Le secrétaire général du RND
La fermeté qu'a traduite Ahmed Ouyahia dans son discours est censée donner le ton à ce que sera la conduite des affaires de l'Etat dans les prochains mois.
L'initiative du Parti des travailleurs, les grèves des résidents et du Cnapeste, la politique de subvention, sont autant de sujets abordés frontalement par le secrétaire général du RND, hier à Biskra, à l'occasion du 21e anniversaire de la création de son parti. Ahmed Ouyahia qui donnait la nette impression d'être très à l'aise avec l'ensemble des questions qu'il a abordées devant un parterre de militants plus qu'acquis, a décortiqué la toute dernière proposition du PT de réunir 1,5 million de signatures en faveur de l'élection d'une Assemblée constituante. D'emblée, le patron du RND pose la problématique du rôle de cette Constituante. «Ses initiateurs disent que cette instance est destinée à sauver le peuple. Mais sauver le peuple contre qui'», s'interroge Ahmed Ouyahia qui ne semble pas trouver opportun, pareille initiative à quelque 14 mois d'un rendez-vous électoral majeur.
La remarque du secrétaire général du RND sur le timing choisi par le PT pour lancer son initiative politique, l'amène à conclure que la démarche est suspecte.
«C'est une manoeuvre vouée à l'échec», dira-t-il.
Cela dans la forme. Pour ce qui concerne le fond de cette démarche, Ahmed Ouyahia fait remarquer que la Constituante signifie «un retour à la case départ», dit-il, non sans ajouter une couche en suggérant que la démarche du PT revient à dire que rien n'a été édifié en 55 ans d'indépendance. Il serait improductif, dira Ouyahia de «tirer un trait sur toutes les avancées politiques qu'à connues le pays, pour revenir au point de départ», c'est-à-dire à juillet 60. Après la fin de non-recevoir de la part du FLN, ce jeudi, le RND, par la voix de son premier responsable, répond donc par la négative à la proposition du Parti des travailleurs. Ce sont là deux formations politiques très proches du président de la République, auxquelles s'était justement adressée la secrétaire générale du PT. L'initiative de Louisa Hanoune a donc fait l'objet d'un tir de barrage de la part des partis au pouvoir, deux jours à peine après son annonce.
Rejetée dans le fond et dans la forme, l'initiative du PT n'était pas la seule action à connaître le même traitement par le premier responsable du RND. En effet, abordant la question des deux grèves qui agitent le front social, ces dernières semaines, Ahmed Ouyahia s'est franchement positionné contre les deux syndicats, le Cnapeste et le Camra. Pour lui, le concept même de grève illimitée est faux. Cette pratique syndicale n'existe qu'en Algérie à l'en croire. Il préconise sur ce volet l'application de la loi avec la fermeté qui s'impose. Silencieux sous sa casquette de Premier ministre, c'est la première réaction de Ahmed Ouyahia sur les grèves des enseignants et des résidents. Il apporte un soutien clair à la ministre de l'Education nationale qui préconise la radiation pure et simple des enseignants grévistes à partir de demain. Benghebrit, comme Hasbellaoui, a le soutien du RND. Il va, à ce propos jusqu'à estimer que «certaines revendications des médecins résidents sont illogiques». Et d'affirmer avec l'autorité d'un Premier ministre: «Nous ne voulons pas d'une désertification médicale», allusion à la revendication du Camra de suppression du service civil. Il annonce la fin proche de «l'anarchie dans certains secteurs».
Fidèle à son attitude franche et sans langue de bois, Ahmed Ouyahia n'est pas passé par quatre chemins pour souligner le positionnement de son parti vis-à-vis de la politique de subvention. «Le RND est partisan de la réforme du système des subventions», annoncet-il, sans détour, tout en relevant que celles concernant «le lait, le pain et l'essence ne seront pas levées brutalement», histoire de répondre aux voix qui prédisent une catastrophe sociale à court terme. Il semble donc que le RND qui affiche «un soutien indéfectible au président de la République», n'entend pas céder à la pression de l'opposition, ni à celle des syndicats, en poursuivant sur l'accompagnement du gouvernement dans sa démarche que certains qualifient de libérale. Pour Ouyahia, le programme du président de la République est on ne peut plus clair et son caractère social est suffisamment affirmé pour qu'on puisse douter du bien-fondé de la politique que mène l'Exécutif sur le terrain. «Les Algériens ont mesuré la valeur de la stabilité et la paix dans le pays grâce à la bonne gouvernance du président de la République, Abdelaziz Bouteflika», a souligné Ahmed Ouyahia. Il a relevé que «grâce à cette politique nous vivons aujourd'hui dans la stabilité et nous sommes entrés dans la phase de construction et d'édification après avoir vécu la bataille de la survie».
Avec cette sortie, tout Premier ministre qu'il est, Ahmed Ouyahia répond, en sa qualité de secrétaire général du RND, à l'ensemble des questions qui agitent la scène politique et sociale du pays. On aura compris à travers son discours, la détermination de l'Exécutif de ne céder sur aucun dossier. La fermeté qu'a traduite Ahmed Ouyahia dans son discours est censée donner le ton à ce que sera la conduite des affaires de l'Etat dans les prochains mois. Il est en effet, important pour l'Exécutif de montrer une fermeté nécessaire aujourd'hui, pour n'avoir pas à gérer des situations autrement plus problématiques à quelques mois ou quelques semaines de l'élection présidentielle.
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Posté Le : 17/02/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com