«Les grands
hommes meurent deux fois, une fois comme hommes, et une fois comme grands» Valery
Des journaux
privés publient des dossiers, des reportages puisés dans la réalité algérienne
autour de sujets, d'occupations rampantes de l'espace public, des mentalités,
managées de manière planifiée sur la durée. Des sectes exploitent, sans
vergogne, la religion, les malaises sociaux, les archaïsmes et les régressions
prégnants dans la société pour des motifs évidents liés au pouvoir, à son
partage ou à sa prise, tout simplement. Avec patience, selon des méthodes
éprouvées, expérimentées par l'ex FIS, qui a commis la faute déterminante qui
consistait à inscrire la violence symbolique, celle de l'enfer éternel et même
armée, pour accéder, tout seul, au sommet de toutes les structures dirigeantes,
des courants politiques travaillent avec patience pour instaurer leur
hégémonie, seuls ou avec des alliés. Installés de manière soft dans une
nébuleuse transnationale qui transcende les frontières et les nationalités et
même la profusion des rites et sous rites qui vampirisent la religion musulmane,
ces courants organisent leurs actions dans les institutions, dans les cités et
quartiers, dans la presse et les médias publics, dans les mosquées et se payent
même le luxe et l'outrecuidance de faire des incursions dans les affaires
étrangères sur des dossiers qui relèvent du débat parlementaire, de la
diplomatie, donc des relations économiques et stratégiques qu'entretient
l'Algérie avec de nombreux pays.
Au plan intérieur, ces acteurs, qu'ils soient
officiels, dans le commerce informel ou à moitié camouflés dans des
associations, le plus souvent dites faiseuses de bien ou autoproclamées hérauts
de la bonne pratique religieuse, des bonnes meurs, de la tenue vestimentaire
«correcte», ne laissent vacant aucun espace public. Au plan international, la question
de la colonisation de la Palestine est leur meilleur cheval de Troie. Comme si
le point de vue de l'Algérie depuis toujours était incomplet ou ambigu sur la
juste cause du peuple palestinien, ils font régulièrement de la surenchère
émotive sur le sujet. Des femmes au visage masqué, d'autres qui se font
tabasser, humilier, arrêter pour le port du pantalon, des citoyens emprisonnés
pour non respect du ramadhan, les répudiations verbales exécutoires, des
épouses abandonnées à la rue, des sÅ“urs enfermées ou hidjabisées de force, tous
les extrémismes et les intolérances leur sont inconnus pourvu que le machisme
et la bigoterie soient encouragés par les discours, l'aphasie sans qu'une seule
fois, on entende ces courants officiels ou informels s'exprimer pour dénoncer
la bigoterie, les intolérances encouragées de mille et une manière, dans les
médias, les mosquées, dans certains journaux privés. Aucune leçon n'a été tirée
et déclamée publiquement sur tous les segments de l'expérience de l'ex FIS, des
sédimentations et des graines semées par lui. Aux plans idéologique et
politique, à part des chercheurs, des universitaires, des journalistes
nationaux, des experts étrangers qui alertent régulièrement, l'Algérie
officielle, les partis de la majorité suivent le vent en ménageant des
équilibres dangereux par l'avenir du pays, sans jamais envisager, un seul
instant, un projet de société conforme au siècle et aux enjeux de la
mondialisation. L'allégeance, le maintien au poste, le rituel à l'infini des
compromissions et des démissions devant des sectes islamistes, aux antipodes de
l'intelligence, de la lucidité et des ambitions, des dirigeants turcs scandent
une gouvernance sans cap moderniste, audacieux à même de donner de la fierté et
du bonheur à la jeunesse du pays. La juxtaposition et la cohabitation au
gouvernement et au parlement, de forces contradictoires avaient peut-être, une
pertinence dans les années 90, porteuses de tous les dangers. Il fallait,
certes, éteindre l'incendie et payer plus de 200.000 morts, autant de veuves,
d'orphelins, de handicapés et de traumatisés. Mais aujourd'hui, les enjeux du
siècle, l'épuisement prévisible du pétrole, la dépense alimentaire, la montée
en puissance de nouveaux décideurs mondiaux, incitent à des réformes
courageuses et à des ruptures volontaristes avec tous les conducteurs
d'archaïsme, de régressions, de misogynie d'intolérances sectaires.
On peut, en
effet, se demander quels sont les invariants déterminants, la vision du monde,
du Maghreb, de la Méditerranée, des conflits de mémoire, des lois de finances,
du sport féminin, des bienfaits de la mixité, qui peuvent rassembler les cadres
du RND, du MSP et du FLN. Il est tout à fait légitime, normal, de poser des
questions sur une architecture des plus boiteuses, qui ne correspond pas aux
mutations aveuglantes de la société, aux profonds bouleversements des rapports
des forces économiques sur la planète. Cette dernière voit des grands
regroupements organisés, l'émergence fulgurante du BRIC, de prodigieuses
technologies, de techniques de management, d'une extraordinaire explosion
médiatique tous azimuts et des grandes avancées des droits de l'Homme dans les
pays avancés. Dans un pareil contexte, l'Afrique et le monde arabe gardent
inlassablement les derniers classements dans tous les domaines. Divisés,
incapables de la moindre initiative démocratique, confiant la gestion de la
société aux chargés religieux et leurs approvisionnements en nourriture et
armements aux grandes puissances, les gouvernements arabes gèrent au pif au plan
interne et n'ont pas une parcelle quant aux solutions de la cause
palestinienne. Cette dernière relève exclusivement, d'abord d'Israël et ensuite
des U.S.A. et de l'Europe. On l'utilise au plan affectif pour de seuls motifs
de politique intérieure où les partis islamistes jouent de la rokia et de la
derbouka. Ce qui n'aide en rien la Palestine où il n'y a pas que des musulmans.
Le Maghreb n'est pas pour demain comme pôle
économique et politique. Ce qui fragilise, chaque jour, chacun des pays qui en
fait partie. Le message – avertissement envoyé par le leader du F.F.S. ne sera
pas entendu malgré des dangers évidents pour un véritable front national au
service de la démocratie et du développement en Algérie. Cette dernière a un
besoin de l'autre versant déterminant de la réconciliation nationale, celui
entre le pouvoir et l'opposition pour éradiquer les courants de la régression
et ceux porteurs de toutes les fractures et divisions de l'unité nationale.
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Posté Le : 10/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdou B
Source : www.lequotidien-oran.com