Algérie

Ouyahia met à l'index les petits emprunteurs de l'Ansej et de la CNAC



Ouyahia met à l'index les petits emprunteurs de l'Ansej et de la CNAC
Voilà bien des années que le pouvoir algérien s'efforce, sans succès, à «revisiter» l'évidence illusionniste, cette théâtralité fortement désuète, aux fins de l'adapter à l'air du temps.Devant les députés rassemblés, jeudi dernier, au théâtre parlementaire pour les besoins du vote du plan gouvernemental, Ahmed Ouyahia, ce grand maître de l'illusionnisme a, une fois encore, raté sa prestation en cherchant, à grand renfort de chiffres, tous plus déroutants les uns que les autres, qu'il était en mesure de faire disparaître l'évidence en un clin d'?il, du moins en ce qui concerne les dispositifs d'aide à l'emploi des jeunes, l'Ansej surtout, qu'il accuse d'être quelque peu responsable dans la crise actuelle.
Or, «avec un taux de recouvrement qui avoisine les 81%, on peut conclure que ce taux reflète bien la réussite des micro-entreprises encadrées par le dispositif Ansej», assure, dans une déclaration à El Watan-Economie, un proche collaborateur de Mourad Zemali, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale.
S'employant à leur faire porter, en partie, la faute, le Premier ministre, de plus en plus arrogant envers les couches aux revenus limités, n'a pas omis de glisser les petits promoteurs Ansej dans le lot des gros emprunteurs défaillants, la plupart des membres très influents du Forum des chef d'Entreprise (FCE) et dont les plus prévoyants se sont empressés d'investir l'argent emprunté dans des acquisitions immobilières, quelque part en Europe (France, Espagne, Suisse..), à Dubaï, ou encore aux Etats-Unis.
Sur un total de 8467 milliards de dinars octroyés par les banques, 11%, soit plus de 931 milliards de dinars et non pas 800 milliards ? un écart de plus de 131 milliards dont il a fait l'impasse ?, l'Ansej aurait, selon M Ouyahia, à son actif, pas moins de 100 milliards de dinars de crédits impayés, auxquels il faut ajouter 27 milliards de dinars représentant le volume des dettes effacées par l'Etat. Alors que son ministre du Travail, Mourad Zemali, ne cessait, lorsqu'il tenait les rênes de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), de crier à la réussite du dispositif mis en place depuis au moins 20 ans : «Satisfaisant, le taux de remboursement devrait permettre à l'Ansej de s'autofinancer? En 2015, par exemple, quelque 4000 projets ont pu être financés par les revenus des remboursements».
En termes relatifs, l'exercice 2016 aura été marqué par un record de plus de 7 milliards de dinars. «Ce montant représente le double ou plus des crédits récupérés en 2015, ce qui a permis de financer un grand nombre de nouveaux projets», se réjouissait le DG, manière de démentir, par les chiffres, les allégations autour de la défaillance des jeunes de l'Ansej et de la tendance haussière du taux d'échecs des micro-entreprises qu'ils ont montées. Mieux, d'après notre source, le dispositif a permis, depuis sa création, et ce, au 31 juillet 2017, la création de 883 996 emplois au démarrage, soit plus d'un million de postes d'emploi après le lancement du projet.
«Les emplois mis sur le marché du travail au démarrage de ces micro-entreprises sont de types permanents et/ou temporaires. La micro-entreprise démarre avec une moyenne de 1 ou 2 emplois permanents, mais après son lancement elle peut recruter davantage, que ce soit en formule CDI ou CDD», précise notre source. Quant à la part de celles n'ayant pas survécu parmi les 370 618 micro-entreprises ayant, au total, vu le jour à fin juillet 2017 et pour le financement desquels ont été injectés quelque 700 milliards de dinars, «l'indicateur permettant son évaluation repose sur le nombre de projets indemnisés par le Fonds de garantie».
En la matière, ce Fonds «indemnise à hauteur de 70% du restant dû, en principal et intérêts, et ce, après constat de trois échéances semestrielles impayées», précise notre interlocuteur qui a tenu à garder l'anonymat, contexte polico-économique particulièrement sensible oblige. Et le même responsable d'insister : «Il va de soi que, dans le cas où on constate que le promoteur a procédé à la vente de son équipement, une affaire en justice (au pénal) est engagée».
Mais très souvent, les promoteurs préfèrent éviter les tracasseries judiciaires et optent pour le règlement du litige à l'amiable : la situation de plus de 6000 dossiers bancaires recensés très récemment et soumis aux services contentieux, environ la moitié a pu être assainie loin des tribunaux. S'agissant de la grande confusion qui s'est vite répandue autour de l'accord scellé le 6 septembre courant entre l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF) et l'Ansej/Cnac les banques portant sur l'effacement des dettes des bénéficiaires des deux dispositifs, notre source ministérielle a tenu à souligner que «la convention entre les banques publiques, d'une part, et l'Ansej et la CNAC, d'autre part, s'inscrit dans le cadre de la prise en charge des difficultés rencontrées par certains bénéficiaires, avant mars 2011, des dispositifs d'aide à l'emploi lors des remboursements des crédits octroyés. La convention fixe les conditions de rééchelonnement par les banques publiques, après étude des dossiers, des crédits consentis aux micro-entreprises dans le cadre des dispositifs Ansej et Cnac.
La durée du rééchelonnement peut atteindre 5 ans dont douze mois de différé. Les promoteurs concernés par le dispositif peuvent bénéficier dans ce cadre d'un effacement des agios réservés, intérêts plus pénalités. Ce qui est susceptible de les aider à surmonter les difficultés financières et à reprendre leur activité dans de meilleures conditions».

Priorité aux secteurs productifs
Et, contrairement à ce qui se dit ça et là sur les restrictions, voire le gel, dont pourraient faire l'objet lesdits dispositifs du fait de la décrue des ressources financières du pays, le conseiller du ministre Zemali se veut rassurant, voire très rassurant : «Les deux dispositifs sont maintenus. Le gouvernement continuera de soutenir et d'accompagner les jeunes souhaitant investir surtout dans les secteurs réellement productifs. L'Ansej s'inscrit dans le cadre des priorités retenues par le programme gouvernemental en matière de développement des filières à forte plus-value économique, à savoir la diversification des activités des promoteurs dans les secteurs de l'industrie, de l'agriculture, de l'environnement, des TIC ainsi que du tourisme.» Aussi, poursuit-il, «l'Agence encourage tout porteur de projet visant l'investissement dans ces créneaux, avec la mise en place d'un couloir vert (activité prioritaire).
Le financement obéit aussi aux besoins exprimés sur terrain, notamment au niveau local, lorsqu'on constate des déficits en services ou en activités qui peuvent être comblés par la création de micro-entreprises.» D'ailleurs, à l'en croire, l'objectif que se sont assignés les pouvoirs publics pour 2018 et 2019 est peu négligeable : pas moins de 23 000 micro-entreprises à financer chaque année : «Depuis 20 ans d'existence, l'Ansej n'a cessé de s'améliorer, le dispositif ayant connu une multitude de réaménagements aux fins de l'adapter au contexte économique et social du pays, avec plus d'avantages et de facilitations envers les jeunes entrepreneurs. Il en est de même pour cette période, les pouvoirs publics fixent davantage d'objectifs afin de créer un plus grand nombre de micro-entreprises capables de contribuer à la création de richesses et d'emplois», se réjouit le même responsable.


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