En vertu d'un décret présidentiel publié au Journal officiel du 20 juin 2018, le président de la République a ordonné la récupération des biens immobiliers des résidences d'Etat du Club-des-Pins et de Moretti cédés à des particuliers."L'ensemble des structures relevant du patrimoine de l'établissement public de la résidence d'Etat du Sahel, tel que défini par l'article 16 du décret exécutif n°97-294 du 5 août 1997, susvisé, est frappé d'incessibilité", stipule l'article 1 de la directive présidentielle. L'article 2 de ce même décret précise que la totalité des villas, des appartements, des chalets, des locaux et des terrains est frappée d'incessibilité, y compris les biens vacants datant d'avant l'indépendance.
Créé en décembre 1992 par un décret exécutif signé par Belaïd Abdesselam, qui était alors chef du gouvernement, cet ensemble immobilier devait constituer, durant la période du terrorisme, une zone sécuritaire pour les hauts fonctionnaires de l'Etat ainsi que des dirigeants politiques, des familles de moudjahidine les plus réputés, des parlementaires et de nombreuses personnalités nationales. Cette mesure temporaire est devenue, au fil des ans, un privilège permanent.
Rattachée initialement directement aux services de la chefferie du gouvernement, un décret signé en 1997, cette fois-ci par Ahmed Ouyahia, autorise la création d'un établissement public de la résidence d'Etat du Sahel dont la mission consiste à assurer l'hébergement des personnalités de l'Etat et de leur fournir les prestations nécessaires, notamment l'ameublement et l'entretien des bâtisses. Pour avoir une idée du coût de ces prestations, il y a lieu de se référer aux données de la Cour des comptes. Dans son rapport d'appréciation sur le projet de règlement budgétaire pour 2014, cette institution révèle que 2, 242 milliards de dinars ont été attribués par le Premier ministère à la résidence d'Etat.
La Cour des comptes avait constaté dans son rapport une augmentation de 202% par rapport à la contribution initiale arrêtée à un montant de 740 millions de dinars. Certaines personnalités, qui ne sont pas obligatoirement en fonction, sont toutefois autorisées à louer un chalet pour 150 000 DA ou une villa pour 250 000 DA/mois.
À Moretti, la situation n'est pas identique. Pratiquement tous les habitants sont propriétaires. Ils seront certainement incessamment expropriés. Nul ne sait, toutefois, s'ils vont être indemnisés ou pas et si la compensation sera au prix réel du marché ou, au contraire, au coût dérisoire de la transaction conclue à l'époque de l'acquisition '
L'opacité avec laquelle est gérée la Résidence du Sahel avait poussé, en juillet 2017, des députés du RCD à réclamer la création d'une commission d'enquête parlementaire pour faire un état des lieux des infrastructures de l'Epic, pour préciser les modalités d'accès aux lieux de plaisance et l'exécution de son budget de fonctionnement.
En 2015, le député Lyes Saadi du FLN avait, lui aussi, réclamé une commission d'enquête parlementaire susceptible de "faire toute la lumière sur la gestion des résidences d'Etat et de recenser l'argent qu'elles procurent". Les deux initiatives n'ont pas abouti.
Nissa Hammadi
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Posté Le : 30/06/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nissa Hammadi
Source : www.liberte-algerie.com