Algérie

Ouyahia : «Nous n'avons pas besoin de capitaux étrangers»



Estimant que les réactions au tour de vis opéré dans la législation algérienne ont été «disproportionnées», le Premier ministre reproche aux investisseurs internationaux de ne pas avoir été au rendez-vous lorsque l’Etat algérien multipliait les appels, de considérer l’Algérie comme un simple marché pour écouler leurs produits ainsi que de tenir notre pays pour «acquis».
Se montrant à la fois dur et conciliant, il a souligné que «l’Algérie n’a pas prioritairement besoin actuellement de capitaux étrangers, mais elle est cruellement en manque de savoir-faire, de technologie, de management moderne et de partenaires à même d’ouvrir, demain, d’autres marchés à des productions en association». Les entreprises qui espèrent s’installer en Algérie doivent se faire aux nouvelles règles du jeu. A ceux qui crient au «protectionnisme économique» et à la fermeture de l’économie algérienne, il répond : «Certains prétendent que nous allons empêcher les investisseurs étrangers de venir. Les chiffres de la Banque d’Algérie vous ont été communiqués en détail et confirment que, hors hydrocarbures, l’Algérie a reçu moins de 500 millions de dollars d’investissements étrangers en 2005 et moins d’un milliard de dollars en 2007.» Après dix années d’infructueuses tentatives d’attirer les investissements directs étrangers, la déception du premier responsable du gouvernement est grande : «Certains investisseurs étrangers qui ont prospéré sur le marché local ont d’abord été guidés par le gain spéculatif, quitte à ignorer les autorités et la souveraineté de ce pays ou à tenter d’en violer les lois impunément». Le Premier ministre ne prononce pas publiquement le nom, mais tout le monde comprendra qu’il s’agit là d’une flèche décochée en direction d’Orascom. Le gouvernement espère aujourd’hui rectifier le tir.
Le Premier ministre dessine les principales caractéristiques de l’économie algérienne : elle ne s’appuiera plus sur les services qui n’apportent pas une plus-value réelle pour le pays ; elle l’est encore moins lorsque la part des services dans la valeur ajoutée nationale découle surtout de l’activité d’importation.Le Premier ministre promet que le gouvernement veillera, désormais, à «la sauvegarde des fondamentaux de l’économie» sans jamais s’inscrire dans la logique d’intérêts isolés ou de lobbies. L’enjeu consiste, selon lui, en «l’indépendance financière» et donc la stabilité du pays.  Pour autant, l’Etat laisse la porte ouverte aux groupes qui souhaitent conquérir le marché algérien d’autant, a souligné M. Ouyahia, que le cadre juridique de l’investissement est désormais «consolidé» et donc «stabilisé». «L’Algérie offre aux sociétés mixtes créées avec ses partenaires les importants avantages de son code des investissements, qui correspondent à une quasi-défiscalisation durant la phase de maturation ainsi que l’accès aux commandes publiques aux conditions préférentielles reconnues aux entreprises nationales», plaide-t-il. Il accompagne néanmoins son invitation d’une mise en garde : l’Algérie attend des investissements mixtes qui seront réalisés chez elle, le recours aux biens et aux services locaux, le développement du taux d’intégration nationale, le réinvestissement de la contrepartie des avantages fiscaux obtenus et la réalisation de balances en devises positives d’abord par une substitution aux importations et, ensuite, par une exportation de leur production sous leur propre label.                   
 


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