Oum El-Bouaghi Sidi R'ghis respire la fumée des brochettes

Longues sont les nuits ramadhanesques au village de Sidi R'ghis, relevant de la commune du chef-lieu de wilaya d'Oum El-Bouaghi. Un ancien village qui témoigne des années de la mode des villages socialistes VSA (Village socialiste agricole). L'épi géant à l'entrée du village confirme cette époque. À présent, tout a changé ici, des villas ont poussé ici et là à la place des maisons en tuile du temps de la révolution agraire. La route principale, genre double voie, est très animée en ce soir de Ramadhan après la prière des Tharawih. Magasins, restaurants et cafés maures sont ouverts. Des enfants attendent devant une machine à glaces installée à l'extérieur d'une boutique. Près de la mosquée, située au centre, le local du groupe des SMA, à l'intérieur, des enfants jouent aux échecs, près d'une table de tennis tenue dans un coin. À quelques mètres de là, deux adolescents, devant une table, entourée de quelques chaises, revendent du thé. Côté animation culturelle, rien, 'walou !", nous dit-on. À part les jeux de cartes et de dominos, c'est l'ennui, on s'attable devant les cafés et on discute c'est tout. Certains jeunes et des familles empruntent les transports en commun pour se rendre à Oum El-Bouaghi ; d'autres préfèrent se rendre à Aïn Fakroun. La frénésie de l'achat des vêtements neufs de l'Aïd a déjà commencé. L'un des habitants nous parle de l'inexistence de lotissement malgré les promesses des autorités, alors que le village a grandi, il a dépassé les 7 000 habitants. C'est le seul village d'ailleurs où les climatiseurs ne fonctionnent pas à cause de la trop faible tension de l'unique poste électrique construit avec la localité, dans les années 1970. Et d'ajouter avec une pointe d'ironie : 'On les installe pour la garniture." Un autre évoquera le problème de l'insécurité et des vols. 'Il n'y a ni brigade de Gendarmerie nationale ni commissariat de police ici. Mardi dernier, on a volé une moto, qui était stationnée devant le château d'eau, quelques jours auparavant, c'était un autoradio dans une voiture..."
La fumée des brochettes de dinde et de foie allèche les passants et l'on n'hésite pas à consommer, à 20 et à 30 DA pièce. Le mouvement des voitures, mais aussi celui des motos 'chinoises" ne s'arrête pas. 'À l'approche des élections les candidats viennent nous solliciter, c'est le réservoir électoral ici, on promet monts et merveilles alors que nous n'avons même pas d'ambulance au niveau de la structure de santé. Les élections locales approchent, les candidats ne tarderont pas à venir pour nous oublier ensuite", nous dira encore notre interlocuteur. Il est tard et nous quittons Sidi R'ghis avec l'idée d'y revenir une autre fois, juste pour voir si les choses ont évolué...
B. N