Panique à Rabat

Il n'y a évidemment que pour la presse marocaine que la visite de Hollande à Alger «suscite des interrogations».Les titres de la presse marocaine ne laissent pas de doute sur le malaise du Royaume devant les bons points incessants enregistrés par la diplomatie algérienne en Afrique et en Europe et la visite de Hollande offre à la presse un nouvel argument pour tenter de jeter le trouble sur ces succès. Les journalistes digèrent mal le fait que François Hollande effectue une visite à Alger pour la deuxième fois en tant que chef de l'Etat pour rencontrer Abdelaziz Bouteflika.«Hollande chez Bouteflika: une visite qui suscite moult interrogations», titre un des médias marocains alors que l'accent est mis sur la probabilité que Paris puisse avoir un «intérêt puissant» à voir la relation Maroc-Algérie s'améliorer, notamment après la recrudescence des actes terroristes et des crises en Afrique.L'Elysée a dû se mêler pour tempérer les ardeurs des journalistes en laissant comprendre clairement que le président Hollande ne se mêlera ni directement ni indirectement de la succession de Bouteflika. L'Elysée tient à préciser que François Hollande se rend à Alger à l'invitation de Bouteflika alors que même à l'intérieur du pays certains critiquent cette visite sous prétexte d'une «vacance» de pouvoir.Après les dénégations françaises sur une éventuelle ingérence dans les affaires internes de l'Algérie, l'entourage du président français se défend aussi de tout tropisme algérien et affirme avoir besoin de l'Algérie et du Maroc en vue d'une coopération régionale plus efficace. Ces mots qui sont relayés par la presse du Maroc sont-ils le signe d'une crainte d'isolement, notamment à cause de la question sahraouie'Dans ce cadre, les Marocains usent de tous les stratagèmes pour s'entendre dire que le fait, pour la France, d'avoir de bonnes relations avec l'Algérie n'implique pas qu'il faut en avoir des mauvaises avec le Maroc. Les Marocains aiment aussi entendre que «François Hollande souhaite se rendre prochainement au Maroc». Ce pays aime aussi tenter de séduire les voisins de l'Algérie. Il y a quelques jours, le président de l'Assemblée tunisienne, Mohamed Ennaceur, a eu une entrevue avec le Premier ministre marocain, Abdelillah Benkirane et les deux hommes ont plaidé en faveur de la coordination et de la coopération entre la Tunisie et le Maroc, concernant la politique européenne de voisinage, «de manière à servir l'intérêt des pays maghrébins et consolider leurs relations avec les pays de l'Union européenne». Le Maroc cherche à se présenter en tant que serviteur des intérêts communs au niveau maghrébin alors que les sommets de l'Union sont bloqués depuis 2014.Pourtant, le Maroc est coutumier de propos malveillants sur l'Algérie ce que le pays considère comme une mauvaise stratégie de l'escalade et une fuite en avant. Le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, s'est chargé à plusieurs reprises de répliquer en exprimant son point de vue sur ces questions en considérant que le Maroc poursuit une mauvaise stratégie de l'escalade qui ne sert ni les intérêts bien compris de voisinage, ni les intérêts d'aucun autre pays. Le Maroc ne rate aucune occasion de s'adonner à des avalanches de commentaires négatifs et malvenus à l'égard du pays.