Algérie

Ouyahia : les problèmes économiques et sociaux découlent de la désorganisation



En marge de la 4e session du Comité intergouvernementale de haut niveau algéro-français tenue jeudi à Paris, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia est allé à la rencontre de la communauté nationale installée en France. Dans l'allocution prononcée à cette occasion dont une grande partie a touché le volet économique, la conjoncture actuelle et les perspectives d'avenir, M. Ouyahia a reconnu que l'Algérie exporte " exclusivement du pétrole et du gaz, mais cela ne signifie guère, a-t-il soutenu, que " notre économie n'est pas quelque peu diversifiée ". Plus explicite à ce sujet il dira : " Il suffit de vous dire que les hydrocarbures ne constituent que 3O % du Produit intérieur brut, alors que l'agriculture en représente près de 14% ; l'industrie 5 %. Le reste étant constitué par les services ". Soulignant que ce tableau qui " reflète des réalités prouvées " ne veut pas dire que nous n'avons plus de problèmes économiques et sociaux ". Ces problèmes selon le Premier ministre découlent de la " désorganisation, alors que d'autres problèmes, a-t-il dit, " découlent de raisons plus larges ". A cet effet, il a pris comme exemple la qualité des soins dans les hôpitaux algériens qui reste, selon lui, " à parfaire ". " Ce n'est pas faute d'infrastructures ou faute de médecins. C'est une organisation à améliorer pour plus d'efficacité ". Il a également cité l'exemple des jeunes " harraga " qui " mettent leur vie en péril pour atteindre l'Europe, soulignant que ces jeunes " ne quittent pas leur pays parce qu'il n'y a pas de travail, car "nous manquons de main-d'?uvre dans l'agriculture, dans le bâtiment et même dans les usines ". Pour le Premier ministre, ces jeunes qui partent " sont à la recherche d'un mode de vie vers lequel les attirent des illusions et vers lequel les pousse aussi un certain enfermement dans les comportements ". Ces vérités dites devant la communauté nationale installée en France rappellent l'objet, au demeurant pluriel, de cette rencontre. Dans un premier temps, il s'agit de l'économie nationale dans ses composantes essentielles ; de voir dans quelles mesure la communauté nationale installée à l'étranger peut contribuer à son expansion ; mais aussi de l'attractivité réelle du pays, en vue de son intégration à l'économie globale, de manière plus judicieuse et plus bénéfique. Au sujet des attentes de l'Algérie auprès des membres de la communauté, M. Ouyahia a insisté sur le fait que " l'Algérie doit toujours demeurer au dessus des différences et mêmes des divergences politiques ou autres ", relevant que chacun peut avoir ses propres opinions politiques et certains peuvent également être des opposants au pouvoir et " c'est leur droit ", a-t-il souligné. " Lorsque l'Algérie va mal, vous souffrez, et c'était le cas lors de la tragédie nationale. Lorsque votre pays se porte bien ou pas mal, vous êtes fiers ", a-t-il observé, leur demandant de ne pas rester " indifférents " devant " toute tentative de diviser la communauté nationale ou de porter atteinte à l'unité de l'Algérie ". Sur un autre plan, M. Ouyahia a noté que la communauté algérienne à l'étranger recèle des " gisements de compétences, de capitaux et d'autres atouts ", soulignant que l'Algérie a besoin de ses membres pour " investir chez-elle ", y compris avec des privés. Il a affirmé que l'Algérie a besoin de cette communauté pour ses compétences scientifiques et techniques, et pour servir de " tête de pont pour ses exportations en France et ailleurs dans le monde, appelant ses membres à s'organiser, à être " unifiés et solidaires ". Dans ce domaine, l'Etat ne veut pas trop s'immiscer au risque de paraître à tort comme voulant " caporaliser " la communauté, a-t-il soutenu, indiquant que toute démarche tendant à fédérer la communauté algérienne de nationaux, binationaux et Algériens d'origine intégrés dans le système économique et social français, " sera un acquis pour vous, pour mieux faire entendre votre voix et pour mieux défendre vos droits ". Dans un second temps, et c'est sans doute, le point culminant de cette rencontre, il s'agit de favoriser le dialogue et d'inciter les porteurs de projets parmi les membres de la communauté nationale à l'étranger de venir investir en Algérie.Et pour emprunter au langage des économistes, cette rencontre est une occasion de créer une véritable diaspora, un véritable marché d'investissement destiné au pays. Dans cet esprit, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia en reconnaissant qu'il existe encore des " insuffisances " en matière de développement, relevant que l'Algérie " a fait des progrès dans ce sens ", a dressé un tableau général de l'économie nationale, la situation macro-économique et des perspectives de croissance. Il a relevé dans son allocution quelques faits significatifs, de manière à laisser transparaître des vues profondes économiques et sociales ainsi que les aspirations de l'Algérie, pour une prospérité durable, dans le contexte géostratégique du moment. " L'Algérie a fait des progrès énormes, notamment durant les 18 ans de direction du Président Abdelaziz Bouteflika ", a affirmé M. Ouyahia devant la communauté nationale installée en France. Un pays d'avenir. A ce sujet, il faut se rappeler que la croissance n'est pas une fin en soi. Bien plus, il est reconnu, y compris par les plus grandes institutions économiques internationales, qu'il faut aller au-delà de la mesure numérique du taux de croissance, pour rechercher une amélioration palpable des conditions de vie des populations. Ce qui est en jeu, ici, pour l'Algérie, c'est d'abord la capacité de mettre l'homme, réellement, au centre de toutes les initiatives à caractère économique. Le service de la personnalité humaine et son bien-être intégral doivent être au principe et à l'aboutissement des choix d'investissement, et des priorités de création de richesses.
De même, la gestion durable des ressources du pays est seule à même de garantir une vraie prospérité. Cette exigence a été retirée par le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, mais elle touche particulièrement l'Algérie qui traverse des moments difficiles sur le plan économique, sur le plan financier et compte tenu du retard à combler, et aussi du fait des inquiétudes nombreuses qui subsistent dans l'environnement régional et international. La forte croissance démographique et l'augmentation de la classe moyenne permettent aujourd'hui à l'Algérie de créer les conditions d'un marché attrayant, et à la fois, pour la grande consommation et pour la construction d'infrastructures diverses. La jeunesse ici ou à l'étranger et le dynamisme de la population sont source d'optimisme. Les jeunes qu'ils soient nationaux ou binationaux, constituent un atout majeur pour l'Algérie. Ils doivent comme l'a souligné M. Ouyahia, demeurer à l'avant-garde de la technologie, pour assurer au pays un bon arrimage à une économie dans laquelle l'innovation s'avère, aujourd'hui plus qu'hier, un facteur déterminant de compétitivité. A cela, il faut ajouter les richesses naturelles nombreuses et variées de l'Algérie, mais qui devraient faire l'objet d'une plus grande transformation locale, pour être encore plus bénéfiques à l'économie nationale.


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