La compagnie de transport aérien Air Algérie traverse une sérieuse zone de turbulences. Depuis quelques jours, le trafic aérien est complètement perturbé. La majorité des vols de la compagnie nationale, au départ comme à l'arrivée, connaît des retards énormes, voire carrément des annulations dans certains cas. Une situation qui a plongé les passagers en partance ou à destination des aéroports algériens dans un désarroi total. Ce fut le cas hier, à l'aéroport international d'Alger où de nombreux voyageurs à destination de villes européennes et arabes, étaient livrés à eux-mêmes, les yeux rivés sur les tableaux des arrivées et des départs affichant, au grand dam des voyageurs, d'énormes retards. Le vol à destination de la ville française de Lyon, prévu à 8h, est reporté finalement à 19h ; celui à destination d'Orly, qui devait avoir lieu à 15h15, est retardé jusqu'à 18h, tout comme celui en direction de Milan qui a connu un retard de plus de 6 heures. C'est l'effet cascade, comme on l'appelle dans le jargon du transport aérien.
Des familles qui attendaient l'arrivée de leurs proches, notamment en provenance de villes françaises, prenaient leur mal en patience. Les vols en partance pour Nice, Paris, Dubaï et Lyon ont enregistré des retards allant de 5 à 12 heures. Tout ça pour la seule journée d'hier. Beaucoup trop pour une compagnie qui se veut ambitieuse. Le secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de la Communauté algérienne à l'étranger, Halim Benatallah, qui s'est rendu hier matin à l'aérogare Houari Boumediene, a pu constater les conditions désastreuses dans lesquelles voyagent les Algériens. Le pavillon national, qui a « habitué » ses clients à des désagréments d'où l'appellation populaire d'« air couscous », n'a jamais connu un tel dérèglement dans son fonctionnement. Les passagers n'en peuvent plus. Ce qui fait dire à l'un d'entre eux, Hafid, qu'il ne voyagerait plus sur Air Algérie : « Franchement, j'ai regretté d'avoir pris un billet Air Algérie.Je dois prendre le vol de 15h15 vers Orly, à ma grande surprise, je découvre que mon vol est déprogrammé. Il est reporté jusqu'à 18h. J'espère qu'ils ne vont pas nous annoncer un nouveau report. » Mais ce qui a rajouté à la colère de Hafid, étudiant à l'université de Paris VIII, c'est l'absence de communication de la part des agents de la compagnie : « Personne ne prend le soin de nous fournir des explications sur tous ces retards. Pis encore, les employés de la compagnie se contentent de la fameuse expression 'Allah ghaleb' (on n'y peut rien). Ça ne fait pas du tout sérieux pour une compagnie qui se veut nationale », s'est indigné le malheureux passager.Ceux qui souffrent le plus ce sont les personnes âgées. Un vieux couple est ballotté d'un guichet à l'autre sans pouvoir obtenir la moindre explication : « Vous patientez comme tous les autres et puis on verra, nous dit-on à chaque fois. C'est infernal rien ne va, on nous balance d'un guichet à l'autre sans que personne ne puisse nous donner une information sûre. Aucun ne semble connaître ce qui se passe. Ça devient insupportable. Nous sommes ici depuis 9h et nous ne savons même pas quand nous pourrons partir. » « Ce n'est pas sérieux », a lâché le couple. Un autre passager, El Hachemi, 66 ans, originaire de Berrouaghia (Médéa) et résidant à Marseille, risque de rater son rendez-vous médical, aujourd'hui, à l'hôpital d'Avignon. « J'ai peur pour ma santé, je suis cardiaque et je dois être cet après-midi (hier) à Marseille pour un rendez-vous à l'hôpital. Je me suis levé à 5h, mon vol était prévu à 11h30, mais là avec toute cette perturbation il a été retardé jusqu'à 23h. Je ne peux pas attendre, j'ai une urgence médicale et je suis à court de médicaments ! Ils doivent me trouver un autre vol avec une autre compagnie », implore-t-il, dossier médical à la main. Le chef du centre d'exploitation d'Air Algérie, M. Beldi, tente de le rassurer. « Ne vous inquiétez pas, on fera tout notre possible pour que vous puissiez partir avant la fin de la journée. »M. Beldi nous a indiqué que l'entreprise a sollicité l'aide d'autres compagnies aériennes pour débloquer la situation. La visite, il y a quelques jours, du patron de la compagnie, Wahid Bouabdellah, à l'aérogare n'a pas pour autant résolu le problème. Il est vrai que les agents de la compagnie nationale sont complètement dépassés. Il s'avère qu'ils ne peuvent pas maîtriser la situation qui leur échappe totalement. Le chef d'escale, le plus sollicité par les passagers, court en tous sens, tentant d'être partout' et nulle part. « Je ne peux rien vous dire. Demandez aux responsables », nous a-t-il lancé. Il est devenu le plus indésirable aux yeux des passagers, à mesure que les retards s'affichent sur les tableaux des horaires des vols. Mais il défend désespérément, sans convaincre, l'image de la compagnie nationale qui bat de l'aile. Alors que la concurrence dans le domaine aérien fait rage. Et ce n'est sans doute pas avec de telles perturbations que les avions d'Air Algérie préserveront leur espace aérien.
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Posté Le : 01/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hacen Ouali
Source : www.elwatan.com