Le pouvoir local reste dans l'administration Le ministre de l'Intérieur et
des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, a rencontré les walis du centre
et du sud du pays. Le communiqué officiel, laconique à souhait, indique que ce
n'est que le début d'une série de rencontres dans le but de prendre contact
avec les walis et à donner des orientations.
Deux autres rencontres sont prévues la semaine prochaine, à Constantine
pour les walis de la région Est et à Oran pour les walis de la région Ouest.
Il reste que les premières
déclarations du successeur de Yazid Zerhouni après sa prise de fonction,
n'annoncent pas un bouleversement de la démarche menée jusque-là. Encore moins
pour les collectivités locales qui relevaient déjà des prérogatives de M.Ould
Kablia avant sa désignation à l'intérieur.
Sur ces collectivités locales -
et donc à propos des codes communal et de wilaya -, M. Daho Ould Kablia dit se
préparer au niveau du parlement à livrer bataille contre ceux qui veulent
contester « l'interférence de l'Etat, qui a le privilège de la protection des
lois et règlements de la République, pour soustraire les élus de toute tutelle
». Les opposants ne sont pas légion au parlement, le propos s'adresse à ceux
qui défendent de plus grandes prérogatives pour les élus voire même une
régionalisation. Dans un pays où les élus se plaignent d'une dépossession
graduelle et réelle des prérogatives au profit des walis et des chefs de
daïras, le propos de M. Ould Kablia a sonné comme une fin de non-recevoir à
ceux qui pensent à une démocratisation réelle favorisant l'émergence d'un
véritable pouvoir local. M. Dahou Ould Kablia, en tant ministre délégué chargé
des Collectivités locales, avait déjà indiqué que le nouveau code communal
n'allait pas donner plus d'attributions aux collectivités locales mais qu'il
leur permettra de «mieux se concerter avec la société civile pour assurer
l'animation de la vie économique».
Il y aura de l'argent En clair, même en matière d'économie - comme Å“uvrer
à attirer des investisseurs - le pouvoir central n'entend pas lâcher du lest.
Dans une telle logique, l'Etat continuera, plus que jamais, à s'appuyer sur les
walis et les daïras. Les milliards de dollars injectés dans les plans
quinquennaux ne font qu'accentuer la tendance. Car il va y avoir de l'argent
dans les collectivités locales. Selon les chiffres officiels, près de 1800
milliards de DA seront consacrés à « l'amélioration des moyens et des prestations
des collectivités locales, du secteur judiciaire et des administrations de
régulation fiscale, commerciale et du travail ».
En 2006, le président Bouteflika
mécontent des retards dans la réalisation des programmes et doutant
publiquement des chiffres donnés par les ministères a préconisé élargir les
compétences des walis - et donc les responsabiliser - en matière de gestion en
transférant des prérogatives des directions de wilaya à leur niveau. Il
s'agissait dans un souci d'efficacité de faire du wali l'ordonnateur principal
et de disposer de l'argent affecté aux projets en sautant les mécanismes
bureaucratiques. On a recours, comme d'habitude, à l'administration pour
résoudre un problème posé durablement par… l'administration. Le fait que sur
les 286 milliards de dollars prévus pour le nouveau plan quinquennal il y a 130
milliards destinés aux «restes à réaliser», permet de douter que cela soit la
bonne formule.
Certes, les walis ne sont pas
forcément responsables de tous ces retards. Mais il faut bien admettre que les
wilayas ne sont pas séparables de l'administration générale du pays où l'argent
affecté ne génère pas beaucoup de croissance et induit beaucoup de gaspillage.
Les affaires de corruption qui ont fait les unes des journaux en sont un indice
probant. Une plus grande efficacité économique de l'argent public investi est
tributaire de la compétence des acteurs mais aussi de la qualité du contrôle.
Une administration - walis ou cadres de ministère - qui n'est comptable que
face au pouvoir n'est pas la panacée. Dans ce domaine, on n'a pas inventé mieux
que la démocratie…
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Posté Le : 20/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com