Algérie

Palais de la culture Mustapha Boutadjine expose «Les résistants»



Palais de la culture
Mustapha Boutadjine expose «Les résistants»

Publié le 08.09.2024 dans le Quotidien l’Expression
Prévue à la galerie Baya, cette très belle exposition qui se tiendra du 12 septembre au 12 octobre est co-organisée avec l'aide de Chaouki Adjali et Tarik Ouamer-Ali.

Artiste jusqu'au bout des doigts, - c'est le cas de le dire- Mustapha Boutadjine entame la rentrée culturelle algérienne par une grande exposition organisée au Palais de la culture. Intitulée «Les Résistants», réalisée par l'artiste Mustapha Boutadjine. Celle-ci se tiendra le 12 septembre prochain à la galerie Baya Mahieddine du Palais de la culture Moufdi Zakaria, à partir de 18 heures, et se prolongera jusqu'au 12 octobre 2024. Après, «Les Femmes d'Alger», exposition organisée, à ciel ouvert à Paris, à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, Mustapha Boutadjine fait son come back en Algérie.
L'artiste qui se plait à faire des collages en grand format à partir de bouts de papier arrachés à des magazines de luxe, mettra cette fois en avant nos grands moudjahidine, notamment Larbi BenMhidi dont l'artiste a choisi de mettre en avant sur ses réseaux.
«La force et la puissance de son art ne se limitent pas à donner vie à un visage par le collage, non, mais à nous raconter l'histoire d'une grande figure: les bouts de papier arrachés à des magazines qui nous ont menti se mettent comme par magie à nous dire subitement la vérité. Mustapha Boutadjine le magicien manipule ces bouts de papier comme des déchirures qui donnent sens à la gravité du vécu du modèle. Il s'est approprié cet art en développant des techniques auxquelles il est difficile de croire que d'autres avant lui se sont exercés, pas même Picasso...» soutient l'acteur et le metteur en scène Slimane Benaissa.

Du papier de magazine à l'oeuvre d'art
Et d'ajouter: «Mustapha s'est approprié cet art en développant ses techniques, réduisant de plus en plus la dimension du bout de papier pour plus de détail, plus de précision dans les expressions.
Son acharnement au travail l'amènera sûrement un jour vers le «pointillisme du bout de papier» parce qu'il est capable de faire un portrait avec des confettis. Si Boutadjine persiste et signe dans cet art difficile, c'est parce qu'il a une grande qualité: la fidélité. Pas celle des chiens, mais celle des humains celle qui s'appuie sur la conscience, les idées et les valeurs, inscrite dans une véritable ouverture au monde.
La continuité du travail de Mustapha et sa fidélité au choix esthétique: les portraits ont fait qu'il a créé une oeuvre considérable aussi varié qu'universelle et qui sera certainement considérée, font de mon frère Mustapha un Grand.».
Pour sa part, Seddik Hammache, architecte et docteur en urbanisme confie: «Alger en guerre se limitait pour les autochtones à l'horizon de Laaguiba, Belcourt, la Redoute, le souk d'El Harrach, Oued Ouchaïah, Beau fraisier... c'est-à-dire les quartiers arabes. C'était chacun sa ville et les rares intrusions des indigènes au centre-ville étaient à peine tolérées rue Bâb Azzoun, rue Michelet, quartier d'Isly, l'Opéra, le boulevard Front de mer,... même l'antique Casbah nous fut interdite.
Du haut de nos dix ans, exaltés par les youyous et abreuvés par la musique patriotique on s'était émerveillé de découvrir la joie de l'Indépendance à la Glacière et ailleurs. Pour la première fois on pouvait fouler le sol de la Cité interdite, jadis réservé aux colons.
Un choc pour les enfants des quartiers de la gadoue en hiver, de la douche dans la bassine et des devoirs d'écoliers sous la lumière du quinquet, de pouvoir déambuler dans les rues d'Alger, ville ouverte aux algériens, sans ressentir l'angoisse de la peur.»
«Oui, du haut de nos 10 ans on avait assisté à la mitraille en pleine rue et subi les descentes des parachutistes bérets verts et bérets rouges de Bigeard dans les maisons de nos parents en pleine nuit. Oui, la Glacière est surtout connue par ses constructions anarchiques et ses laissés- pour- compte. Oui, les séquelles de la nuit coloniale trainent en longueur un sous-développement urbain chronique. Oui, dans ce ghetto colonial, pompeusement dénommé Bel air, le quartier traine encore une réputation de malfamée et de difficile.

L'artiste atypique de la Glacière
Pourtant, de ce trou ont émergé après l'Indépendances des célébrités: artistes, peintres, chanteurs chaâbi, commis de l'État, acteurs, cinéastes, architectes, ingénieurs, professeurs d'universités et sportifs de haut niveau.
L'Indépendance et l'euphorie des années 1970 ont permis de libérer l'énergie de toute une jeunesse des quartiers marginalisés, avide de liberté et de savoir. Mustapha Boutadjine en fait partie...».
En effet, né à Alger en 1952, Mustapha Boutadjine est diplômé de l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris en design avec Roger Talon comme directeur, il possède un DEA en esthétique et sciences de l'art, Paris-I, Panthéon-Sorbonne avec Bernard Teyssèdre comme directeur, il est aussi diplômé de l'École nationale des beaux-arts d'Alger en architecture d'intérieur avec Bachir Yelles comme directeur.
Il a été maître-assistant et chef du département de design à l'École nationale supérieure des beaux-arts d'Alger, puis enseignant associé à l'École polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger. Il fut également graphiste et rédacteur au journal L'Humanité pendant 30 ans. Il compte à son actif plusieurs expositions en Algérie, en France et dans le monde. Il est directeur de la galerie d'art Artbribus, 68, rue Brillat-Savarin, à Paris.
Gageons que son exposition à Alger fera sensation comme à chaque fois!

O. HIND



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