Algérie

Ouyahia-Belkhadem


La guerre à distance Entre le chef du gouvernement et secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, et le ministre d?Etat, représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, ce n?est sans doute pas la lune de miel. Loin s?en faut. Les « alliés » d?hier autour du programme de Bouteflika projettent, maintenant et sur la scène publique, leurs différences. Leurs stratégies, surtout. La maladie de celui qui a réussi par une alchimie politique inédite à unir un triumvirat aussi inédit que celui que forme Ouyahia le moderniste, Belkhadem le conservateur et Soltani l?islamiste B. C. B. G., a précipité les lézardes. Aiguisé les appétits de pouvoir, entre les deux premiers notamment. Au commencement était cette campagne de Belkhadem pour la révision de la Constitution. La raison avouée est qu?il fallait trancher définitivement la nature du régime algérien. Mais en décodé, le SG du FLN suggérait la nécessité d?offrir la chefferie du gouvernement au parti majoritaire, au sien donc, histoire de se mettre en orbite pour les futures échéances. Rusé, Ouyahia saisit au vol le ballon-sonde de Belkhadem et plaide publiquement l?« incongruité » d?un amendement du texte fondamental pas du tout une priorité, selon lui. Il met en avant un argument massue pour contrer l?offensive médiatique de son vis-à-vis, en faisant remarquer qu?il avait lui-même cédé son poste de chef de gouvernement en décembre 1999 à Ali Benflis alors que son parti, le RND, était majoritaire. Mieux encore, Ouyahia trouvera un allié inespéré en la personne du ministre de l?Intérieur, Yazid Zerhouni, qui, publiquement lui aussi, avait estimé que cette révision « n?était pas une priorité ». Les hostilités sont donc ouvertes entre deux personnalités politiques incarnant le pouvoir et forcément entre deux visions sur l?avenir politique de l?Algérie. Puis vint la maladie du Président... Connu pour avoir été remis en selle par Abdelaziz Bouteflika, à qui il offert le FLN sur un plateau d?argent, Belkhadem compte sur l?appui du Président pour réussir son coup. Pendant ce temps, l?opinion publique assiste, régulièrement, à des échanges à fleurets mouchetés entre Ouyahia et Belkhadem, par presse interposée, sur le thème controversé de la révision constitutionnelle.Puis vint la maladie du Président... Au lieu de calmer les esprits, ne serait-ce que le temps que le chef de l?Etat se rétablisse, la polémique à, au contraire, repris de plus belle. Une semaine après l?hospitalisation de Bouteflika à l?hôpital français du Val-de-Grâce, Abdelaziz Belkhadem réunit la fameuse commission de son parti qui planche précisément sur la révision de la loi fondamentale. Le message était double : d?abord rassurer une opinion inquiète sur la santé de son Président que celui-ci allait rentrer bientôt. Ensuite, et c?est le message fondamental, suggérer que le projet de révision de la Constitution tient toujours puisque la commission du FLN continue normalement son travail. « Ce n?est pas remis en cause », semblait vouloir dire Belkhadem à Ouyahia. Et en l?absence prolongée du chef de l?Etat, le chef du gouvernement tient les choses en main, au grand malheur d?un Belkhadem politiquement un peu perdu. Il a réussi, cependant, à ravir la présidence de la délégation algérienne à la conférence de Barcelone au ministre d?Etat, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. C?est une façon pour lui de se mettre en avant, même en l?absence du Président, quitte à faire entorse au protocole. Les conseils de gouvernement ? Belkhadem, convaincu peut-être qu?il est promis ( ?) à un destin national, ne se sent pas concerné, à plus forte raison sous la présidence de... Ouyahia. Ce week-end, il a d?ailleurs préféré faire une « cure » au sud du pays. Mais il a profité pour « vendre » à son profit « le programme spécial grand Sud d?une valeur de 200 milliards de dinars ». Le même jour, Ahmed Ouyahia réunit le conseil de gouvernement est adopte ce même programme de développement de... 250 milliards de dinars ! Et le parallèle est vite fait entre la mission de Belkhadem à Béchar, qui a regroupé les cadres du FLN de toutes les wilayas de cette région, et le passage à l?acte exécutif d?Ahmed Ouyahia. Les deux hommes s?affrontent à distance. Le patron du FLN n?a pas manqué de souligner devant ses militants que le FLN a amorcé « un retour remarquable » sur la scène politique nationale et ambitionne de rester toujours la première force politique du pays. Mieux, Belkhadem abat carrément ses cartes en appelant les cadres de son parti à « préparer les échéances électorales à venir » ! Il est donc clair que la simultanéité de la plaidoirie de Belkhadem au Sud en faveur de ce programme et son adoption par Ouyahia en conseil de gouvernement est loin d?être un hasard de calendrier. La guerre de positions fait d?ores et déjà rage !
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