Dimanche, Bensalah a convoqué le corps électoral, c'est-à-dire moi, toi, vous, eux, nous, la masse, la plèbe gluante, les marcheurs du vendredi, les révolutionnaires du mardi mais pas ceux qui vont rester en prison parce que, eux, seront élargis comme premier geste d'apaisement par le nouveau chef de l'Etat qu'on aura désigné. Et depuis que l'intérimaire a sifflé la fin des prolongations, ils sont ressuscités, revenus à la vie après des morts cérébrales successives post-18 avril. Les lièvres sont de retour, s'appelant au téléphone pour se congratuler, pour demander des nouvelles des autres disparus, des lièvres qui ont été rattrapés par la patrouille et ceux qui ont été pris dans les phares d'un tacot. Ils ont été contactés par sms pour leur demander de se préparer, d'avaler des concoctions à base de miel et de citron, de se porter volontairement candidats au 12 décembre, même s'ils sont certains que personne ne votera pour eux, pas même leur propre ombre. Ce sont des professionnels de l'esbroufe, des maîtres de l'illusion, des seigneurs de la loose.Qu'à cela ne tienne, ils ont l'habitude des salles vides, des meetings bidon et des programmes électoraux inexistants. Ils ont fourbi leurs armes, trois mandats de suite, ont appris à ne pas parler la bouche pleine, à faire semblant d'être des candidats crédibles et non pas de vulgaires faire-valoir de pacotille. Et ils seront nombreux sur la ligne de départ, au coude-à-coude dans les starting-blocks, le futur président étant connu d'avance, ils feront quand même la course comme à chaque fois qu'on les siffle. Des têtes d'affiche mais aussi quelques illustres inconnus, parfaits parvenus de la dernière minute. Des lièvres pour certains, des lapins pour beaucoup, les candidats à la présidentielle sont actés sur CV, cooptés par copinage car c'est de business qu'il s'agit, une affaire en or à saisir et au bout de la course, un bon pactole les attend.
Pour la petite histoire, la politique du lièvre est devenue institutionnelle après le camouflet reçu par Bouteflika lors de son premier mandat, trahi, selon la version officielle, par le retrait des six autres candidats alors en lice. Depuis, il a juré qu'il ne se fera plus avoir et a officiellement lancé la mode des lièvres.
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Posté Le : 17/09/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com