Algérie

Ouyahia présente la Déclaration de politique générale devant l'APN : " L'Algérie a préservé son indépendance de décision économique "


Synthèse de Saïd B.
Comme prévu, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a présenté, hier, la Déclaration de politique générale devant les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN), lors d'une séance plénière présidée par le président de l'Assemblée, Mouad Bouchareb, en présence de membres du gouvernement.
Lors de sa présentation de cette déclaration de politique générale devant les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN), le Premier ministre a présenté le bilan de l'action du gouvernement y compris les réalisations dans le domaine économique.

Ainsi, Ouyahia déclare, entre autres, que l'Algérie a traversé le choc pétrolier avec ses propres ressources financières en préservant son indépendance de décision économique.
Durant ces deux dernières années, a-t-il rappelé, le pays a poursuivi les réformes pour l'amélioration de l'environnement financier et de l'investissement.
Le Premier ministre a estimé que ces vingt dernières années auront connu une "véritable renaissance nationale", soulignant que les réalisations physiques des vingt dernières années sont le fruit d'une "véritable entreprise de reconstruction nationale d'un pays mis à genou par une grave crise économique, mais aussi terriblement frappé par une tragédie nationale sanglante".
Rappelant qu'en 1999, l'Algérie croulait sous un endettement extérieur de plus de 30 milliards de dollars, il a indiqué que c'est la continuité qui a permis de rembourser par anticipation plus de 25 milliards de dollars de cette dette, de mettre un terme au recours à l'endettement extérieur, de mener une gestion prudente des réserves de change et de constituer une importante épargne du Trésor.
"Ce sont ces différentes mesures qui ont permis à notre pays de faire face au récent choc pétrolier", a-t-il insisté. Revenant au recul du prix du pétrole, le Premier ministre a rappelé que la chute des cours du brut en 1986 avait coûté à l'Algérie l'arrêt du processus de développement, un endettement extérieur étouffant et un ajustement structurel "douloureux".
Mais pour le choc pétrolier de 2014, qui a acculé des pays pétroliers à la récession et poussé d'autres à contracter des programmes d'ajustement financier, le Premier ministre a tenu à préciser que pour l'Algérie, elle a pu traverser cette tourmente "avec ses propres ressources financières préservant son indépendance de décision économique".
Il poursuit en indiquant que le processus de développement n'a pas été bloqué même s'il a connu un ralentissement, avant d'être relancé "grâce à des mesures financières internes prises souverainement".
Abordant la maturation du développement économique lequel, il a observé qu'il "est souvent décrié partant de lectures immédiates".
Cependant, a-t-il noté, l'analyse plus attentive de ce développement économique "ne pourrait manquer de confirmer l'apparition graduelle de ses fruits".
Citant, dans ce sens, l'exemple du domaine agricole, il a souligné que l'important programme de soutien public à l'investissement, aux productions stratégiques et à l'irrigation, donne déjà des résultats "probants".
Il relève que l'agriculture a connu un taux de croissance proche de 9%.
A ce propos, il a relevé que le pays réduit de plus en plus sa dépendance en matière de viande et de lait et qu'il relèvera ce défi dans quelques années.
Pour le reste de la production agricole, il a observé que l'Algérie dépasse de plus en plus le seuil de l'autosuffisance et dégage des capacités supplémentaires destinées à une exportation croissante.
Dans le domaine de l'entreprise, les importants avantages incitatifs concédés au niveau fiscal et parafiscal ainsi que les crédits bonifiés, sont à l'origine des dizaines de milliers d'investissements notamment nationaux de tailles diverses, selon le Premier ministre, ajoutant que les partenaires étrangers "font aussi de plus en plus confiance à la stabilité politique et aussi juridique du pays" se traduisant par la multiplication des grands projets mixtes.
Saisissant cette occasion, Ouyahia a évoqué également l'industrie, en soutenant que ce secteur arrive à satisfaire la demande nationale dans plusieurs filières et même à accroître ses exportations hors hydrocarbures.
Le Premier ministre a dressé le bilan de l'action de son gouvernement depuis septembre 2017, tout en estimant que la croissance économique a été "robuste", se rapprochant de 4% en 2018 hors hydrocarbures. Et justement en parlant de ce secteur, il a soutenu qu'il est en "phase de mise à niveau" et qu'il dispose d'un "avenir prometteur" grâce à sa future législation révisée, à l'exploration des ressources non conventionnelles et au développement de la pétrochimie.
D'autre part, le Premier ministre a indiqué que les transferts sociaux représentent plus de 1.500 milliards DA/an, alors que le taux de chômage s'est stabilisé à 11% malgré l'importance des nouvelles demandes d'emplois.
Evoquant la communauté nationale à l'étranger, le Premier ministre a rappelé qu'elle bénéficie de mesures nouvelles décidées par le Président de la République il y a une année.
C'est ainsi qu'il relève au sujet de la diaspora algérienne, que 21.000 dossiers ont déjà été traités pour l'accès au logement promotionnel, alors que plus de 900 dossiers ont été finalisés pour le bénéfice de micro-crédits en faveur des jeunes.
En outre, des dizaines de projets d'investissements des expatriés algériens sont traités par l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI), a fait valoir M. Ouyahia qui a fait savoir que l'ouverture d'une banque algérienne en France sera concrétisée en 2019.

Du Programme 2014-2018
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a tenu également à dresser un bilan sur la mise en ?uvre du programme du président de la République pour la période 2014 à 2018, en souligant que les cinq dernières années ont été "riches en réalisations".
Dans le domaine économique, l'investissement a bénéficié de facilitations supplémentaires, notamment à travers la décentralisation des procédures, une offre plus grande du foncier industriel, d'importantes mesures de défiscalisation et de bonification des crédits bancaires, ainsi que le soutien aux exportations hors hydrocarbures.
Il cite des réalisations physiques, en précisant que les cinq dernières années dégagent un bilan "éloquent", avant d'ajouter que ce bilan a été atteint en dépit du choc pétrolier apparu en 2014 et qui a réduit de 70% les revenus extérieurs du pays.
De plus, il a cité notamment les 1,2 million de logements livrés, 1,6 million de foyers raccordés au gaz naturel et près de 2 millions de foyers raccordés à l'énergie électrique, 8 barrages réalisés, alors que le réseau routier s'est accru de plus de 3.500 km auquel s'ajoute le réseau ferroviaire qui a enregistré la construction et la modernisation de plus de 1.000 km, et la réalisation de nombreuses infrastructures portuaires, aéroportuaires et de transport urbain.
L'ANDI a enregistré plus de 26.000 projets d'un montant supérieur à 8.000 milliards DA, a encore affirmé M. Ouyahia, ajoutant que l'investissement agricole a totalisé 67.000 projets soutenus par les fonds publics avec un montant de 351 milliards DA.
De ce fait, il se confirme que la mise en ?uvre du programme du président de la République pour la période 2014 à 2018, à laquelle a pris part le gouvernement, aura été caractérisée par des avancées "majeures" dans tous les domaines, a-t-il soutenu.

De la progression sur le plan interne
Enumérant les défis et enjeux auxquels l'Algérie est confrontée, il a cité, au plan interne, "l'importante progression" réalisée dans le domaine du développement, notamment humain, les "ambitions légitimes" des jeunes générations, les "exigences intégrales" d'un Etat de droit et de démocratie pluraliste, ainsi que la nécessité de développer davantage une économie diversifiée et compétitive, fournissant à l'Etat les ressources nécessaires pour la pérennité de la politique nationale de justice sociale et de solidarité nationale.
Au plan externe, le Premier ministre a mentionné l'instabilité, les foyers de tension, de terrorisme et de crime transnational qui persistent dans le voisinage immédiat, ainsi que les incertitudes qui pèsent sur l'économie mondiale en général et les facteurs de bouleversement qui s'accumulent sur le marché international des hydrocarbures.
Le Premier ministre a évoqué aussi une "véritable renaissance nationale" au cours de ces 20 dernières années. La déclaration de politique générale du gouvernement livre une somme "impressionnante" de données sur les réalisations accomplies, qui ont "profondément" transformé le pays, a-t-il dit.
"Les réalisations physiques des vingt dernières années sont le fruit d'une véritable entreprise de reconstruction nationale d'un pays mis à genou par une grave crise économique, mais aussi terriblement frappé par une tragédie nationale sanglante", a-t-il soutenu.

Une conférence nationale et possible amendement "radical" de la Constitution
Revenant sur la Conférence nationale de consensus que le président Bouteflika, dans sa lettre de candidature à l'élection présidentiel, s'est engagé à convoquer s'il était réélu pour un autre mandat, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a précisé que cette conférence serait "une première dans l'histoire de l'Algérie", qu'elle serait ouverte à "tous" et constituerait un espace pour faire des propositions en vue "d'opérer un changement dans le pays, y compris à travers un amendement de la Constitution pouvant être radical".
Le Premier ministre a indiqué que le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution, tout en mettant en garde contre d'éventuels "dérapages", et évoqué une Conférence nationale de consensus sans précédent pouvant proposer un amendement "radical" de la Constitution.
"C'est une main tendue sincèrement par le président Abdelaziz Bouteflika" aux forces politiques, sociales et économiques du pays "sans exclusion" afin de "débattre librement, de dégager une plateforme politique, économique et sociale, et de proposer aussi une réforme constitutionnelle à la hauteur de leurs attentes", a-t-il ajouté.
"Nous pouvons être d'accord, comme nous pouvons diverger, mais nous sommes tous les enfants de l'Algérie qui a souffert de la tragédie et l'Algérie est en droit aujourd'hui de vivre en paix et dans la stabilité, le peuple algérien ne doit pas perdre les fruits de la stabilité qui est le résultat de sa volonté lorsqu'il a choisi la paix et la réconciliation nationale", a-t-il souligné.
Dans son argumentaire en faveur de cette conférence, M. Ouyahia a expliqué que face aux défis et aux enjeux, l'Algérie est interpellée pour "redoubler d'efforts et approfondir ses réformes", à travers une "jonction féconde des énergies (...), dans le respect des diversités d'opinions".

La Constitution garantit au citoyen le droit de manifester pacifiquement
Evoquant les marches des citoyens à travers certaines villes du pays, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé que la Constitution garantit au citoyen le droit de manifester pacifiquement dans le cadre de la loi, relevant à cet effet que les marches organisées dans certaines villes du pays vendredi dernier ont été marquées par un caractère pacifique.
"La Constitution garantit au citoyen de manifester pacifiquement dans le cadre de la loi", a affirmé M. Ouyahia à l'occasion de la présentation de la Déclaration de politique générale du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale, soulignant que "les marches populaires de vendredi dernier étaient pacifiques".
L'article 49 de la Constitution stipule que "La liberté de manifestation pacifique est garantie au citoyen dans le cadre de la loi qui fixe les modalités de son exercice".
Le Premier ministre a appelé, à ce propos, l'ensemble des citoyens à "faire preuve de vigilance afin d'éviter tout éventuel dérapage lors de ces marches", faisant observer que "les appels à manifester et à marcher dans la rue ont émané de sources non identifiées pour le moment" et que "ces appels pourraient, plus tard, revêtir un tout autre caractère".
Et dans ce même ordre d'idées, M. Ouyahia a évoqué "une forme de dérapage lorsque certaines parties tentent d'impliquer les élèves dans des marches".
Après avoir salué les forces de sécurité pour leur "mobilisation" et "professionnalisme" dans le maintien de l'ordre, le Premier ministre a estimé que l'élection présidentielle, prévue dans moins de deux mois, sera une occasion pour le peuple algérien de faire son choix "en toute liberté et en toute souveraineté".
A cet effet, il a indiqué que chacun est "libre" de défendre ou de s'opposer à tel ou tel candidat lors de l'élection présidentielle, relevant, toutefois, que le dernier mot reviendra au peuple qui tranchera "de manière pacifique et civilisée par l'urne".

Des débats avant les réponses d'Ouyahia aux députés jeudi
Cette Déclaration de politique générale présentée, hier, en séance plénière devant les députés de l'APN, sera suivie d'un débat général qui se poursuivra jusqu'à mercredi, alors que les réponses de M. Ouyahia aux questions et préoccupations des députés sont programmées jeudi 28 février dans l'après-midi.
La Déclaration de politique générale comprend six chapitres relatifs au bilan du gouvernement dans les différents secteurs et une conclusion axée sur "les vertus de la continuité". Elle comprend une évaluation du bilan du gouvernement qui "reflète de nombreuses avancées dans la mise en ?uvre du programme du président de la République".
"Ces avancées soulignent les vertus de la continuité, qu'il s'agisse de la continuité dans le quinquennat actuel de son Excellence le Président Abdelaziz Bouteflika, ou qu'il s'agisse de la continuité dans le processus de reconstruction nationale conduit par le chef de l'Etat", souligne le document.
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