Algérie

Ouverture de la distribution du gaz et de l'électricité: Le patron de la Sonelgaz sceptique


L'ouverture du secteur de la distribution de l'électricité et du gaz ne suffit pas pour susciter l'engouement des entreprises privées si les prix ne sont pas revus à la hausse ou si une subvention n'est pas accordée. C'est, en substance, ce que pense le P-DG de la Sonelgaz interrogé par l'APS. « Le privé pourrait ne pas prendre de concessions de distribution de gaz et d'électricité si le problème de la tarification n'a pas été réglé » sauf si « l'Etat s'engage à lui payer un différentiel (subvention) par rapport aux prix que le concessionnaire va proposer aux clients », estime Noureddine Boutarfa. Le scepticisme du patron de la Sonelgaz est réaliste. Le privé ne s'engagera pas s'il estime que ce ne sera pas rentable. Tant que les pouvoirs publics décident de ne pas augmenter les prix de l'électricité et du gaz, ils n'auront pas d'autres choix que de subventionner les entreprises privées qui se porteront candidates à prendre des concessions de distribution de gaz et d'électricité. Le P-DG de la Sonelgaz a, d'ailleurs, indiqué à l'APS que son entreprise était en train d'étudier avant de se déterminer, dans les 3 à 6 mois, à propos des concessions qu'elle souhaite garder, « alors que le reste sera offert, dans le cadre de la concession, par la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) », a-t-il ajouté. Le régulateur La CREG se chargera, à son tour, de l'attribution de ces concessions sur la base d'appels d'offres en application du décret exécutif datant d'avril 2008 qui en a fixé les modalités. Si le législateur n'a pas expressément évoqué la libéralisation des tarifs dans le texte de loi de 2002, il n'en demeure pas moins que la logique de déréglementation ne lui est pas étrangère. On n'ouvre pas un secteur à la concurrence sans lui donner les moyens et les outils du marché. On ne réinvente pas le libéralisme. Mais tant que l'Etat a les moyens de subventionner les prix, comme c'est le cas actuellement, cela ne doit pas poser de problèmes. Les pouvoirs publics n'ont pas d'autres choix que de payer le différentiel entre le coût réel de la distribution du gaz et de l'électricité et le tarif de vente au consommateur final. Ce n'est sans doute pas la première fois que la loi de 2002, relative à l'électricité et à la distribution du gaz par canalisation, qui consacre la libéralisation du secteur du gaz et de l'électricité, rencontre des problèmes. Car, à ce jour, elle n'a pas attiré beaucoup d'investissements directs dans la production électrique, sauf dans le cas des appels d'offres publics pour la construction de centrales électriques. On s'en souvient encore du fameux appel à des investisseurs étrangers pour « concevoir, financer, construire, posséder, exploiter et entretenir une ou plusieurs centrales électriques totalisant une puissance de 2000 MW et de vendre l'énergie produite sur le marché local et le marché extérieur » qui n'a pas reçu les échos escomptés. Une preuve que même les compagnies étrangères ne souhaitent pas s'engager dans un marché hybride, mi-libéral mi-subventionné. D'où la nécessité, suite aux déclarations tout à fait logiques du P-DG de la Sonelgaz, pour les pouvoirs publics de rassurer les éventuels investisseurs qui souhaitent prendre des concessions dans la distribution de gaz et d'électricité que l'Etat financera le différentiel, en attendant de... libéraliser les prix.
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