Pour son nouveau mandat Olympique, la Fédération algérienne de football (FAF) a plusieurs chantiers prioritaires à son calendrier. La consolidation et l'approfondissement du processus de professionnalisation des clubs figurent incontestablement en tête de ces préoccupations. Trois ans après le lancement officiel des Ligues professionnelles I et II, les 32 sociétaires, qui entre-temps n'ont pas changé grand-chose à leur mode de fonctionnement, sont quasiment en faillite. A l'exception de l'ES Sétif, du MC El Eulma et de l'USM Alger, toutes les équipes de la Ligue I sont actuellement fortement endettées. Si l'on considère que les quatre clubs récemment repris par le groupe pétrolier Sonatrach (MC Alger, MC Oran, CS Constantine et JS Saoura, en l'occurrence) sont presque tirés d'affaire, les 9 sociétés sportives par actions (Sspa) restantes éprouvent beaucoup de mal à boucler leur fin de mois. La masse salariale s'est démultipliée au cours de ces trois derniers exercices conséquemment à une surenchère incroyable dans le recrutement des éléments locaux jugés compétitifs.
Les stages à l'étranger et l'engagement de grands techniciens, entre autres dépenses de prestige, étouffent aussi ces entreprises naissantes qui tardent cependant à moderniser leur management. Ce constat amer s'applique aussi aux 16 clubs de la Ligue II, faute d'ouverture sur les milieux d'affaires et les investisseurs susceptibles de renflouer leurs caisses. Il est vrai que sur cet épineux problème de la professionnalisation, la FAF n'endosse pas seule la responsabilité, car les pouvoirs publics ont aussi un grand rôle à jouer. A l'entame de ce processus, l'Etat s'était engagé à accompagner la conversion de ces associations en entreprises. Rappelons que les subventions promises par le ministère de tutelle portent notamment sur un prêt de 100 millions de dinars avec un taux d'intérêt symbolique et une période de grâce de 10 ans, la concession d'un terrain pour l'édification d'un centre d'entraînement qui sera, à son tour, financé sur les derniers publics à hauteur de 80%, l'acquisition d'un bus pour chaque club afin de faciliter ses déplacements à
l'intérieur du pays avec, en bonus, une réduction de 50% sur les vols extérieurs d'Air Algérie. Ces promesses généreuses tardent toutefois à se concrétiser. L'instance fédérale pourrait jouer, à ce sujet précis, le rôle du facilitateur entre les deux parties. Les clubs doivent, en même temps, traduire par des actes concrets leur reconversion réelle en administrant la preuve par une gestion responsable et des investissements concrets dans la formation et l'équipement. Tous les observateurs sont unanimes à dire que les équipes, gérées toujours selon l'ancien mode associatif, peinent ouvertement à passer au professionnalisme. Faute d'ouverture de leurs capitaux aux gros investisseurs, la majorité des Sspa continue d'évoluer avec l'esprit et les réflexes de l'amateurisme. Au tout début, de grands patrons locaux et étrangers avaient pourtant manifesté un réel intérêt à se lancer dans ce domaine.
Ces investisseurs potentiels ont été vite dissuadés par l'attitude des dirigeants en place. Cette réfraction au changement y est pour beaucoup dans cette prudence des pouvoirs publics qui temporisent encore avant d'apporter l'aide promise. Il convient de souligner, à ce même propos, les modalités arrêtées d'un commun accord, dont la formation de la relève, la transparence dans la gestion, le fair-play et la lutte contre la violence dans les stades, autant de paramètres exigés des candidats au professionnalisme. Mais de l'avis général, le football sert toujours à blanchir des fonds douteux.
Les mécanismes mis en place pour garantir la traçabilité des ressources financières ne sont pas respectés par les concernés.
Ceci pour dire que le «wait and see» des pouvoirs publics se justifie, du moins en partie. En plus de ce dossier compliqué du professionnalisme, la FAF doit aussi songer à la formation, puisque les clubs se sont visiblement délestés de ce volet.
Les académies fédérales, dédiées aux petites catégories (U-13, U-17 et U-19) devraient bénéficier d'une attention particulière pour pallier, du moins provisoirement, à cette défection des Sspa. Un appui conséquent devrait être aussi accordé aux petits clubs formateurs (comme le Paradou AC ou l'ASM Oran) qu'on doit, d'ores et déjà, songer à protéger de l'appétit vorace des pseudo recruteurs et autres prétendus agents de joueurs.
Là encore, des règles bien claires sont attendues pour inverser cette fâcheuse tendance à «tout acheter». Pour les trois ou quatre années à venir, la FAF a décidément beaucoup de pain sur la planche.
Les membres de l'AGE qui s'apprêtent à élire un nouvel exécutif ne doivent aucunement perdre de vue tous ces défis, aussi urgents les uns que les autres.
K. A.
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Posté Le : 23/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Amghar
Source : www.latribune-online.com