Algérie

Palestine : Echec à la paix



Le veto américain contre l'admission de la Palestine à l'Onu est un échec pour le camp de la paix. Faut-il pour autant ne pas croire en un Etat palestinien libre et souverain ?

Penser ou croire que le président américain, Barack Obama, n'allait pas user du veto américain au Conseil de sécurité de l'Onu pour la reconnaissance d'un Etat palestinien, relève de la niaiserie politique et traduit une ignorance du fonctionnement des intérêts et du système politique américain. Tout président qu'il soit, Barack Obama ne peut révolutionner le système politique américain ni régler, seul, la question palestinienne. Otage des lobbies sionistes, dont la puissante organisation sioniste de l'AIPAC, il dispose de très peu de marge de manÅ“uvre. Son premier «ballon-sonde» pour tester la résistance des ultras sionistes sur la question palestinienne a été son discours du Caire, prononcé le 4 juin 2009 à l'université du Caire. Il s'était prononcé, clairement, pour un Etat palestinien et a appelé à l'arrêt des colonies. Lui faire grief de «trahison» de son engagement pour un règlement juste et rapide de la question palestinienne est injuste. Lui reconnaître un échec est plus approprié comme, d'ailleurs, d'autres échecs sur des problématiques de politique interne, telles celles de la sécurité sociale pour ses concitoyens démunis, la fermeture en 2011 de la prison de Guantanamo ou le calendrier de retrait des troupes américaines d'Afghanistan.

 Que signifie ce constat ? Qu'un chef d'Etat, quels que soient son charisme et son aura, ne peut «bouleverser» un ordre établi sans la solidarité des principaux centres de pouvoir au sens large du terme (décideurs, lobbies et organisations de la société civile). Il faut rappeler que la même année de l'arrivée d'Obama au pouvoir, en janvier 2008, a été fondée l'association des juifs d'Amérique «J Street», pour contrer la pression des sionistes de la fameuse AIPAC. L'association «J Street» dénonce les colonies juives et appelle à la création d'un Etat palestinien dans ses frontières de 1967 et de Jérusalem-Est (El-Qods) comme capitale du territoire palestinien.

 Deux ans plus tard, le 3 mai 2010, devant le Parlement européen, une grande partie de la diaspora juive en Europe fondait «J Call», le pendant de «J Street» l'américaine, avec les mêmes objectifs : un Etat palestinien. Dans son préambule, «J Call» énonce clairement : «L'alignement systématique - des juifs du monde - sur la politique du gouvernement israélien est dangereux». Et de préciser : «Notre ambition est d'Å“uvrer pour la survie d'Israël en tant qu'Etat juif et démocratique, laquelle est conditionnée par la création d'un Etat palestinien souverain et viable».

 Ces deux associations prouvent, s'il en est, qu'il existe un camp de la paix dans la diaspora juive, y compris à l'intérieur d'Israël. Ce «camp de la paix» a besoin d'un large soutien partout dans le monde, jusque dans les pays arabes, pour faire échec à celui de la colonisation, de la violence et de la guerre. Un soutien politique pour une grande visibilité dans le discours médiatique dominant. C'est la manière la plus appropriée pour que la question palestinienne soit comprise comme une question de décolonisation et non une guerre des religions, ou pire, une guerre ethnique. Que penser, en effet, de l'opposition du Hamas palestinien à la démarche du président Mahmoud Abbas à l'Onu pour la reconnaissance de l'Etat palestinien ? Jeudi dernier, le Hamas a lancé un appel aux «peuples arabes» pour qu'ils manifestent, massivement, devant les ambassades des USA. Autrement dit, le Hamas ethnicise la question palestinienne en la réduisant à un affrontement dans le monde entre juifs et Arabes musulmans. Alors qu'une majorité de peuples de par le monde manifeste sa solidarité avec les Palestiniens, le Hamas enferme le destin de la Palestine dans la seule perspective arabe.

 Malheureusement, une bonne partie des régimes politiques arabes, dont des voisins immédiats de la Palestine, n'ont pas été toujours au rendez-vous avec l'appel à la liberté des Palestiniens. Mieux, certains comme l'Egypte et la Jordanie ont signé des traités de paix avec l'Etat hébreu sur le dos des Palestiniens. D'autres, comme le Maroc et Bahreïn, entretiennent des relations politiques et commerciales. Pire, les Palestiniens ont vécu l'humiliation, l'exode et le crime par certains «frères arabes» et voisins : septembre 1970 par l'armée jordanienne ; septembre 1982 à Beyrouth par les phalanges libanaises soutenues par l'armée israélienne.

 Face à un tel bilan de certains régimes politiques arabes, comment continuer à croire que l'indépendance de la Palestine dépend du seul vouloir des Américains ? Combien de fois des voix libres dans ce monde arabe n'ont-elles pas répété que «ce n'est pas Israël qui est fort, mais ce sont les pays arabes qui sont faibles ?». Il est clair que la question palestinienne est indissoluble d'une révolution démocratique dans les pays arabes et mettra à nu le slogan sioniste qui affirme «qu'Israël est le seul pays démocratique, encerclé par des régimes arabes féodaux et théocratiques».

 C'est dire combien le «contentieux» historique sur la Palestine est lourd et compliqué. Aujourd'hui, s'il faut dénoncer, à juste titre, le veto américain pour l'admission de la Palestine comme membre de l'Onu à part entière, il est aussi nécessaire de mobiliser le camp de la paix et de la démocratie dans les pays arabes, en Israël, en Europe et aux USA pour faire triompher la noble cause des Palestiniens. Et si c'était cela la conviction de Barack Obama en adressant son discours du Caire au monde musulman ? Le veto américain de vendredi n'est pas la fin du destin des Palestiniens, qui ont aujourd'hui, plus que jamais, besoin de la solidarité du camp de la paix.




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