«Le RND est une machine électorale. Tout le monde nous reconnaît cette qualité, y compris nos adversaires. Et cette machine-là, nous allons la mettre au service de notre candidat à l'élection présidentielle du 18 avril, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika». La phrase est de Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique et Premier ministre.Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Ouyahia s'exprimait ainsi, hier vendredi, à l'occasion de la cérémonie de clôture de la sixième session du conseil national de son parti, ouverte jeudi dernier à la Mutuelle de la centrale syndicale à Zeralda.
Tout est dans cette phrase, qui a le mérite de la clarté, à plus forte raison lorsqu'elle est prononcée par le patron de l'exécutif qui organisera l'élection du 18 avril.
Jamais, en effet, Ahmed Ouyahia ne se serait hasardé à réitérer le soutien du RND pour une candidature de Abdelaziz Bouteflika, si la chose n'était pas officiellement tranchée par le locataire d'El Mouradia. Mieux, et s'adressant aux cadres du parti, le patron du RND notera que «cette session (du conseil national) est d'autant plus importante qu'elle intervienne à la veille du lancement de la campagne électorale et de la tenue de? l'élection présidentielle».
Rappelant, comme il le faisait la veille, jeudi, également que le RND ne faisant, en soutenant la candidature de Bouteflika, que réitérer une position tranchée en juin 2018, Ouyahia ordonne à ses militants d'entamer la campagne sans trop tarder. «Vous devez tous commencer la campagne dès aujourd'hui, et ne pas attendre l'ouverture de la campagne électorale, prévue du 19 mars au 14 avril prochain, car celle-ci sera réglementée».
Comme son homologue du FLN, Moad Bouchareb, le secrétaire général du RND, précisera que son parti s'impliquera dans la campagne, en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika, de différentes manières et notamment, on procédant à la collecte des signatures. C'est dire que, plus que la candidature en elle-même, celle de Abdelaziz Bouteflika s'entend, c'est toute la feuille de route du pouvoir, à court, moyen et long terme qui est ficelée au détail près !
Le Premier ministre évoquera même l'avenir, plus précisément l'agenda politique fixé par le pouvoir, en prévision de la présidentielle du 18 avril et, surtout, au-delà ! C'était jeudi dernier, dans une allocution d'ouverture inhabituellement «condensée». Il dira, en l'occurrence que «le Rassemblement national démocratique formule deux souhaits pour les années à venir, à savoir la réélection du moudjahid Abdelaziz Bouteflika mais aussi un mouvement collectif des forces nationales vers un débat profond qui enfantera un consensus solide autour de réformes courageuses et profondes dans tous les domaines». Autrement dit, il s'agira d'une «conférence pour un consensus national» que le pouvoir aura finalement préféré organiser après la présidentielle.
Une conférence qui débouchera sur une série de «réformes profondes», notamment économiques mais surtout politiques avec, en particulier, une grande révision de la Constitution et plusieurs lois organiques comme celle portant sur les élections. Ce sont des questions quasiment tranchées au cours de réunions restreintes à la résidence d'Etat de Zeralda auxquelles des partis de la coalition présidentielle avaient été associés en décembre dernier. Une source crédible nous confiait d'ailleurs à ce propos : «Le Président a donné son accord pour passer à de vraies réformes. S'agissant de la Constitution par exemple, et mis à part les articles immuables préservant les constantes nationales, tout sera ouvert à débat ! Concernant, aussi, les réformes politiques, il était question, lors de ces réunions restreintes, d'en finir avec certaines m?urs en périodes électorales. A savoir, en particulier, cette obsession chez l'administration à réserver des scores brejnéviens au FLN, à chaque élection, et quelle que soit sa nature».
Ce n'est donc nullement un hasard si le Premier ministre et secrétaire général du RND a surpris ce week-end, par un discours habituellement «réservé» pour les irréductibles leaders de l'opposition ! En évoquant les dernières élections partielles pour le renouvellement des membres du Conseil de la Nation, du 29 décembre dernier, Ouyahia dira, tout bonnement que «notre Rassemblement sort de cette épreuve avec un goût amer et un sentiment d'indignation».
S'en prenant, sans les citer, au FLN mais aussi à certains walis qui ont jeté tout leur poids en faveur du parti présidentiel dans certaines wilayas, comme Oran et Tlemcen, le Premier ministre et patron du RND s'attardera assez sur cette affaire : «L'amertume et l'indignation, ajoutera-t-il, ne sont pas la conséquence de nos résultats à cette épreuve électorale. Ces sentiments découlent des dépassements enregistrés dans plusieurs wilayas et de la violence condamnable utilisée au niveau de certaines wilayas». Avant de conclure par une ferme dénonciation de fraudes : «En votre nom à tous, je condamne ces dérives qui n'ont servi ni la démocratie, ni l'Etat de droit.» Ouyahia s'adressait, là, visiblement, plus à l'administration qu'au rival, le FLN. C'est en tout cas ce que l'on pourrait déduire d'un autre commentaire qu'il fera sur cette affaire des sénatoriales.
En substance, il dira en effet que «depuis sa création, le rassemblement ne s'est jamais distingué par un quelconque comportement ou position d'opposant». Il ajoutera que «le Rassemblement est, de nos jours, un parti organisé et discipliné et il a fini par faire peur à certains». Entendre : y compris au sein du pouvoir.
K. A.
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Posté Le : 02/02/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Amarni
Source : www.lesoirdalgerie.com