaise à la ministre qui s'accroche à une charte de l'éthique qui peut voler en éclats à tout moment, dans le secteur de l'Enseignement supérieur, des territoires encore en friche pour les revendications des enseignants ne sont pas tout à fait explorés. Ni assainis par un ministère qui est aujourd'hui vilipendé par un syndicat des enseignants pour avoir interdit une réunion du CNES. Certes, dans le fond, le ministère de l'Enseignement supérieur traîne plusieurs casseroles depuis l'introduction du très controversé système LMD, qui a pratiquement estropié l'enseignement supérieur en Algérie. Pourquoi ' Pour la simple raison que les systèmes d'enseignement ont été prodigieusement dénaturés, déclassés pour faire naître deux modèles d'enseignement (classique et LMD) dans une université algérienne qui n'a ni les moyens pédagogiques ni l'encadrement humain, encore moins l'environnement scientifique pour faire aboutir une hérésie.Dès lors, le bateau est ivre et l'enseignement en Algérie va au gré des politiques du moment, conjoncturelles à priori, qui ne tiennent pas compte d'un modèle à appliquer à long terme pour une université tournée vers l'avenir, vers la recherche, la publication et les découvertes. Au lieu d'être le creuset de fausses polémiques, de terrain fertile pour les revendications sociales, pour un confort parfois malsain car au détriment des étudiants, à défaut de revendications pour l'amélioration du niveau des universités algériennes, pour les mettre au diapason de ce qui se fait de mieux ailleurs. La grogne du CNES, qui a appelé à des journées de protestation ces jours-ci et juste au début de janvier prochain, se justifie-t-elle par rapport à un climat pourri, entretenu, à tort ou à raison, par les uns et les autres, ou parce que des intérêts de lobbies sont en jeu ' D'autant que le silence du CNES depuis un certain temps était intriguant. Maintenant, faut-il rameuter la troupe dès lors qu'une réunion du Conseil est interdite par la tutelle, que des enseignants soient le souffre-douleur de recteurs qu'on affuble de tous les qualificatifs ' La marge de man?uvre est très étroite, car le moment serait mal choisi pour déclencher des hostilités entre enseignants et la tutelle, alors que la conjoncture générale ne s'y prête pas.En un mot comme en mille, le moment n'est pas à ces batailles à la lisière de la légalité, qui n'apportent aucun résultat tangible pour faire avancer l'équation générale qui voudrait que l'université algérienne sorte vraiment du ghetto. Certes, si malaise social il y a, il incombe à toutes les parties, à commencer par le ministère, d'y apporter les solutions idoines pour calmer les esprits et, surtout, satisfaire les revendications légitimes des uns et des autres, et éviter à l'université algérienne des conflits, ou plutôt lui faire l'économie de paradigmes conflictuels qui ne sont à l'avantage d'aucune partie.
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Posté Le : 14/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mahdi Boukhalfa
Source : www.lequotidien-oran.com