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Asif Ali Zardari, élu président
Le «sulfureux» veuf de Benazir Bhutto, et actuel coprésident du Parti du peuple pakistanais (PPP) a été élu, hier, à la tête de l’Etat par le Parlement pakistanais. Les parlementaires pakistanais ont élu, hier, le très controversé Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, à la présidence de la République islamique du Pakistan, en plein chaos politique et économique et en proie aux violences des combattants islamistes proches d’Al-Qaîda. Un nouvel attentat suicide, à la voiture piégée, a d’ailleurs fait au moins 16 morts et plus de 80 blessés hier à un poste militaire dans un marché fréquenté du nord-ouest.En milieu d’après-midi, le président de la commission électorale, Qazi Mohammed Farooq, a annoncé à la tribune du Parlement que M.Zardari avait recueilli la majorité des suffrages du Parlement et des quatre assemblées provinciales. Cette élection se déroulait 20 jours après la démission du chef de l’Etat, Pervez Musharraf, poussé vers la sortie par la nouvelle coalition au pouvoir, issue des législatives du 18 février, et emmenée par le Parti du peuple pakistanais (PPP).Ce mouvement est dirigé par M.Zardari depuis l’assassinat, le 27 décembre 2007 dans un attentat suicide, de l’ex-Premier ministre Benazir Bhutto, alors leader de l’opposition. Les deux autres candidats, le magistrat Saeed-uz-Zaman Siddiqui et Mushahid Hussain, un proche de Musharraf, n’ont recueilli que les voix de l’opposition, largement minoritaire dans le collège électoral. Asif Ali Zardari, 53 ans, connu, jusqu’ici, à l’étranger seulement pour sa réputation sulfureuse, est encore largement affublé de son sobriquet «Monsieur 10%» dans son pays.Il demeure un symbole de la corruption au sommet du pouvoir dans les années 90, quand son épouse, dont il était ministre, dirigeait le pays. Il est demeuré impopulaire parmi les 168 millions de Pakistanais, mais il a pris la tête du PPP à la surprise quasi générale au lendemain de la mort de son épouse, puis a été désigné candidat à la présidence malgré des remous au sein de cette formation. La justice a récemment abandonné une partie des poursuites contre cet homme qui a passé 11 années en prison jusqu’en 2004, pour corruption et assassinat, et il a été amnistié pour le reste des accusations, il y a un an par le président Musharraf, qui négociait alors avec Mme Bhutto un accord de partage du pouvoir. Les éditorialistes quasi unanimes s’alarment déjà des «effets néfastes» de la désignation d’une personnalité si controversée au moment où le pays est au bord de la banqueroute, où les combattants islamistes semblent gagner du terrain et où Washington, exaspéré, multiplie les tirs de missiles et les attaques contre Al Qaîda dans le nord-ouest, à partir de l’Afghanistan voisin. Pourtant, le Pakistan paye un lourd tribut à la «guerre contre le terrorisme», ensanglanté par une vague sans précédent d’attentats suicide qui a fait près de 1.200 morts en plus d’un an. Et l’armée a perdu, depuis 2002, plus d’un millier de soldats dans des combats avec les islamistes proches d’Al Qaîda et des talibans afghans qui, selon Washington, ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales frontalières avec l’Afghanistan. Les forces américaines en Afghanistan ont lancé mercredi leur première intervention militaire directe connue sur le sol pakistanais depuis l’Afghanistan.Au moins 15 civils ont été tués, selon Islamabad, dans un village frontalier. Washington refuse de commenter, mais n’a pas démenti. Et les tirs de missiles américains visant Al Qaîda mais n’épargnant pas les civils sont devenus quasi quotidiens, renforçant un antiaméricanisme déjà très prononcé des Pakistanais. Pour couronner le tout, les jours de la coalition de Zardari semblent comptés: le gouvernement, formé en mars et incapable d’agir concrètement, est à la merci de petites formations aux intérêts très divergents, des laïcs progressistes aux fondamentalistes musulmans, en passant par des nationalistes ethniques.


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