Algérie

PALESTINE


«Jérusalem est-elle la mariée de votre arabité 'Pourquoi avoir autorisé tous ces fornicateurs de nuit
À entrer dans sa chambre,
Alors que vous êtes restés assis derrière la porte,
En écoutant ses cris '...»
Moudhaffaar al-Nawab (Poète irakien)
Par Kamel Bouchama, auteur
Beaucoup de poésies dans la littérature arabe nationaliste dénoncent la faiblesse, sinon la lâcheté des Arabes qui, depuis assez longtemps, n'ont pas été au rendez-vous de l'Histoire..., ont été et sont, constamment, absents devant les attaques bien ciblées de leurs ennemis les colonialistes, les impérialistes et les sionistes. En voici une autre poésie que l'auteur a signée du pseudonyme de «Poaime», et elle en dit long sur cet «enfant gâté», l'Israël du 14 mai 1948, où les principes et les valeurs humanitaires sont bafoués, les nationalistes inaltérables bannis, traînés dans la boue, quand ils ne sont pas sacrifiés dans les cachots et sur les échafauds. Israël, un enfant né par insémination Le spermato de Ben Gourian L'ovule de Dame Angleterre Le ventre de la Palestine est porteur Theodor Herzl rêvait d'un Etat juif Ne supportant l'Europe et l'antisémitisme Persécuté partout et toujours craintif Choisit le sion de Jérusalem et le sionisme
La Palestine et son Histoire depuis l'Antiquité
Israël est né envers et contre tous. Et de cette naissance, si l'on se devait d'utiliser cet art oratoire pour «la célébrer à notre façon», nous pouvons en dire davantage, dans une rhétorique qui nous permettrait d'aller dans l'expression avec force et persuasion. Nous pouvons déclamer autant de poèmes que de stances, pour dénoncer les déferlements imposants, ahurissants et étranges d'indus occupants qu'a subis la Palestine, la terre des Palestiniens, le territoire de ce peuple qui s'est fixé il y a des siècles sur la bande cètière de la terre des Canaan, une région longeant la Méditerranée, de l'actuelle bande de Gaza jusqu'à Jaffa. Alors, il faut le dire et le redire, pour les impénitents incrédules, que le nom de Palestine est attesté depuis Hérodote(1) qui désigna la région historique et géographique du Proche- Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l'est du Jourdain et au nord du Sinaà? et donné à la région par l'empereur Hadrien. Maintenant, pour ce qui est de son origine, il faut en parler, encore et surtout, pour instruire les jeunes et vaincre les mystifications, tout en corrigeant les mensonges. Il faut être clair dans le discours en insistant sur le fait que ce peuple se trouvait dans une région du nom de «Baalist », au sud de la Palestine, disent les historiens. Les habitants de cette région s'appelaient donc les «Balistiniy-yun» ou «Palestiniens », dans notre langage usuel. Ainsi, ce pays qui était désigné d'abord sous l'appellation de «Balestine» va se transformer, au fil du temps, et prendra le toponyme de «Palestine». De ce fait, ce peuple s'était mélangé et assimilé à la majorité de ses voisins, sur les plans linguistique et culturel... Ses voisins étaient les Cananéens et les Jébusites, les autochtones de cette région, et l'ancien nom de Jérusalem était Jébus. Après ces précisions d'historiens, «il nous apparaît d'une manière évidente que, pendant cette époque, il n'a jamais été fait mention des juifs ou de leurs peuples. Où se trouvaient-ils à cette époque ' Comment arrivèrent-ils en terre de Palestine ' Toutes les traces archéologiques, tous les livres d'Histoire ainsi que les textes sacrés prouvent, d'une manière catégorique, que les premiers habitants de la Palestine sont les «Cananéens» et les «Jébusites».(2) Ainsi, il y a lieu de préciser, encore une fois, que les «Cananéens» et les «Balistiniy-yun» furent les premiers à peupler et à gouverner la Palestine durant une longue période de temps qui remonte jusqu'en 2700 avant Jésus-Christ. Cette date est si lointaine qu'elle se perd dans l'Antiquité. Ce qui fait dire aux historiens que «ces peuples habitèrent la Palestine 1200 ans avant l'arrivée des juifs. Une telle évidence dénie tout type de droit de la part des juifs sur la Palestine ou de revendications de la racine sur cette terre, sachant que l'ère durant laquelle David puis son fils Salomon gouvernèrent sur la Palestine ne dura pas plus de 90 ans au terme desquels les juifs se démembrèrent et se dispersèrent à travers le monde».(3) Eh oui, à partir de ces quelques informations qui, au demeurant, méritent d'être encore plus précisées et mieux énoncées par des spécialistes en la matière nous pouvons admettre qu'il ne devrait y avoir aucune ambiguïté, aucune hésitation, aucune incertitude pour crier, haut et fort, que la Palestine est aux Palestiniens, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans et que Jérusalem, la capitale des Palestiniens, est une Ville Sainte où l'on pratique le culte de Dieu, le monothéisme, dans une même signification théologique. Après cela, Mister Trump, nous vous prions de réviser votre dernière copie concernant Jérusalem parce que vous risquez d'être recalé par le jury de thèse, choisi dans votre propre camp..., le camp occidental !
Nos ancêtres les Berbères dans la libération de Jérusalem
Quant à nous, Algériens et fiers de l'être, pour ce qui est de notre passion pour la liberté, devons-nous oublier, dans cette malheureuse situation qui tourmente et maltraite tous les Arabes et les musulmans, que ce sont nos ancêtres les Berbères, de purs Amazighs, qui sont partis là -bas, à l'appel de Saladin – Salah Eddine El Ayoubi – et lui ont prêté main-forte, lors de la bataille de Hattin, le 4 juillet 1187, près du lac de Tibériade, en Galilée ' Oui, nos ancêtres les Berbères, qui étaient conduits par le vénéré Abou Mediène Choaïb(4), ont battu les croisés et sont rentrés vainqueurs à Medinet El Qods, Jérusalem, qu'ils ont libérée des mains de ceux qui voulaient chasser les musulmans. Car, bien avant cette bataille, la papauté sous Urbain II, qui était l'instigateur de ces croisades, «avait décrété» le 27 novembre 1095, par des subterfuges machiavéliques – et qui étaient loin d'être «catholiques» – à l'issue du Concile de Clermont, en s'adressant aux évêques, le départ au secours des chrétiens d'Orient, vivant sous l'emprise des musulmans qu'ils nommaient les «Infidèles » Ainsi, la bataille de Hattin – celle où les Berbères ont démontré leur courage face aux armées du royaume de Jérusalem, dirigées par le roi Guy de Lusignan – a été déterminante pour toute la région et les musulmans du Shâm, en particulier ceux de Palestine. Tellement déterminante que les Berbères, qui ont occupé les premières lignes du front, dans cette bataille du destin, sont restés là -bas pour continuer leur «djihad» lors de la troisième croisade dirigée par Richard Cœur de Lion. Plusieurs combattants sont tombés au champ d'honneur, d'autres sont restés pour perpétuer leur souvenir dans le combat libérateur. Ainsi les uns et les autres sont rentrés dans la légende avec leur chef, Sidi Bou Médiène Choaïb, Professeur émérite à Béjaïa et fondateur de la principale source initiatique du soufisme au Maghreb et en Andalousie, qui dirigeait cette expédition à partir du pays des Berbères, après l'appel de Salah Eddine El Ayoubi. Ce combattant et grand «Pèle» de l'Islam, qui a été inspiré par les maîtres incontestés, les Abdelkader Al-Jilani et Abou Hamid Al-Ghazâlî, a été amputé d'un bras au cours de cette grande bataille, avant de rentrer victorieux à Jérusalem, en compagnie du commandant Saladin. Aujourd'hui, ce saint homme repose au cimetière du village d'El-Eubbad, dans la banlieue de Tlemcen, la ville qui l'a honoré du titre de «saint patron de Tlemcen», tout en lui construisant, au XIVe siècle, sous les ordres du sultan mérinide Ali Abou El-Hassan, sa mosquée, avec sa qoubba et sa médersa qui sont devenues un lieu de pèlerinage. Cet engagement sans conditions des nôtres leur a permis de recevoir du commandant de l'armée musulmane, Saladin, une gratitude exprimée par un legs important, représentant le quartier ouest de Jérusalem, appelé aujourd'hui «Hay el-Maghariba», et une terre de grande superficie aux abords de Tibériade, connue sous le nom de «Aïn El Karam». En effet, j'écrivais dans mon livre Les Algériens de Bilâd ec-Shâm(5) que ces biens existent en tant que «waqf» et leurs fondements historiques remontent, encore une fois, à cette fameuse bataille libératrice de 1187. Ainsi, «le lieu occupé par le Waqf Abû Madyan a une valeur exceptionnelle pour l'Islam tout entier, et aussi, très particulièrement, pour l'Islam maghrébin », souligne Louis Massignon. Enfin, n'estil pas le symbole tant de la libération de Jérusalem des Croisés que de la légitimation historique de la Ville sainte '...(6) Alors, de cette reconnaissance, on peut dire que c'est également la bravoure de nos ancêtres, leurs sacrifices, mais surtout leur amour pour la justice et la liberté des peuples, qui ont été amplement et sincèrement reconnus. Et, aujourd'hui, nous concernant, au moment où nous évoquons, à juste titre d'ailleurs, le combat de nos ancêtres et leur réussite, l'honnêteté dans cet écrit nous commande de dire, qu'en plus de notre soutien indéfectible à nos frères palestiniens, depuis longtemps, nous faisons de leur «cause» notre cause principale. N'est-elle pas restée gravée dans l'esprit des Palestiniens, cette fameuse conviction, la nôtre : «Nahnou ma'a Falastin dhalima aw madhlouma. » (Nous sommes avec les Palestiniens, qu'ils aient tort ou raison) ' Et comment ne l'est-elle pas, puisqu'en plus de nos principes inaliénables pour le juste combat des opprimés de par le monde, nous devons aller encore plus en avant – sans répit – dans notre soutien avec le peuple palestinien..., ce peuple qui nous appartient et auquel nous appartenons par la lutte et le sacrifice. Et, de là , il nous plaît de réitérer constamment que, dans cette guerre qui leur a été imposée par le sionisme, nous sommes concernés à plus d'un titre. Il faut le dire, en vérité, puisqu'il reste une grande partie de nous-mêmes, jusqu'à l'heure, dans cette région éprouvée par l'oppression et la barbarie. Il reste ces Algériens, ceux qui ont guerroyé à Hattin et ceux qui sont partis, après, en exode au Shâm et en Palestine, et qui sont d'autant plus nombreux à Damas, Alep, Homs ou Deraâ en Syrie, Merdj 'Ayoun, Gaza, Yaffa, Bethlehem, El Qods (Jérusalem), Naciriya (Nazareth), 'Oulem, Chaâra, Maâdher, Kefr es-Sebt, ou Houcha, Dichoum, Samakh et Safad, en Galilée, dans ce pays martyr de Palestine, dont le territoire reste toujours occupé. Ceux-là se sont intégrés et fondus dans ces populations hétérogènes — le Moyen-Orient ayant toujours agréé des races diverses et des confessions plurielles —, adoptant le mode de vie du pays hôte, avec ses us et ses coutumes, mais n'oubliant jamais les leurs qu'ils arborent, en toutes circonstances, avec fierté, démontrant ainsi leur appartenance à l'Algérie qu'ils ne connaissent pourtant pas”?, encore moins leurs enfants.
Les Arabes dans leurs dangereuses concessions et leur faiblesse
Mais laissons ce clin d'œil à l'Histoire antique, allons explorer dans notre siècle les causes et les résultats de la débâcle des Arabes pour comprendre ce qui se produit dans «Jérusalem capitale d'Israël», imposée, comme à l'accoutumée, par l'Oncle Sam. Nous n'allons pas débattre de cette «scabreuse affaire» qui, de toutes les manières, allait se produire, naturellement, pour répondre aux atermoiements, voire aux concessions dangereuses d'un monde arabe qui n'a pas cessé de se désagréger par ses dissensions, ses discordes, ses divisions, ses haines qui excitent les querelles entre ses différents peuples et, conséquemment, par ses alliances contre-nature, avant de nous exprimer clairement sur les trahisons de ses chefs. De là , le monde occidental, qui sait tout de nous, n'hésite pas à nous porter le coup de grâce. Et c'est ainsi que ce monde – le leur – qui a pris de l'avance dans tous les domaines, vit sa logique au moment où nous, qui avons perdu la nôtre, trépignons d'enthousiasme sur un sol mouvant. Il fallait comprendre cette équation depuis longtemps ! C'est pour cela, que je voudrais, dans cette contribution, revenir un peu en arrière, tout en m'évitant des analyses académiques qui, à mon sens, n'ont aucune importance dans des situations comme celle-ci, où il faut aller directement pour expliquer aux jeunes, dans un langage simple et direct, ce qu'a été le combat de leurs frères algériens dans cette partie du monde. Oui, dans cette région qui a subi les exactions de forces coalisées pour installer l'«État fantoche d'Israël», envers et contre tous, c'est-à-dire contre la raison et les principes fondamentaux des pays et leurs peuples épris de justice, de paix et de liberté. Je me dois aussi, pour la compréhension de ma contribution, faire le parallèle entre les défections de nos «frères arabes», que j'écris entre guillemets, et la spontanéité de nos ancêtres du Maghreb, de purs Berbères amazighs, quand il fallait se déterminer par des actions concrètes sur le terrain de la réalité, en des opérations menées dans leur hauteur pour défendre la Palestine et son Histoire.
Pour cela, une nécessaire digression s'impose pour mesurer l'ampleur de ce présent cataclysme qui nous ébranle et qui, encore une fois, traduit la différence entre les peuples de pays dits arabes et leurs dirigeants où figurent, en plus de vieux apathiques, velléitaires et sans conviction pour la plupart, des potentats de monarchies pétrolières, qui ne sont animés que par le sentiment de la rente où les pétrodollars vont à l'encontre de toute logique d'union et de solidarité avec les frères que rassemble le même destin. En effet, cette digression – comme précisé en prélude de cette partie de ma contribution – est venue pour expliquer avec des mots simples, qui blessent peut-être, comment les Arabes ont vécu et vivent encore, dans ce climat de concessions, d'obligeance et de forfaiture, eux qui peuvent être puissants parce qu'ils possèdent l'une des plus grandes richesses du monde, cette manne que Dieu leur a affectée, gracieusement, et qu'on appelle l'or noir. Pour l'instant, et malheureusement, ils ne peuvent pas l'être, faute d'unité qu'ils n'ont jamais approchée”?, disons jamais affectionnée. Et c'est, là , leur talon d'Achille ! Même la Ligue arabe, cette institution qui doit rassembler ses ouailles dociles de la diplomatie qui demeure jusque-là insipide et..., sans saveur – ajoutait feu Kaïd Ahmed, quand il voulait appuyer sur les substantifs et leurs qualificatifs – pour les coordonner et les mettre sur les rails d'une politique, plus ou moins, attractive, n'a pu marquer des points positifs, depuis assez longtemps, parce qu'elle-même est inodore, incolore et, plus encore, écœurante. N'en démontre que ces dernières résolutions, si on peut les appeler ainsi, qui, comme à l'accoutumée, l'ont fait apparaître, une nouvelle fois, en décalage avec les Palestiniens qui s'expriment, après l'intervention de Donald Trump, par le refus, en des manifestations violentes. Nos médias algériens traduisent, heureusement, mon sentiment à l'égard de notre «Ligue» par des expressions très significatives. En voici une : «La Palestine occupée n'a droit qu'au verbiage des institutions arabes et musulmanes qui continuent d'interpeller le Conseil de sécurité, faisant semblant d'oublier qu'il n'a jamais respecté ses propres résolutions, particulièrement celles au profit des Palestiniens. Et l'Histoire le sait depuis au moins la résolution 242 prise en 1967, au lendemain de la guerre des Six Jours.»(7) Les médias étrangers, eux aussi, ont démontré cette timidité, pour ne pas dire cette absence de notre Ligue arabe qui est un organisme budgétivore, sans aucune efficience. Et pour cette dernière position américaine concernant «Jérusalem, capitale d'Israël», Le Monde rapporte dans un style lapidaire : «Réunis samedi soir au Caire, les pays arabes n'ont pas réussi à s'entendre sur des sanctions ou des mesures de rétorsions contre la décision du président des États-Unis.»(8) Dans cette situation, il nous est impossible de cacher encore les raisons de notre déclin, suite à tant de bassesses qui ont fait de nous – comprenez, de nos dirigeants –, dans ces moments difficiles que vit la Palestine, des pleutres et des vils, sans respect ni considération à cause de leur silence, quand ce n'est pas de leur forfaiture, afin de démontrer leur vassalisation et leur inféodation à l'ordre sioniste et américain. Malheureusement, c'est la réalité qui apparaît devant nos yeux, chaque fois que nous voyageons dans le temps pour revoir cette image hideuse de notre défaite de 1948, cette image d'il y a presque 70 ans, après l'instauration de l'Etat d'Israël... Ainsi, pour nos différentes questions que nous nous posons dans nos sautes d'humeur, la réponse ne peut être, en aucun cas, cet alibi à partir duquel chacun des pays arabes, en affirmant de manière péremptoire ses bonnes intentions, essaye de se disculper d'un mal ou d'une faute dont il porte, incontestablement, la responsabilité. Il faut le clamer haut et fort : les Arabes ne sont pas capables de s'unir, malgré de grandes et bonnes dispositions qui existent au sein des masses, du golfe Arabique à l'océan Atlantique, et d'immenses richesses que leur a fournies Dame Nature. Nous sommes, aujourd'hui, presque quatre cents millions d'habitants, et nous pouvons facilement créer cette dynamique exceptionnelle si nous sommes convenablement encadrés et orientés. Mais hélas, nous n'avons pas encore trouvé d'Hommes prestigieux et de responsables charismatiques – qui existent hélas, mais marginalisés partout dans le monde arabe – qui puissent nous redonner le sourire. C'est là le problème ! Par ailleurs, il faut que nous nous taisions un peu et que nous privilégions le travail concret sur la vindicte gratuite, sinon nous aurons l'aspect de ces vulgaires roturiers ou, moins encore, de ces incorrigibles «concierges». Que l'on arrête d'insulter le monde, tout le monde, à travers nos discours, vides et sonores, et que l'on cesse de diaboliser les «autres», car en fait, que font-ils qui puisse leur donner des remords”? ' Dans leur logique, ils ne font qu'appliquer leur programme, ce programme de grandes puissances qui savent où aller et dans quelle gare s'arrêtera leur train. Car, ces gens-là sont convaincus qu'ils ont une logique de «militants d'une cause», la leur, celle qui, forcément, ne nous plaît pas..., nous qui ne connaissons pas la logique ! Aujourd'hui, dans ce morne climat de désuétude et d'abandon, «les masques tombent, et tout est dévisagé... Et la Palestine ne s'en tient qu'à son tort», comme disait le poète, déjà cité. Mais que devons-nous dire et redire dans cette condition inimaginable : Vive Israël ! pour que nous ne vexons pas les muets et certains qui ne voient plus le massacre de Tsahal(9), mais le jet de pierres de ces pauvres gamins '... Entre-temps, le diktat américain, reconnaissant Jérusalem comme capitale d'Israël, est là , aussi présent que jamais ! Il est là , en dépit des résolutions constantes de l'ONU et des pleurnichements imperceptibles de notre «Ligue arabe». Il est là , pour nous assaillir, nous injurier, nous démontrer, une autre fois, qu'avec Israël et ses suppèts – dont certains sont chez nous – ils feront de nous ce qu'ils voudront.
Les Berbères de Hattin perpétuent leur combat au XXe siècle
J'ai dit dans un paragraphe précédent que mon propos, dans cette contribution, n'est pas axé sur la dernière décision des Américains qui se concentre sur Jérusalem, même si la question en elle-même est assez sérieuse et requiert de grands débats et d'importantes décisions. Mon propos, en attendant que viennent ces moments forts et cette audace qui fera bouger les Arabes, est de voyager dans le passé pour voir ce dont étaient capables les Algériens, et ce que voulaient dire pour eux les termes engagement, détermination et sacrifice suprême. Faisons un genre de voyage initiatique dans ces moments pénibles de cette inconcevable politique de «ète-toi de là que je m'y mette», pour que s'installent par la force des colonies juives en Palestine. Ce voyage pour nos jeunes qui ont besoin de connaître tout sur leurs ancêtres ou, à tout le moins, sur leurs grands-parents n'est certes pas inutile. Il leur servira comme le premier où ils viennent d'apprendre de bonnes choses sur les combattants, les leurs, qui ont fait Hattin, avec Saladin. De cette façon, dans ce qui va suivre, nous ferons ensemble cette comparaison, à? combien essentielle, entre les inerties, les passivités et, souvent, les concessions répétées dans lesquelles ont trempé et trempent encore certains chefs arabes, et les actions concrètes de nos jeunes, dans le feu de l'action, qui ont fait d'eux des combattants exceptionnels par leur défi et leur refus de l'impérialisme, du colonialisme et du sionisme. Là, nous sommes dans les années trente, en terre de Palestine, bien après le fameux «accord Sykes-Picot» de 1916 et la déclaration de Balfour du 2 novembre 1917. Allons voir l'évolution négative de la situation dans ce pays qui devenait désormais occupé et la riposte des nôtres, puisqu'il s'agit d'eux dans ce chapitre, eux qui sont directement entrés dans la fournaise de la lutte de libération, lors de la Grande Révolte arabe en Palestine mandataire. Les différentes formations politiques et révolutionnaires s'organisaient, tant bien que mal, pour l'avènement d'un Etat palestinien indépendant. C'était comme une guerre de libération qui prenait forme dans les territoires occupés, confortée par l'entrée dans la bataille de tous ces jeunes de la région et même du Maghreb, notamment des Algériens, eux-mêmes spoliés, et qui voyaient en cette lutte l'avenir et l'unité du monde arabe. En effet, des jeunes sont venus du Maghreb, certains à pieds, racontaient des témoins. Ils sont venus pour se joindre à leurs frères qui étaient là -bas, depuis des années ou depuis des siècles, et qui ont pris fait et cause avec leurs frères palestiniens. Qui sait, si ce n'était pas ces jeunes qui ont eu l'audace de s'intégrer aux différents groupes constitués (ou reconstitués) par ces Algériens de Safad, Haïfa, 'Oulem, Houcha ou Samakh ' En attendant de voir tout cela dans notre voyage en Palestine occupée, faisons une introduction indispensable, en prenant connaissance d'une «histoire» vraie, pour laquelle le lecteur ajoutera de lui-même les épithôtes qui lui semblent opportunes. Cette histoire illustrera notre propos sur les combattants algériens de Palestine.
Azzeddine El Qessem et Abou Yacine des Beni Oughlis
Azzeddine El Qessem célébrait l'office du vendredi dans la mosquée de Haïfa. Un homme, pas tellement «musulman», dans un état d'ébriété, mais conscient quand même, interpelle l'imam qui, offusqué, le somme de quitter les lieux immédiatement.(10) Ce dernier, l'indélicat saoulard, répond du tac au tac à l'imam Azzeddine El Qessem qui lui a ordonné de sortir en ces termes : «Quitte cet endroit propre, blasphémateur que tu es !» Il lui répondra ainsi, avant de quitter les lieux : «Le Prophète, que le salut soit sur lui, n'a-t-il pas prescrit que celui qui traite quelqu'un de blasphémateur est lui-même blasphémateur '» Mais il reviendra un autre vendredi et un autre”? Là, Azzeddine El Qessem, inquiet, a décidé de voir de près le cas de ce provocateur qui, malgré ses recommandations et les conseils de fidèles, persistait dans ses buveries et faisait tout ce qui ne plaisait pas à Dieu et n'honorait pas l'Islam. Pourquoi commet-il tous ces péchés ' se demandait l'imam. Et ce n'est que quelque temps après, qu'il a compris le pourquoi de ce «comportement ignoble» (') de ce père de famille, du nom d'Abou Yacine. Mais, qui est cet Abou Yacine ' Un père de famille de condition pauvre, tellement pauvre, qu'il était obligé d'accepter un marché que lui ont proposé les Anglais. Il fallait subvenir aux besoins de ses enfants. Il s'enivrait sous leurs ordres, pour paraître non concerné par les problèmes politiques que vivaient la région, et exécuter une autre mission plus délicate : celle de ramener les renseignements au quartier général des Anglais, surtout ceux concernant le mouvement des «fidayine» que dirigeait Azzeddine El Qessem, pendant cette Grande Révolte arabe en ce territoire qui venait d'être occupé. Mais cet Algérien, résidant en Palestine, comme tant d'autres, ne pouvait sortir du lot et devenir traître comme ne l'ont jamais été ses compatriotes, ceux qui sont venus du pays, animés de grands sentiments nationalistes pour combattre un ennemi commun. Ainsi, en acceptant cette mission qui le faisait «vendu» chez les uns et «collabo» chez les autres, l'Algérien, se nommant Abou Yacine, dont les origines vont jusqu'à la tribu des Beni Oughlis dans la région de Béjaïa, se moquait des Anglais en leur donnant de fausses informations. Alors, il faisait vivre ses enfants avec ce «job» délicat, mais n'oubliait jamais ses origines, son engagement pour la cause palestinienne”? Il n'oubliait surtout pas ce rendez-vous avec son destin, quand le devoir lui imposait sa présence aux côtés de vaillants moudjahidine”? Azzeddine El Qessem, qui a appris l'histoire d'Abou Yacine l'Algérien, en était doublement surpris de le retrouver, dans ses rangs, avec ses hommes, armé de volonté et de courage, pour combattre l'hydre colonialiste dans cette région sacrée de Palestine. - «Et tes enfants, pour lesquels tu ''travaillais avec les Anglais, que deviendront-ils maintenant '» disait le chef du commando Azzeddine El Qessem au fidaà? Abou Yacine, comme pour le taquiner. - «Ils ont Dieu, comme tous les enfants de notre Palestine occupée”? Hier, le combat ne frappait pas à nos portes, mais aujourd'hui, nous sommes au-dedans de cette mêlée qui, nous l'espérons tous, nous permettra de libérer notre pays des souillures du sionisme et de ses alliés.» Troublé et très impressionné par ces paroles responsables, Azzeddine El Qessem lui a rendu hommage pour cette position tout en lui confiant un groupe de combattants, «parce que, disait-il, devant une grande assistance, il le mérite bien, comme tous les Maghrébins – comprenez les Algériens, dans le langage des gens du Moyen-Orient – qui sont venus de loin pour combattre avec nous. Ils ont un grand mérite». Pour l'Histoire, qui a une bonne mémoire, Abou Yacine, dont les parents venaient de cette tribu des nobles Beni Oughlis, a trouvé la mort au champ d'honneur, au cours d'un combat contre les armées combinées d'un ennemi puissant, bien armé, peu après la disparition de son héros et responsable Azzeddine El Qessem.
K. B.
(À suivre)
Notes :
1- Hérodote (IVe siècle av. J.-C) est un historien et géographe grec. Il est considéré comme le premier historien, d'où son surnom le «Père de l'Histoire» par Cicéron.
2- Source : Chapitre du livre Palestine hier, aujourd'hui et demain, Dr Tareq M. Suwaidan.
3- Ibidem.
4- Abou Mediène Choaïb n'est autre que Sidi Boumediène, aujourd'hui le saint patron de Tlemcen.
5- Kamel Bouchama, dans Les Algériens de Bilâd ec-Shâm, de Sidi Boumediène à l'Émir Abdelkader (1187-1911), Ed. Juba, Alger 2010.
6- Louis Massignon : Documents sur certains waqfs des Lieux Saints de l'Islam, principalement sur le waqf Tamimi à Hébron et sur le waqf algérien Abû Madyan à Jérusalem (1951).
7- Ghania Oukazi le Quotidien d'Oran du 17-12-2017.
8- Le quotidien Le Monde du lundi 11 décembre 2017.
9- Tsahal est le nom donné à l'armée israélienne qui a été créée le 26 mai 1948 afin d'unifier et remplacer les différentes organisations armées qui existaient auparavant.
10- Azzeddine El Qessem était à la tête du premier groupe de fidayine palestiniens qui combattait les forces sionistes et celles de sécurité britanniques. Il est tombé au champ d'honneur en 1936.
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