Les chefs d’entreprise ont émis le souhait d’être consultés avant toute prise de décision
concernant la sphère économique.“Le Chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, a réitéré aux entrepreneurs nationaux l’importance que le gouvernement leur accorde et les espoirs que l’Algérie fonde en eux pour la construction d’une économie solide et diversifiée”, a indiqué jeudi un communiqué des services du Chef du gouvernement. M. Ouyahia a rappelé, lors d’une audience qu’il a accordée à une délégation de représentants du Forum des chefs d’entreprise (FCE), conduite par M. Rédha Hamiani, le rôle des entrepreneurs nationaux dans “la construction d’une économie solide et diversifiée dans le cadre de la libéralisation de l’initiative et de l’ouverture sur l’économie mondiale que notre pays a choisie”, lit-on dans le document. La rencontre, qui a duré trois heures environ, a permis à la délégation du Forum des chefs d’entreprise de s’informer davantage sur le sens et la portée des différentes mesures décidées par le Conseil des ministres en matière d’investissements, qu’il soit national ou étranger. Du côté du Forum des chefs d’entreprise, on qualifie la rencontre “d’extrêmement positive”. Le Chef du gouvernement aurait rappelé à la délégation du Forum des chefs d’entreprise la volonté des autorités de favoriser des partenariats entre des entreprises algériennes (publiques et privées) et étrangères, en décidant de réserver aux partenaires locaux la majorité du capital dans les projets lancés avec des étrangers.
Lors du discours, tenu le 26 juillet, le président Bouteflika a formulé de vives critiques contre les investisseurs étrangers et le régime régissant les investissements. La montée au créneau du chef de l’État résulte d’une déception devant l’impact limité des investissements étrangers sur l’économie algérienne, en dépit des avantages qui leur ont été accordés. Les transferts de dividendes des sociétés étrangères représentent en 2007 près de 5 fois le montant des flux d’investissement entrant. Il faut reconnaître que l’apport des investissements directs étrangers s’est avéré très limité en matière de développement. L’ouverture du marché aux étrangers a été opérée sans encadrement, et c’est une bonne chose que le gouvernement décide aujourd’hui de resserrer les boulons, de faire un constat sur les IDE pour tirer les conclusions et, pour mieux en tirer profit, favoriser les investissements productifs au détriment du commerce. La question de la création de 13 champions industriels nationaux a été abordée lors de cette rencontre. L’idée est de créer plusieurs groupes industriels dans chaque segment industriel, afin de rendre l’Algérie plus compétitive à l’échelle internationale. M. Ouyahia rassure le Forum des chefs d’entreprise que ces nouveaux fleurons de l’industrie seront composés d’entreprises publiques et de sociétés privées, notamment dans le secteur agroalimentaire. Pour rappel, quatre cabinets de consultants étrangers, dont KPMG et Deloitte France, définissent actuellement la stratégie à suivre pour faire de ces 13 champions industriels une réalité algérienne. Le gouvernement, après lui avoir fait la part belle dans la stratégie industrielle, a compris que l’IDE vient dans un pays non pas pour aider celui-ci à conquérir des débouchés extérieurs, mais pour conquérir la plus grande part possible du marché local et régional de ce pays. C’est la logique implacable des multinationales aujourd’hui. Aucun pays n’a été développé par des étrangers. Il faut peut-être regarder les expériences des pays qui étaient auparavant des pays émergents comment ils sont devenus aujourd’hui des puissances économiques.
Ces pays ont d’abord compté sur leurs propres entreprises, ils en ont fait des champions économiques, car seuls des champions économiques nationaux peuvent défendre sur le plan international l’économie de la nation. L’émergence d’un certain patriotisme économique en Algérie semble satisfaire le Forum des chefs d’entreprise. Les patrons ont été, aussi, rassurés sur la question du foncier. Pour rappel, l’ordonnance fixant les conditions et modalités de concession des terrains relevant du domaine privé de l’État, destinés à la réalisation de projets d’investissement, instaure l’exclusivité du régime de la concession pour l’accès au foncier à l’exception des terres agricoles, des terrains situés à l’intérieur des périmètres miniers ou ceux des périmètres de recherche et d’exploitation des hydrocarbures, de sites archéologiques, ainsi que des terrains destinés à la promotion immobilière et foncière bénéficiant de l’aide de l’État. La concession est reconnue comme hypothèque par les banques. Le Chef du gouvernement a indiqué que les textes d’application seront promulgués cette semaine. Au niveau de l’Agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière, les opérations de cession de terrain ont été suspendues, affirme notre source, en attendant la publication des nouveaux textes fixant les conditions et modalités de concession des terrains relevant du domaine privé de l’État destinés à la réalisation de projets d’investissements. Le Forum des chefs d’entreprise parle de “la disponibilité du Chef du gouvernement”, mais pour autant les patrons souhaitent être consultés avant les prises de décision pour que les patrons puissent donner leur avis, pour éviter certaines mesures incohérentes comme les nouveaux taux de l’IBS qui découragent l’investissement ou le décret exécutif régissant les honoraires des notaires. Notre source évoque la nécessité “d’un cadre de concertation institutionnalisé”.
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Posté Le : 13/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Meziane Rabhi
Source : www.liberte-algerie.com