L'image offerte par Ahmed Ouyahia, hier au cimetière de Garidi à Kouba (Alger), est tout sauf anodine. C'est celle d'un homme qui est tombé, à une vitesse vertigineuse, du sommet du pouvoir au fond d'une cellule de prison à El-Harrach.Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Hier, Ahmed Ouyahia avait un autre rendez-vous avec son destin ; un destin contraire à ses souhaits et ambitions exprimés publiquement il y a des années.
Il voulait être au palais d'El-Mouradia mais l'histoire et les évènements qui se sont accélérés depuis le 22 février 2019 l'ont mené droit dans une cellule de prison, lui qui est cité pratiquement dans toutes les affaires de corruption qui ébranlent l'entourage du Président déchu, Abdelaziz Bouteflika.
L'enterrement de son frère et avocat Laïfa, qui a succombé avant-hier à une crise cardiaque en plein procès d'Ali Haddad, où l'ancien Premier ministre est impliqué, était une occasion pour les Algériens d'avoir une idée sur le degré de la déchéance d'Ahmed Ouyahia.
Menotté, transporté dans une ambulance médicalisée et escorté par des dizaines de gendarmes, l'ancien Premier ministre est désormais un homme seul. Son frère Laïfa était le seul de sa famille qui lui rendait visite à la prison ; étant également son avocat.
Sa femme et ses enfants ne sont plus en Algérie qu'ils ont quittée dans le sillage du mouvement populaire et de la chute du clan des Bouteflika, dont Ouyahia était l'un des serviteurs les plus zélés.
Avec la disparition de son frère, Ahmed Ouyahia n'aura plus personne de sa famille pour le « soulager ». Sa peine ne sera qu'aggravée. C'est un épisode du destin atypique et contrarié d'un homme qui a tout investi au service d'Abdelaziz Bouteflika dans l'objectif de gagner la confiance du clan et de lui succéder, qui s'est joué hier au cimetière de Garidi à Kouba.
Les images de cet enterrement, de par l'aspect inédit qu'elles dégagent, resteront certainement gravées dans la mémoire des Algériens qui, grâce à leur mobilisation pendant plus d'une année, réclamant le changement radical du système, ont fait tomber l'un des régimes les plus cyniques et les plus hautains de la région. Un régime qui allait commettre un attentat contre le peuple et le pays en voulant imposer un cinquième mandat à un homme... absent.
Ahmed Ouyahia était autorisé à assister aux funérailles de son frère et avocat mais les rendez-vous avec la justice se poursuivent et l'affaire Ali Haddad va reprendre dès ce matin au tribunal de Sidi-M'hamed.
K. A.
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Posté Le : 23/06/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Aimeur
Source : www.lesoirdalgerie.com