Le palais Dar Hassan Pacha est une maison mauresque datant de 1791 située sur la place Ben Badis, en face du palais Dar Aziza et à côté de la Mosquée Ketchawa. De plan maghrébin, c’est un parfait exemple de l’architecture civile d’Alger de la fin du XVIIIe siècle, qui a subi de nombreuses modifications à l'époque coloniale française.
Au cours de son histoire, le Palais a connu différentes appellations comme le Palais d’Hiver, le Palais du Gouverneur ou le Palais Bruce.
Histoire
La Régence d’Alger prend peu à peu ses distances avec l’empire ottoman au 18e siècle : quasi indépendante dans la gestion de ses affaires, elle voit ses richesses augmenter rapidement. La multiplication de palais fastueux en est une preuve tangible.
Dar Hassan Pacha est ainsi construit en 1791 par le Dey d’Alger Hassan Pacha (1791 - 1797), dit Hassan Pacha El Khaznadji (le Trésorier), ministre des finances du Dey d'Alger Mohammed Ben Othman. Demeure du dignitaire, le palais servait également pour les audiences officielles ; cependant le conseil (Diwan) se tenait plutôt à la Djenina toute proche. On retrouve les fonctions de représentation de ce palais au travers de certaines pièces, comme une dwira pour les hôtes de passage, ou encore la grande salle vitrée de l’étage supérieur, réservée au dey pour y accueillir ses hôtes.
Après 1830 il devient le Palais des gouverneurs généraux français d'Alger sous le nom de Palais d’Hiver puis Palais Bruce de 1939 à 1950. Napoléon III y descend lors de ses séjours à Alger en 1860 et 1865. Affecté en 1950 à l’enseignement des études islamiques, puis au Ministère des Affaires religieuses dans les années 1990, le palais est classé Monument historique depuis 1982.
Architecture et décor
Architecture
La façade sur la place Ben Badis, considérée comme principale aujourd’hui, tient son style néogothique et orientaliste de l’époque coloniale : en effet en 1839, des aménagements de style mauresque - marbre blanc, fenêtres en ogive encadrées de colonnes - ont été entrepris par le Génie Français et ont entièrement masqué l’ancienne façade. Ce remaniement a donc déplacé l’entrée sur la place Lavigerie (aujourd’hui Ben Badis), et a ajouté au palais des escaliers et un salon de réception. L’ancienne façade, située dans la rue de Soudan (actuellement rue Cheikh El Qanaï) a aussi connu quelques modifications. Sa porte est encore ornée d’un encadrement de pierres.
Le palais s’étend sur trois niveaux surélevés par un menzah (une terrasse). Le premier niveau sert à entrer dans le palais : l’entrée se fait ainsi par une sqifa rectangulaire ornée de carreaux de faïences bleues de Delft. Cette longue pièce en chicane, utilisée depuis la Haute Antiquité de la Tunisie à la Grèce, préserve des regards extérieurs. Un escalier monumental mène à une antichambre décorée d’un stuc extrêmement fin, puis un autre escalier permet enfin d’accéder au patio et aux galeries. Les escaliers sont à volée droite ou dit « entre murs », à l’instar de la plupart des escaliers arabes.
Les premier et deuxième étages s’organisent autour du patio central, entouré de portiques, surplombé par une verrière laissant passer la lumière du jour. Le second niveau est ceint, sur l’intérieur, d’une remarquable balustrade en boiserie ajourée. L’étage supérieur qui abrite une grande salle vitrée est réservé au dey pour la représentation. De nombreuses pièces comportent une alcôve, d’apport oriental : elles s’ouvrent sur les galeries avec des portes « pensée ouverte », à deux grands battants escamotables vers l’extérieur. Ce système est caractéristique de l’Ouest maghrébin et de l’Andalousie en opposition à la Tunisie et à l’Orient.
Décor
Le patio présente des arcs outrepassés retombant sur des colonnes torses en marbre de modèle italien. À Alger, l’arc outrepassé est brisé pour être plus adaptable au terrain et au nombre de colonnes. Les arcatures du palais montrent, elles, la marque de l’héritage andalou.
Les portes des cages d’escaliers et des communs sont équipées de chambranles de marbre comme les portes de la Renaissance italienne. Les portes des pièces sont en bois, à deux battants. On retrouve ce matériau dans la remarquable balustrade en boiserie ajourée qui ceint le second niveau, ainsi que dans les plafonds en caissons de bois sculpté et peint, d’inspiration orientale.
Enfin, ce palais est richement décoré de faïences à l’instar de nombreuses demeures maghrébines de l’époque ottomane : les carreaux des murs, qui datent du XVIe siècle, sont en émail des Pays Bas, d’Italie, de Turquie (Iznik) et d’Espagne (Valence), mais aussi de Tunisie, prouvant que les carreaux provenaient aussi d’autres palais. L’ordonnancement des céramiques, typique des palais d’Alger, est de type andalou. Quant aux motifs, ils sont aussi bien de type figuratif (bouquets, paysages, bateaux), que de type élémentaire (géométriques) ; on peut admirer également quelques remarquables pilastres et tableaux fermés.
Posté Le : 01/08/2023
Posté par : patrimoinealgerie
Photographié par : Inconnu
Source : Texte : palaisdumaghreb.wixsite.com