Paille

La traversée d'un désert n'est jamais une chose évidente, seulescertaines personnes habituées à cela peuvent le faire sans en souffrir. Moi, petitblanc, sans même une carapace pour me protéger des coups de la vie, je ne saispas si je tiendrai longtemps. Il y a tellement de grains de sable dans mesrouages, tellement de scorpions qui m'enveniment la pensée, tant de dunesdressées sur mon chemin et qui me sont insurmontables.Alors, sans espoir, tel un liquide me réhydratant le coeuret l'esprit, je ne tiendrai pas longtemps. Je le sais et je l'accepte. Maintenant,je sais aussi qu'il arrive, dans ces moments où l'espoir n'a plus de place, desmirages qui me font croire à une oasis de bonheur. Et c'est ce que je visactuellement. Pourquoi refuser à un condamné sa dernière cigarette, pourquoin'aurais-je pas le droit moi aussi de croire que ce qui existe de plus beau surcette planète peut être aussi mon quotidien ? Alors oui, je cours, je vole, j'essaied'atteindre ce qui peut-être ne sera jamais mon quotidien; et alors, si jetourne le dos à mes espoirs, je meurs.La vie est ainsi faite que certaines choses sontinaccessibles pour certaines personnes. Ça fait partie des injustices que toutle monde condamne, montre du doigt en s'exclamant que c'est pas normal, qu'ilfaut lutter contre ça, qu'il y a certainement quelque chose à faire, et qui, lesoir, dans son monde, sa bulle, a déjà oublié pour se consacrer à sa vie.Pourtant, il y a certaines personnes, qui elles ne disentrien, ne font pas de bruit ni de gestes inutiles, et qui s'approchent de toi endisant simplement: je suis là...A vous, ceux et celles qui ne m'ont pas abandonné soit-disant parce qu'il y avait une bonne raison de donnermoins de nouvelles, je sais que vous êtes là parce que, non seulement vousm'avez dit que je pouvais compter sur vous, mais aussi parce que vous l'avezpensé, et c'est bien là l'essentiel. Les autres ? Feu de paille.