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Ouled Riah, Sbehas, des populations Les enfumades du Dahra (1844-1845)



Ouled Riah, Sbehas, des populations                                    Les enfumades du Dahra (1844-1845)
Le général Bugeaud a d'autres soucis, parachever ses conquêtes et pour cela il fait fi des règles humanitaires dont « le respect risque de (les) prolonger indéfiniment » selon lui. Des milliers d'Algériens dont des femmes et des enfants, périront les uns enfumés, les autres emmurés dans des grottes. Le général Bugeaud, dira à ses troupes, en juin 1845, dans la région du Chélif : « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbehas ! Enfumez-les à outrance comme des renards. »
Les récits des soldats français qui ont participé à la première expédition menée par le Général Cavaignac sur les populations des Sbéhas et qui fera des émules, ne manquent pas. Devant les populations qui venaient « se réfugier dans une grotte pour échapper à leurs bourreaux, les soldats accumulent des fagots, des broussailles, emmurent l'entrée et y mettent le feu. ». Tous y périront. La seconde expédition aura lieu, un an après, le 18 juin 1845, où le colonel Pélissier n'hésite pas à asphyxier plus de 1.000 personnes, hommes, femmes et enfants, des Ouled Riah, qui s'étaient réfugiées dans la grotte de Ghar-el-Frechih, dans le triangle Ténès, Cherchell, Miliana. Face au spectacle des corps calcinés, Pélissier n'avait aucun remord : « La peau d'un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous ces misérables. » disait-il
Le forfait de Saint-Arnaud s'ajoute à ceux de Cavaignac et Pélissier. Le 8 août 1845, 500 Algériens s'abritent dans une grotte entre Ténès et Mostaganem et refusent de se rendre. Saint-Arnaud ordonne à ses soldats de les emmurer vivants et fait boucher hermétiquement toutes les issues. Il en fait un vaste cimetière. « J'ai fait mon devoir » dit-il, lui aussi, froidement.
Les Algériens évoquent, de temps à autre ces exactions. Des rencontres scientifiques, des colloques se tiennent en juin 2011 à Mostaganem, avec les descendants des Ouled Riah. Des écrivains apportent eux aussi, leur contribution pour nous éclairer sur cette sombre page de l'histoire de notre pays, la résistance de ses populations, les atrocités commises à leur égard. Abdelkader Guerine, journaliste et écrivain emprunte la voix du « goual », ce troubadour pour annoncer le malheur qui s'abattra sur la tribu des Ouled Riah le 20 juin 1845.
« LA PEAU D'UN SEUL DE MES TAMBOURS AVAIT PLUS DE PRIX QUE LA VIE DE TOUS CES MISERABLES ».
Un autre historien revient sur le contexte ou plus exactement à octobre 1839, où l'émir Abdelkader décide de reprendre les armes contre la France, après la violation du traité de la Tafna par les autorités françaises, traité qui devait lui assurer l'autonomie des deux tiers du territoire algérien. L'Emir est battu et le Duc d'Aumale s'empare de sa smala pour la transformer en une ville de 30.000 âmes en 1843. À partir d'avril 1845, le résistant Boumaza est déterminé à continuer la lutte, appuyé par la tribu des Ouled Riah. Il défait la tribu des Sendjas, collaborateurs des français et élimine leur agha.
Le général Bugeaud réagit et envoie cinq colonnes infernales qui sèmeront la désolation. Le colonel Pélissier dirige sa colonne en vue de la répression des Ouled Riah, alliés irréductibles du grand chef de la résistance Boumaza. Les combats sont d'une rare violence en regard des moyens matériels et humains dont disposent les troupes françaises. Les populations n'ont d'autre choix que de se réfugier dans des grottes. Ces enfumades ont été réitérées en 1959, dans les grottes de djebel Bissan, non loin de là. Amar Belkhodja, journaliste et historien raconte, dans son livre paru en 2011 et consacré à ce génocide inqualifiable, ces atrocités : « Des cadavres, partout des cadavres, en postures aussi diverses qu'épouvantables qui couchés sur le flanc, qui agenouillés, le front collé par terre comme au moment d'une prière. Tout est calciné, noirci par une fumée (...) Image émouvante, celle d'une femme et de son bébé »... Une femme morte en plein accouchement, « la bouche de la femme est restée grande ouverte, en forme ovale qui supposait une succession de cris de douleur mêlés à la terreur... Le bébé des Ouled Ryah est né dans une chambre funéraire ».


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