Algérie

Ouyahia affiche ses ambitions pourles présidentielles



Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a botté en touche mercredi soir à l'émission «Hiwar Essaa» sur ses prétentions politiques futures, et particulièrement sur sa candidature aux prochaines présidentielles.

M. Ouyahia qui a été questionné sur son éventuelle candidature à la présidence de la République a repris une phrase de l'ancien président français Valery Giscard d'Estaing qui, interrogé sur le même sujet, avait répondu que son accession à la présidence en 1974 était «la rencontre d'un homme avec son destin». «Venant d'un chrétien, pareille réplique prendrait plus de sens lorsqu'elle est le fait d'un musulman», a déclaré Ouyahia pour appuyer son allusion.

 Mais, est-ce que d'ici là, pour paraphraser Giscard d'Estaing, y aura-t-il «une rencontre d'un homme avec son destin ?». Une chose est sûre, le SG du RND sera partant pour les prochaines présidentielles. Pour autant, il a fait un large tour d'horizon, durant cette émission, sur la situation politique et économique du pays. Et, avec sa façon habituelle, il a décortiqué les aspects de la vie publique, et expliqué les grands dysfonctionnements sociaux du pays, sans jamais se montrer du doigt, ni ses «ministres», dans le bouillonnement social que connaît le pays. Si ce n'est plus «la main de l'étranger», c'est «l'alliance entre la mafia financière avec les barons du commerce».

Ouyahia-RND, un tandem de choc

C'est sur le plan politique qu'il a été le plus incisif, estimant que l'Alliance présidentielle a été «construite sur une base volontaire et souveraine», tout en décochant des flèches empoissonnées au MSP. Selon lui, l'adhésion du MSP à cette alliance était «une reconnaissance au défunt Mahfoud Nahnah et à ses engagements au service de l'Algérie», en réponse aux questionnements nés de ses propos sur la nécessité «du renouvellement ou de la disparition» de l'Alliance présidentielle. Sur les critiques du MSP, quant à la gestion de cette alliance, il répondra que «si l'allié en question est insatisfait, il a le loisir de se retirer en 2012, après l'expiration de l'actuel mandat parlementaire». «Et, dans le cas où le MSP se retirait maintenant, a-t-il poursuivi, l'alliance conserverait la majorité parlementaire avec les 137 députés FLN et les 62 députés RND, soit un total de 199 députés». Pour lui, le RND s'oppose à l'idée d'une assemblée constituante, comme avancée par certains partis politiques, affirmant que l'Algérie «ne connaît pas actuellement une crise politique». Il a souligné que le recours à une assemblée constituante «ne peut intervenir que dans des circonstances bien précises, comme dans le cas d'une crise politique ou d'une paralysie du fonctionnement des institutions politiques», a-t-il souligné. La Constituante «ne ressuscitera pas les victimes de la tragédie nationale ni les morts de 1963», a dit M. Ouyahia, en référence au terrorisme des années 1990 et à ce qu'on appelle la «crise du FFS» juste après l'indépendance du pays, avec la répression des militants de ce parti. D'autre part, il doute de la capacité d'une assemblée constituante, dans la situation et la composante politique actuelle du pays, d'aboutir à un consensus sur un régime politique à adopter, affirmant que son parti reste un adepte convaincu du régime présidentiel, s'interrogeant au passage, sur l'importance des initiatives prises récemment par Hocine Ait Ahmed et Abdelhamid Mehri pour recadrer l'orientation politique du pays avec des réformes en profondeur. Pour autant, il a confirmé les rencontres qu'avait eu le président Bouteflika et de hauts responsables du pays. Sur la teneur de ces réunions, il n'en soufflera pas un mot. Pour le patron du RND «l'Algérie ne vit pas, à l'heure actuelle, une crise politique mais plutôt des crises sociales». Ces crises sociales, selon lui, «ne nécessitent ni la dissolution du parlement ni un changement de système politique», affirmant que son parti s'opposait à ceux qui appellent à un changement de système politique en Algérie, alors que le pays «ne traverse aucune crise de nature politique». Mais, il a reconnu l'existence de tensions sociales en Algérie, à cause notamment, a-t-il dit, d'un «manque de transparence dans la communication» et un «problème de transmission» et non pas à un déficit de réalisations. M. Ouyahia a rappelé les réalisations enregistrées par le pays dans différents domaines, ces dernières années, soulignant que «il faut laisser le temps au temps et chaque chose viendra au moment opportun, car il y a une réalité politique connue de tous en Algérie, qui a besoin de panser ses blessures», a-t-il dit à propos de l'agrément de nouveaux partis politiques, suspendu de fait, ces dernières années.

La Poste et le mystère des milliards de dinars de la Banque centrale

Par ailleurs, le Premier ministre a appelé pour le soutien des efforts de l'Etat dans la création de l'emploi, à assurer le logement et à améliorer les conditions de vie du citoyen. «L'Etat a consacré 286 milliards de dollars au titre du plan quinquennal 2010-2014 (21.000 milliards de DA) pour apporter sa contribution à l'amélioration des conditions de vie du citoyen et à la préservation de la paix sociale», a-t-il rappelé, estimant que les violentes manifestations populaires de janvier dernier, à cause de la hausse des prix de l'huile et du sucre, qu'»elles sont fabriquées à 60% par ceux qui craignent la transparence économique». Il a ainsi démenti les rumeurs qui lui prêtaient une volonté de démissionner après ces évènements et qu'il a attribuées «à des gens hostiles à des mesures d'assainissement économiques et bancaires comme l'utilisation du chèque dans les transactions commerciales». Il dénoncera ainsi «l'alliance entre la mafia financière avec les barons» du commerce, précisant que ce phénomène était apparu avec l'adoption, par le pays, de l'économie de marché dans les années 1980, s'interrogeant sur le sort des milliards de dinars qu'imprime la Banque centrale, étant donné que des sommes colossales circulent hors des circuits bancaires. «La Banque d'Algérie imprime, depuis octobre dernier, quelque 18 milliards de DA par jour, contre 10 milliards de DA auparavant», a-t-il affirmé. Ainsi, il s'interrogera sur les raisons du manque de liquidités dans les bureaux de poste. «Les fonds émanant des centres de chèques postaux ont quant à eux, augmenté de 250%. Où va donc cet argent ?», s'est-il encore interrogé. Ouyahia reconnaîtra, par ailleurs, que «la machine économique n'est pas en mesure d'absorber le nombre important des demandeurs d'emploi». C'est pourquoi les efforts ont été orientés vers d'autres formules telle l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (ANSEJ). Pour le logement, une série de mesures, a-t-il dit, ont été prises pour résoudre ce problème et 2 millions d'unités sont au programme au moment où des instructions ont été données pour accélérer la réalisation de logements, en milieu rural, outre les mesures pour encourager l'investissement dans le secteur dont la création du Fonds national d'investissement. Il dira enfin, que les mesures du Conseil des ministres «ont eu un écho et seront renforcées par d'autres prochainement», sans donner plus de détails.

Situation dans le monde arabe : à chacun ses soucis

Au plan international et concernant la situation en Libye, M. Ouyahia a indiqué que la position de son parti «ne peut différer de celle, officielle, de l'Algérie», qui refuse toute ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. «La question libyenne concerne le seul peuple libyen», a-t-il dit, estimant que «la question qui se pose n'est pas de savoir qui gouverne ce pays», avant de rappeler que l'Algérie était contre l'usage de la violence dans les règlements des conflits et contre toute intervention militaire étrangère. Il a fait part de l'inquiétude de l'Algérie concernant l'avenir de la Libye et son intégrité territoriale, faisant part de ses appréhensions quant au «sort des biens de la Libye soeur» notamment le sort de son pétrole. «La logique veut qu'aucun pays ne peut agir sans raison, et que chacun a son propre agenda. Le nôtre est la stabilité de la région et ce qui se passe à nos frontières», a-t-il encore expliqué. Il a également relevé que ce qui se passe dans le monde arabe «concernait les seuls peuples de la région», rappelant que ce qui se passe dans le monde arabe ne diffère pas de celui en Algérie, ni de celui de l'Etat algérien. «L'Algérie entretient des relations avec des Etats et non avec des régimes», a t-il enfin souligné.




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