Le mois de Ramadhan consacre l?ancrage des solidarités dont le caractère est atavique dans la société algérienne. En revanche, la frénésie des achats est telle qu?elle se solde par de gros gaspillages de denrées alimentaires, plus particulièrement encore de pain. C?est d?autant plus notable que l?Algérie se maintient aux premiers rangs des pays importateurs de blé et amenée pour cela à payer une lourde facture en devises. Ce n?est pas donc un réflexe vraiment anodin que celui qui consiste à acheter du pain sans compter, pour n?en consommer, au final, qu?une partie avant de jeter purement et simplement le reste du pain généralement recyclé en aliment du bétail. Ce sont des quantités industrielles qui sont ainsi dilapidées sur fond de ressources rares. C?est en fait un phénomène sociologique caractéristique d?une économie de pénuries qui porte, malgré la disponibilité, les consommateurs à une pratique de stockage, la hantise étant toujours celle d?être confronté à la privation. Alors que les préceptes du mois sacré prônent la mesure en toutes choses, notamment pour les excès de la table qui se traduisent d?une manière récurrente par des effets désastreux sur la santé des jeûneurs. Bien évidemment, il ne s?agit pas d?un phénomène de masse, car le gaspillage ne touche pas toutes les franges de la société algérienne et surtout pas les populations les plus démunies. L?économie alimentaire est un indicateur tout aussi crucial que peut l?être l?économie du temps de travail qui est passible lui aussi de déperditions durant cette période de Ramadhan où il ne s?agit pas de manger plus et de travailler moins. Les heures de travail perdues constitueront dès lors un manque à gagner pour l?économie du pays, car ce sont des heures rémunérées tout comme l?est le blé qui sert à la confection du pain que l?on retrouve en fin de parcours dans les décharges publiques. Le challenge de la productivité n?a dans ces conditions plus de fiabilité, car le rapport à l?indice de consommation ne traduit pas la réalité du terrain si on le rapporte au nombre d?heures effectivement travaillées. L?enjeu consiste alors à doper la productivité durant le mois de Ramadhan en la libérant des présupposés idéologiques ou cultuels. Parce que le gaspillage, la paresse sont loin d?être considérés par la religion comme des vertus. C?est la conscience de chaque individu qui le conduira à ne dépenser que raisonnablement, y compris pendant le mois de Ramadhan qui, de surcroît, a coïncidé cette année avec la rentrée scolaire qui entraîne aussi de gros frais pour les ménages. Ce n?est donc même pas une question de morale, mais de bon sens et de pragmatisme. Il s?agit, durant le Ramadhan, comme les autres mois de l?année de manger pour vivre.
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Posté Le : 20/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine Lotfi
Source : www.elwatan.com