Par-dessus les épaules

Le temps de la pastèque dans l?eau, au bord de la mer, est maintenant révolu. Depuis belle lurette. Des familles entières assises en tailleur autour d?une grande pastèque d?une trentaine de kilos ou plus, mangeant, s?abreuvant au fruit aux pépins noirs, et jetant les restes par-dessus leurs épaules, au grand bonheur des mouches. Cette époque est terminée, bel et bien finie. Adieu.

Aujourd?hui, c?est l?ère du carton: jus en carton, lait en carton, pizza en carton et d?autres trucs innommables emballés dans du carton. On mange, on boit et on jette le carton. La pastèque sur la plage, ça fait pas chic. Le carton c?est plus tendance, plus branché.

Mais on jette toujours par-dessus les épaules, assis cette fois-ci non pas en tailleur mais sur des chaises longues (ou courtes) en plastique. Mais on jette, on jette, on jette toujours sans s?arrêter. Les mouches n?aiment pas le carton, ni le plastique, mais raffolent de ce qui reste collé à l?intérieur. Résultat, et pour résumer, pastèque ou carton ou plastique, les mouches sont toujours là ! Immuables, indétrônables.

Les comportements des gens ont beaucoup changé, les habitudes aussi. Mais il y a certains gestes qui restent collés, comme s?ils sont hérités génétiquement. Des gestes aux conséquences qui vous feront oublier que nous sommes en 2008, malgré tous les beaux discours sur l?environnement, sa nécessaire préservation, sur l?hygiène et les dangers des maladies chopées sur la plage à cause des restes jetés par-dessus les épaules, sans prendre garde..., par réflexe !

C?est à vous faire regretter le temps des pastèques dans l?eau, de la famille autour du gros fruit, jetant par-dessus les épaules les restes. Car, après tout, la pastèque est un produit naturel, même s?il pourrit et laisse des odeurs nauséabondes. Le plastique et le carton, même s?ils ne sentent rien, sont sournois. Ils ont la vie dure, même si on peut les recycler. Au fait, que jettera-t-on demain par-dessus les épaules ?