Algérie

Par-delà les cultures et les frontières



Par-delà les cultures et les frontières
Anissá Bensalah s'est produite le 20 février 2014 à la salle Ibn Zeydoun. A 20h, le spectacle commence. Entre en scène une jeune femme vêtue d'une robe longue, pieds nus. Elle commence à danser, légère, avant même de chanter. Accompagnée d'une trompette magique, elle glisse du portugais à l'arabe au français sur des rythmes qui mêlent samba et jazz. Sa voix pleine embrasse la salle sans effort, elle semble être auprès de chacun d'entre nous. Et le désespoir d'être assise au milieu de cette salle fermée. A la fin du concert, le public est debout, des enfants ont rejoint la scène. Quelle surprise de rencontrer dans les coulisses une jeune femme ne dépassant probablement pas le mètre cinquante, taillée avec la délicatesse d'une miniature.-Anissa, vous chantez dans plusieurs langues et, sur scène vous évoquez de nombreux pays, d'où venez-vous 'Mon père est Algérien, ma mère est Brésilienne. Mon père était spécialisé dans l'élaboration de programmes scolaires, il travaillait dans les pays en voie de développement et, souvent, il s'agissait de pays à reconstruire après les ravages de la guerre. Je suis née en Haïti et c'est à elle que je dédie la chanson Mon île que j'ai écrite après le tremblement de terre qui l'a frappée et où j'ai perdu beaucoup d'amis.Le séjour le plus agréable a été le Sénégal. La vie y a été plus douce qu'ailleurs. Puis nous nous sommes installés à Beyrouth, j'avais dix ans. C'était le début des années quatre-vingt-dix, le pays sortait de la guerre. Un choc.-Est-ce pour cela que vous chantez des textes de Mahmoud Darwich, d'Adonis et évoquez avec force la Palestine 'Je suis simplement contre la colonisation et je me sens interpellée par toutes les formes d'oppression, quelles qu'elles soient. Avoir vécu dans le Beyrouth d'après-guerre m'y a certes rendue plus sensible, mais c'est une fois adulte que j'ai pu apprécier pleinement l'immense richesse de ses poètes. Leur humanisme leur a fait transcender les cultures et les frontières. A contrario, quand on vit en Occident, les flux d'informations dont on nous abreuve n'arrivent pas à dissiper les doutes quant au fait qu'elles soient biaisées. On ne sait jamais vraiment quoi croire.-Au fond, qu'est-ce qui vous anime 'En premier lieu, c'est la relation que j'entretiens avec les différents territoires qui me constituent, c'est-à-dire l'Algérie et le Brésil, mais aussi de la Terre dans un sens plus large. Cela va de la nature qui nous accueille aux questions telles que : à qui appartiennent-elles véritablement ' D'où venons-nous ' A quelles terre appartenons-nous '-Vous en appelez à Yemenja, à la fois figure maternelle et déesse de la mer dans la culture vaudou?Oui, je l'invoque avec une pointe de naïveté et de malice à la fois. Il s'agit pour moi de la matrice, du nom de mon album : Matriz. Etrangement, la culture vaudou était présente dans tous les endroits où j'ai vécu comme une croyance discrète, mais tenace. D'ailleurs, les noms y sont les mêmes, à quelques déformations sonores près. J'y dis mon sentiment d'injustice car, en tant que femme, j'ai dû en faire quatre fois plus qu'un homme pour être respectée. Il s'agit des préjugés qui entourent le métier de chanteuse. On peine à vous imaginer écrire, composer et arranger votre musique tout à la fois, alors que cela est le résultat d'un travail acharné, j'ai fait pour cela douze ans de conservatoire.-Quel est votre souhait pour l'avenir 'Hier, à la fin du concert, il y avait cette énergie intense qui circulait entre toutes les personnes présentes. C'était lumineux. On aurait dit un vase communiquant géant ; mon v?u est qu'il en soit plus souvent ainsi dans la vie.




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