«J'ai toujours dit que si le président Abdelaziz Bouteflika se présentait pour un cinquième mandat je ne serais jamais candidat.»La conférence de presse de Ahmed Ouyahia a requinqué une scène politique nationale quelque peu redondante et sans direction précise. En usant d'un verbe sobre et serein, l'homme n'a pas moins fait étalage d'un savoir-faire reconnu en matière de communication politique. Le verbe était ferme et les mots judicieusement ciselés. Sur les «morceaux choisis» de sa conférence de presse, l'opinion retiendra certainement sa réplique aux critiques de Chakib Khelil à son encontre. Ouyahia renvoie l'ex-ministre au passage d'une chanson chaâbie interprétée par l'inénarrable El hadj M'rizek. «Sir ya naker lahssen». Ecrite sous forme de melhoun par Cheikh Anjar El Sellaoui, cette phrase qui se traduit par: «Continue ton chemin espèce d'ingrat», restera dans les annales des «petites phrases» politiques.
Le premier responsable du RND a rappelé l'assistance en soulignant que «vous étiez témoins et vous avez lu mes déclarations à l'encontre de ce citoyen Khelil, en aucun cas je n'ai proféré des insultes ou des attaques contre sa personne, bien au contraire, je l'ai défendu au moment où beaucoup de personnes l'avaient accusé de tout». Le FLN n'a naturellement pas eu la même réplique de Ouyahia à propos des critiques dont il a fait l'objet de la part de dirigeants du vieux parti. Sur la question, il a remis les pendules à l'heure en expliquant que «certes, on comprend les réactions et les positions du FLN lors de la campagne électorale. Mais maintenant, il y a des enjeux stratégiques et substantiels auxquels il faut s'intéresser» et d'ajouter: «On respecte les positions du FLN et on dit que le RND et le FLN travaillent les deux pour l'intérêt de l'Algérie. Le FLN est considéré comme allié stratégique.» Ahmed Ouyahia a réaffirmé que «la page des élections et de la campagne électorale a été bel et bien fermée». Questionné sur son attitude en rapport avec la situation économique et sociale que traverse le pays, il dira que en ce qui le concerne il n'a fait «que dire les vérités au peuple sur la situation financière et économique. Et c'est normal, c'est lui le premier concerné étant donné que le pays lui appartient en premier lieu. Je dis seulement une chose par rapport à cette question, que j'ai contribué à faire sortir le citoyen algérien de l'illusion de l'opulence dans laquelle soi-disant il vivait. Il a compris que le pays vit une situation financière et économique des plus difficiles».
A propos de la crise financière
De ce point de vue, Ahmed Ouyahia a fait dans l'illustration et l'éclairage en indiquant que «s'il n'y avait pas la crise, pourquoi alors on n'a pas payé les 700 milliards aux entreprises qui viennent de connaître une vraie banqueroute' Pourquoi on a gelé presque 3000 projets, comme c'est le cas pour les établissements scolaires'»
Dans le même registre, Ouyahia a fait un constat sévère de la situation économique et financière du pays avant qu'il ne revienne aux commandes du gouvernement. Il a rappelé que le Trésor public disposait de quelque 51 milliards de dinars durant le mois de décembre de l'année passée; il rappellera que la gestion d'un mois pour un pays comme l'Algérie exige la mobilisation une bagatelle de 200 milliards.
Le chef du RND a coupé court avec l'idée qui va dans le sens que le pouvoir est miné par les luttes de clans. Dans ce sens, Ahmed Ouyahia était catégorique en indiquant que «en tant que système, le pouvoir est organisé surtout lors de la gouvernance du président de la République Abdelaziz Bouteflika qui a su toujours fermer les brèches», a-t-il précisé. Pour Ouyahia, ces luttes de clans n'existent que dans la tête de ceux qui interprètent à leur guise, loin de la réalité du système algérien. Abondant dans un autre sillage, le chef du RND a mis un terme aux spéculation consistant à alimenter la scène politique nationale par des rumeurs et des allégations qui ne sont point fondées. Il a répondu quant à l'idée que le président de la République l'avait rappelé à l'ordre en soulignant que «le président n'a pas à me rappeler à l'ordre, et s'il veut me démettre, il n'a qu'à le faire», a-t-il répondu. A propos des élections relevant de la présidentielle, et l'échéance de 2019, Ouyahia a mis un terme à cette question en précisant que «à propos de l'ambition présidentielle, j'ai toujours dit que si le président Abdelaziz Bouteflika se présentait pour un cinquième mandat je ne serais jamais candidat», et d'ajouter «je ne le ferai pas pour plusieurs raisons, l'une par considération personnelle, je suis un homme qui a des valeurs; j'ai travaillé pendant des années avec le président de la République, et je défends son programme dont je suis convaincu», a-t-il asséné.
Les privatisations et la grogne sociale
Sur le registre qui a trait au processus de privatisation des entreprises publiques, Ahmed Ouyahia a affiché une attitude catégorique sur la question en prônant une démarche claire et sans ambages en la matière. Il a expliqué que l'opinion qui la concerne était claire et qu'il «ne fait pas comme font d'autres personnes. Ils font plus dans le spectacle qu'autre chose. Moi, je n'aime pas verser dans le spectacle, je suis un homme d'Etat, je veux être réaliste et dire la vérité au peuple sur cette question ancienne qui a existé avant que je prenne les commandes du gouvernement», a-t-il mentionné. Par rapport au dossier de l'industrie automobile, le secrétaire du RND a développé une démarche qui ne tranche pas avec sa précédente prise de position en la matière où il a décidé de limiter le marché à cinq constructeurs qui se chargeront du montage. Dans ce sens, le chef du RND a indiqué que «certes, le gouvernement a donné l'impression qu'il se comporte avec entêtement et fixation. C'est pour cela qu'on a décidé de donner un peu de temps pour étudier les dossiers. D'ailleurs, le ministre de l'Industrie est en train de suivre le dossier pour savoir réellement comment organiser ce secteur via un cahier des charges bien détaillé et qui sera respecté», a-t-il tempêté.Quant à la question liée à la montée des mouvements de grève, les contestations et l'ébullition du front social, Ahmed Ouyahia a déclaré que «oui, on constate ça, mais on est en train de mener des concertations avec les syndicats, il y a certains problèmes qui ont trouvé des solutions, il y en a d'autres qui sont en voie d'être réglés», a-t-il assuré.Abondant dans le même sens en rapport avec les droits de grève et aussi le droit des citoyens d'organiser les marches dans la capitale, le secrétaire général du RND a souligné que «vous savez tous que la marche dans la capitale est interdite par la force de la loi, cela ne veut pas dire que nous sommes contre la liberté d'expression et que les gens ne s'expriment pas. Ils veulent faire un meeting, ils n'ont qu'à le faire dans une salle, même s'ils veulent dénigrer le gouvernement cela c'est leur affaire», et d'ajouter que «cela ne s'appelle pas une répression, nous sommes contre l'anarchie», allusion faite au rassemblement des médecins résidents qui a connu un glissement violent. Dans ce sens, Ouyahia a réagi avec fermeté:«On n'oublie pas la décennie de la destruction et des assassinats qui ont réduit le pays à feu et a sang, alors que le groupe des 7+1 regroupait l'extrême gauche et l'ex-FIS sachant qu'il n'y avait aucun iota idéologique entre eux», a-t-il martelé. A noter enfin que le secrétaire général du RND en remet une couche en ce qui concerne le haschisch qui inonde l'Algérie, en provenance du Maroc. Tout en préconisant l'application de la peine de mort contre les narcotrafiquants, Ahmed Ouyahia a déclaré «le haschisch ne vient pas d'Afghanistan» et d'ajouter que «tout le monde connaît la provenance de ces substances toxiques en Afrique du Nord». Après avoir déploré la situation des jeunes Algériens en proie à la toxicomanie, il a salué les efforts consentis par l'Armée nationale populaire (ANP) et les différents organes de sécurité luttant contre ce fléau. Ahmed Ouyahia avait affirmé, jeudi dans son allocution à l'ouverture de la 4ème session ordinaire du conseil national de son parti, que le RND «condamne d'abord tous ceux qui, de l'extérieur, tentent de noyer notre pays sous un énorme flux de haschisch et de cocaïne», considérant qu'il s'agit là d' «une véritable agression contre notre peuple à travers une tentative d'empoisonner notre jeunesse et de ralentir notre développement». «C'est là aussi une insulte grave envers l'avenir commun des peuples maghrébins», a-t-il martelé.
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Posté Le : 21/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hocine NEFFAH
Source : www.lexpressiondz.com