Le patio du palais des Raïs du Bastion 23 a eu du mal à contenir les nombreux convives de marque venus assister à ce bel hommage.Outre la famille du regretté Cheikh Nador, dont sa fille Zoulikha, ses petits-enfants et arrière-petits- enfants, beaucoup d'artistes et d'admirateurs de la chanson chaâbie étaient présents à ce rendez-vous fort émouvant. L'initiateur de cet après-midi commémoratif n'est autre que le mélomane Aziouz Touati. Ce dernier a été secondé dans l'animation par Si Kaddour Mohamed.Comme le veut l'usage dans ce genre d'hommage, le parcours de Cheikh Nador a été revisité succinctement par Aziouz Touati.Cheikh Nador, de son vrai nom Mustapha Saïdji, est né le 3 avril 1874 à Bouzaréah. Il a été bercé dans les coulisses de La Casbah. Par la suite, il a habité dans le quartier de Belcourt, où sa famille possédait le jardin des Saïdji. Il a commencé sa carrière avant le début du XXe siècle.Il était l'élève de Si Abderrahmane El Meddah, Cheikh El Hadra de Sidi Abderrahmane Ethaâlibi. Il a été surnommé Nador à cause de ses fréquents voyages au Maroc durant la Première Guerre mondiale. Selon certaines sources, il y est resté six ans. Il est revenu au pays natal avec des qacidate qu'il se plaisait à apprendre. Cette poésie chantée et récitée de l'Arabie préislamique a été adaptée au public local.En effet, Cheikh Nador a travaillé le style musical et l'expression. Il avait constitué à l'orée des années 1920 plusieurs orchestres, composés essentiellement d'instruments à cordes, dont le banjo. L'artiste était une personne affectueuse. Il fréquentait et se produisait, à l'époque, dans les cafés populaires d'Alger, dont le café Malakoff à Bab El Oued. C'est dans ce café que le regretté El Hadj M'hamed El Anka se plaisait à venir écouter son maître, Cheikh Nador. Il réussit à intégrer son orchestre en jouant au tar, avant d'être omniprésent dans l'ensemble des soirées.El Anka a d'ailleurs évoqué son maître dans plusieurs de ces chansons. Aziouz Touati révèle que quelques jours avant la mort de Cheikh Nador, ce dernier était contrarié. Devant animer une fête à Cherchell, ses musiciens ont accusé un retard à cause d'un problème d'inondations pluviales en cours de chemin. Toujours selon une source, juste avant sa mort, Cheikh Nador s'apprêtait à entreprendre un voyage en France pour enregistrer un album. A la mort du regretté Cheikh Nador le 19 mai 1926 à Cherchell, M'hamed El Anka avait récupéré tous les manuscrits de son maître.Présente à cet hommage, la fille de Cheikh Nador, Zoulikha, témoigne que son père écrivait à la chandelle ses qacidate sur une petite table avec un encrier. Abondant dans le même sens, l'arrière-petit-fils, Kamel Saïdji, nous confie en aparté que cet hommage n'est qu'une partie cachée qui vient d'apparaître. «Cheikh Nador reste l'une des personnes qui a inculqué le chaâbi. J'espère que cet hommage est le commencement d'un peu de reconnaissance.Grâce à El Anka, le chaâbi a explosé. Il a pu être transmis à de jeunes générations. Même si cela a permis à El Anka de faire une flamboyante carrière, il a pu montrer le bout du chemin qu'a fait Cheikh Nador», témoigne-t-il. Il est à noter que le programme s'est poursuivi avec les brillantes prestations des chanteurs chaâbis Abderrahmane El Kobbi, Réda Lalal et Islem Chabni.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 18/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Watan
Source : www.elwatan.com