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Pain noir, une innocence volée Projection du film espagnol d'Augusti Villaronga au cinéma Cosmos



Pain noir, une innocence volée                                    Projection du film espagnol d'Augusti Villaronga au cinéma Cosmos
Dans le cadre de la 1ère édition des Journées du film méditerranéen qu'abrite la salle Cosmos de Riadh El Feth, le public d'Alger a eu droit au lauréat des 9 Goyas espagnols (équivalent des Césars français), le film Pain noir du réalisateur espagnol Augusti Villaronga. Adapté du roman éponyme de l'écrivain catalan Emili Teixidor, ce long métrage de 108 minutes est un film qui parle de guerre, de mensonges, de déchirure et de déchéance, le tout dans une ambiance obscure et pesante. L'histoire commence avec un crime, un villageois se fait pousser du haut d'une falaise. Dès le début, la violence est mise à nu. Le corps du mourant est retrouvé par le petit Andreu qui alerte les habitants du petit village catalan. Nous sommes en pleine guerre civile et vu son passé de communiste, Farriol, le père d'Andreu est vite accusé du crime. Quant au petit Andreu, il est vite renvoyé chez sa grand-mère. Préoccupé par la dernière parole de la victime : «Pitorluia», Andreu tente de déceler le sens de ce mot qui est aussi le nom d'une légende de son village. Le petit passe son temps alors à écouter aux portes. Andreu n'est pas au bout de ses surprises. Il découvre alors que tous les habitants du village mentent pour se protéger. A travers la quête de vérité d'Andreu, on saisit les retombées de la guerre civile sur ce petit village. Accompagné de sa cousine Nuria, une fillette traumatisée, Andreu ouvre les yeux sur ce qui se passe autour de lui. Le petit assiste à l'exécution de son père et à la déchéance de sa mère. Il se retrouve projeté dans le monde des grands malgré lui. Fait d'intrigues et de mystères, Pain noir est un film d'auteur sublime avec caméra portée et vues en perspective plongeante dans la plupart des scènes dans lesquelles les acteurs sont filmés à travers les feuillages des arbres. L'image est sombre et les couleurs se font discrètes. Le réalisateur arrive à atténuer la violence suintante et les personnages ambigus et complexes en glissant une forte dose de poésie à travers la présence de mythes et légendes urbaines nés durant la guerre civile. C'est le cas de Petroluia, la légende qui raconte qu'un jeune communiste s'est refugié dans une grotte afin d'échapper aux fascistes. Ce dernier finira par se transformer en une créature mi-homme, mi-oiseau, une belle métaphore, car l'oiseau est synonyme de liberté. Mais Andreu découvrira par la suite que cette légende est fausse et que Petroluia n'est qu'un jeune homosexuel que les villageois ont castré pour le punir. De fil en aiguille, la vérité éclate au grand jour aux yeux d'Andreu.Qualifié de film phénomène à sa sortie, Pain noir est une 'uvre vraie et poignante où l'homme se dévoile sous ses pires aspects allant jusqu'à voler l'innocence d'un petit. Rappelons que le film est titulaire de neuf Goyas, à savoir quatre pour les acteurs, un pour le réalisateur, les prix du meilleur film, meilleure adaptation, meilleure photographie et meilleur décor.
W. S.


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