L’information a alimenté les discussions sur la Toile à Constantine depuis l’annonce d’une supposée découverte de pétrole dans la petite commune d’Ouled Rahmoune, dépendant de la daïra d’El Khroub, située sur la RN3 à 30 km de Constantine. Des commentaires allant de la dérision à l’humour, alors que certains ont pris la chose au sérieux.
Des commentaires, il y en avait à profusion sur la possibilité que cette région pauvre se transforme, pourquoi pas, en un pôle d’hydrocarbures dans le nord de l’Algérie.
D’autres n’ont pas hésité à dire que la France avait des cartes de puits de pétrole au nord de l’Algérie, qui demeurent encore secrètes, et d’autres encore. Mais il faudra attendre encore les avis des experts qui ne sont pas encore exprimés officiellement sur la question.
Tout a commencé dans l’après-midi de samedi 20 mars quand Lekhmissi Ghorab, un habitant de la localité d’El Merra à Ouled Rahmoune, présenté par certains comme agriculteur, alors que d’autres parlent d’un investisseur, a creusé un forage sur une profondeur de 90 m à la recherche de l’eau après avoir obtenu une autorisation spéciale. Au lieu de l’eau, un liquide visqueux et noirâtre est monté à la surface.
Cela ressemblait à du pétrole. Le concerné ne croyait pas encore à cette hypothèse et avait fait appel aux services concernés dont ceux de la mairie d’Ouled Rahmoune. Entre-temps, les photos prises par une personne présente sur les lieux pour une demande d’aide feront fureur sur Facebook.
C’est un déluge de réactions qui va suivre, avant que l’information ne soit prise au sérieux par les médias. Dimanche matin, la télévision publique et les chaînes privées sont déjà sur place en présence des services de la Gendarmerie, alors que la découverte sera diffusée comme une traînée de poudre et aura le lendemain une bonne place sur les pages de la presse écrite.
Dans une première déclaration à El Watan, le P/APC d’Ouled Rahmoune, Sofiane Boukenni, a affirmé que dans ce cas de figure on devait suivre la procédure en vigueur.
«Une délégation de la direction de l’environnement et des représentants de Naftal était dimanche sur les lieux pour une prospection. Les responsables de Naftal avaient sur eux les cartes des réseaux pour vérifier s’il s’agissait d’une fuite dans une conduite. Mais il s’est avéré que les conduites en question se trouvaient à 2 km des lieux. La possibilité d’un endommagement dans les réseaux a été vite écartée», a-t-il avancé.
Cette thèse a encore alimenté les débats sur la provenance de ce liquide noirâtre et visqueux sorti au sol dans une terre à vocation agricole, éloignée des réseaux des hydrocarbures.
- Des échantillons pris pour analyse
Approché par El Watan, le directeur de l’environnement de la wilaya de Constantine a soutenu que ses services ne pouvaient pas se prononcer sur la question pour le moment.
«D’abord il fallait s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une fuite dans une conduite du réseau de Naftal; mais nous avons bien constaté la présence d’une couche superficielle visqueuse dans le puits avec le dégagement de gaz inflammables aux premiers essais», a expliqué Arezki Boutrig, directeur de l’environnement.
«Nous avons déjà effectué nos premières analyses sur les lieux grâce à un densimètre qui a révélé qu’il pourrait s’agir d’hydrocarbures. Même si la densité enregistrée est estimée à 0,96 g/cm3, cela ne nous permet pas de nous prononcer d’une manière formelle et dire qu’il s’agit réellement de pétrole», a-t-il poursuivi.
Il fallait attendre encore les résultats des analyses après la remise dimanche dernier d’échantillons au laboratoire régional dépendant de l’Observatoire national pour l’environnement et le développement durable (ONEDD).
Entre-temps, les commentaires ne cessaient pas sur les réseaux sociaux sur les possibilités que cette découverte pourrait amener pour cette petite commune d’Ouled Rahmoune, classée à vocation agricole et rurale et qui ne dispose pas de ressources financières importantes, avec le possible impact sur toute la région en matière d’emplois.
Un périmètre de sécurité a été érigé par les services de la Gendarmerie nationale sur toute la région pour faire face à toute éventualité. Mais le suspens durera encore tout au long de la journée de lundi, car on avait annoncé l’arrivée mardi d’une équipe d’experts de la Sonatrach avec ses supports et ses équipements pour un examen plus approfondi.
- Un fort taux d’hydrocarbures
Mardi, tout le monde attendait les résultats du laboratoire de l’ONEDD. Des chiffres qui ont confirmé les suppositions de présence d’hydrocarbures dans l’eau du puits de la région d’El Merra à Ouled Rahmoune. Selon la direction de l’environnement, les résultats ont montré l’existence de 460 mg par litre des hydrocarbures et 620 mg/l d’huiles et de graisses. Des chiffres assez élevés, mais qui ne peuvent pas prouver avec certitude qu’il s’agit d’hydrocarbures à 100 %.
Une affirmation qui ne semble pas décourager ceux qui continuaient de cultiver sur les réseaux sociaux l’espoir qu’il s’agissait bien de pétrole. Quels que soient les résultats de ces analyses, le directeur de l’environnement n’a pas caché ses craintes face à ce très fort taux d’hydrocarbures détecté dans l’eau.
«Ce qui nous intéresse dans tout cela ce sont les risques de pollution de l’eau, qui pourra avoir des répercussions graves sur l’environnement dans cette région surtout avec ces taux élevés par rapport aux normes en vigueur en matière d’hydrocarbures, d’huiles et de graisses», a déclaré à El Watan Arezki Boutrig.
Ces risques demeurent bien réels, même si le même responsable refuse toujours de parler de présence de pétrole sans avoir la confirmation des experts de la Sonatrch qui ont fait le déplacement mardi dernier à Ouled Rahmoune.
Une équipe ayant pris de nouveaux échantillons, qui seront également analysés au niveau du laboratoire de la Sonatrach à Boumerdès. Les résultats de ces analyses qui sont attendus dans quelques jours détermineront bien de quoi il s’agit exactement. Ils permettront aussi de mettre fin à un long suspense qui a marqué le quotidien des habitants de cette petite commune d’Ouled Rahmoune sortie de l’anonymat le temps d’une découverte qui a défrayé la chronique.
S. Arslan
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Posté Le : 26/03/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : S. Arslan
Source : elwatan.com du jeudi 25 mars 2021