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Les ministres du parti de l'ex-Premier ministre Nawaz Sharif ont démissionné mardi du gouvernement pakistanais, après un désaccord avec le principal mouvement de la coalition, trois mois après la victoire aux législatives de l'ex-opposition au président Pervez Musharraf. Mais le parti de M. Sharif a promis de continuer “pour l'instant” de soutenir le gouvernement au Parlement. Neuf des 24 membres du gouvernement de coalition nommé il y a un mois et demi seulement ont présenté leur démission au Premier ministre Yousuf Raza Gilani, a indiqué à l'AFP Siddiqul Farooq, le porte-parole du parti de M. Sharif, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N). M. Sharif avait annoncé lundi cette décision, mais avait aussitôt promis que son mouvement continuerait de soutenir au Parlement le gouvernement, à condition qu'il finisse par réinstaller dans leurs fonctions une soixantaine de juges évincés début novembre 2007 par le président Musharraf. M. Sharif a décidé de quitter le gouvernement parce que la PML-N et le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) de la défunte Benazir Bhutto, ne sont pas parvenus à s'entendre sur le retour de ces magistrats. Le gouvernement est dirigé par le PPP, arrivé en tête des élections législatives de février. L'enjeu est de taille parce que si les 13 juges de la Cour suprême évincés sont rétablis dans leurs fonctions, ils pourraient invalider la réélection pour cinq ans de M. Musharraf, adoptée le 6 octobre dernier.  Selon l'opposition, M. Musharraf avait décrété l'état d'urgence et écarté certains juges parce que la Cour suprême s'apprêtait justement à se prononcer sur la validité de sa réélection. Les neuf ministres de la PML-N réintégreront le gouvernement seulement si les juges sont réinstallés dans leurs fonctions de “manière concrète”, a précisé M. Farooq. Les négociations entre M. Sharif et le leader du PPP, Asif Ali Zardari, veuf de Mme Bhutto assassinée en décembre 2007, ont échoué au cours du week-end. Le PPP et la PML-N, qui ni l'un ni l'autre ne disposent de la majorité absolue au Parlement, avaient formé un gouvernement de coalition il y a un mois et demi. Mais même si la PML-N entrait dans l'opposition, le PPP peut toujours gouverner avec l'appui de petites formations au Parlement qui se sont ralliées à la coalition. Son pouvoir serait toutefois très fragilisé car une frange importante de l'opinion publique et de la société civile réclame le départ de M. Musharraf. Or M. Zardari, conformément à un accord plus ou moins secret de partage du pouvoir entre Mme Bhutto et M. Musharraf à l'automne dernier, ne verrait pas d'inconvénient à une cohabitation avec le chef de l'Etat, privé de certaines prérogatives. Au contraire M. Sharif a fait de l'éviction de M. Musharraf son cheval de bataille. Selon de nombreux éditorialistes de la presse pakistanaise et analystes politiques, la restauration des juges pourrait conduire également à l'annulation d'un décret de M. Musharraf adopté sous l'état d'urgence, qui amnistiait Mme Bhutto et M. Zardari de nombreuses accusations de corruption du temps où elle dirigeait le pays.


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