Algérie

OULD ABBÈS S'ATTAQUE AUX SPECULATEURS SUR LE MEDICAMENT : «Je vais continuer à déranger ces gens-là»



Les pénuries récurrentes du médicament sont-elles une fatalité ' Il faut dire que c'en est, là, une spécificité bien algérienne qu'un produit, pourtant disponible sur le marché, soit non accessible au consommateur. Un peu comme pour tous les produits de large consommation, même le médicament n'échappe pas, en fait, au diktat des spéculateurs qui infectent le marché national.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - En dépit d'une facture salée, l'une des plus importantes dans le monde, que règle annuellement l'Etat algérien, et malgré des programmes spéciaux régulièrement concoctés pour faire face à la situation, les pénuries sont toujours là. «Depuis mon arrivée à la tête de ce secteur (en mai 2010), le gouvernement s'est attaqué à plusieurs chantiers. Il y a eu d'abord ce problème de l'importation et vous savez tous ce que j'y ai découvert. Puis, le chantier de la production nationale et, là, l'objectif, et il sera atteint, est de couvrir 70% de nos besoins en 2014. Maintenant on s'attaque au volet de la distribution qui constitue l'une des principales causes de ces pénuries organisées par ailleurs.» Le propos est du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, en visite, hier mardi, au siège du groupe Hydra Pharm, à Beni Messous, à Alger. Les chiffres que donnera le ministre sont suffisamment éloquents et donnent à leur tour un aperçu sur l'anarchie et la débandade qui caractérisent l'économie nationale depuis l'indépendance. «Lorsque j'ai pris mes fonctions de ministre de la Santé, le nombre de distributeurs de médicaments, en réalité des importateurs, était de 666. En Tunisie, ils ne sont pas plus de 46 et autant au Maroc. Pour toute l'Europe, ils ne sont guère plus de trois grands distributeurs !» Cela se passe de tout commentaire. C'est en tout cas la triste réalité d'un pays qui, de l'aveu même du Premier ministre Ahmed Ouyahia, a laissé son économie à l'abandon depuis une vingtaine d'années. L'ouverture à l'économie de marché dès la fin des années 1980 n'a profité qu'à des spéculateurs, au point où de vulgaires commerçants investissent dans le médicament comme dans l'électroménager, la banane, le concentré de tomates ou la friperie ! D'où ce chiffre irréel de 666 distributeurs ! Les enquêtes diligentées par l'Etat ont abouti jusque-là au retrait d'agréments à pas moins de 240 d'entre eux, qui exercent ce métier hautement sensible, de manière indue. «Beaucoup d'autres suivront. Je sais que je dérange ces gens-là, mais je suis décidé à les déranger encore», précisera Djamel Ould Abbès. Mais au milieu de cette «faune», il se trouve heureusement des nationaux de métier.
Hydra Pharm : un modèle de réussite
Ainsi du groupe Hydra Pharm, un privé algérien qui est le leader africain en la matière. Avec six filiales respectivement à Alger, Aïn Defla, Tizi Ouzou, Sétif et Sidi-Bel- Abbès et, bientôt, une septième au sud du pays, le groupe dispose du réseau de distribution le plus efficace à travers le territoire national. Doté d'une flotte de 170 fourgons aménagés, d'équipements appropriés et aux normes internationales, le groupe, qui emploie pas moins de 1 400 personnes, ne fait pas que dans la distribution en plus. Investissant dans la formation et le marketing, Hydra Pharm est aussi un producteur. Son unité de production de Khemis Miliana dans la wilaya de Aïn Defla constitue assurément un modèle du genre. Le groupe y a investi, rien que pour la première phase, dont l'inauguration est prévue pour fin septembre prochain, pas moins de 21 millions d'euros sur fonds propres. Déjà que le groupe assure l'approvisionnement de 3 800 officines et 102 grossistes à l'échelle nationale. Le ministre n'a d'ailleurs pas manqué de rendre hommage aux responsables du groupe dont le sérieux et l'apport au secteur en particulier et à l'économie nationale en général sont vraiment incontestables.


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