Algérie

Oui à la réécriture, non à l'urgence!


Oui à la réécriture, non à l'urgence!
L'apprentissage commence par le primaireLa réécriture des programmes, oui, on est pour et on applaudit, l'urgence cependant nous fait peur et cela n'a pas de raison d'être car rien, en fait, ne presse lorsqu'il s'agit de bien construire une maison pour les générations à venir.Dire que la réécriture des programmes scolaires est nécessaire, c'est mettre le doigt sur un des maux réels et profonds de notre école. Mais dire que c'est une urgence, c'est simplement tomber dans l'erreur commise par le passé. Les choses aussi importantes qu'un programme scolaire, qui façonne des générations et prépare l'avenir du pays, ne doivent pas être prises à la légère ni traitées dans l'urgence. Au contraire, plus elles sont importantes et plus elles nécessitent qu'on leur accorde le temps qu'il faut pour bien les faire. Comme dit l'adage «il faut se presser doucement».Pour une fois qu'on sort de la démagogie et de ces discours creux qui visent d'abord à plaire, pourquoi faudrait-il qu'on emprunte les mauvais chemins de l'urgence de routine' Ailleurs, un programme scolaire prend tout le temps qu'il faut pour être conçu avec le moins d'erreurs possible et si telle est la démarche c'est parce que, d'abord, on ne se fixe pas de délai trop court du genre la prochaine rentrée, le prochain semestre. Un programme scolaire se construit, de nos jours, en suivant une démarche qualité qui doit garantir au moins deux résultats: un niveau de qualité élevé du processus d'apprentissage et un certain niveau de qualité de l'output. Or, pour cela, il y a un ensemble de conditions à satisfaire et qui nécessitent un peu de temps si on veut agir correctement.Ailleurs, un programme scolaire doit avoir été construit en fonction d'un but précis ou si on veut, ce programme doit permettre la réalisation d'un but bien clair et bien défini. Nous ne sommes plus dans la préhistoire ou même au Moyen Age et les gens essaient au maximum de profiter des expériences et des meilleures pratiques des autres. C'est pour ces raisons que, entre autres, on a recours de nos jours au benchmarking, cette comparaison inspiratrice et raisonnable qui permet de se situer par rapport au reste du monde. C'est par rapport à qui, à quel établissement, à quel pays, à quelle culture, à quelle perception de l'apprentissage, que nous voulons mettre en place notre programme scolaire' Ce sont des questions intéressantes qui méritent réponse et quand bien même a-t-on déjà procédé à cette opération, ce n'est jamais de la perte de temps que de la reprendre car se comparer aux autres est toujours une source de progrès et une voie d'amélioration.Il est temps de cesser de réduire le monde à notre seule maison ou à notre seul quartier. Il est aussi temps de n'en faire qu'à notre tête. Il y a une démarche scientifique dans la conception et la mise en place des cursus, n'est-il pas temps de s'y mettre' Cette démarche nécessite des années avant de finaliser un programme scolaire sérieux, pourquoi faudrait-il que nous fassions le nôtre en deux temps et trois mouvements pour venir, quelques mois après pleurer et se plaindre des mauvais programmes en place qui ne servent ni l'élève ni la société' On nous dit que 200 des 317 recommandations auxquelles avait abouti la conférence nationale de juillet passé, concernaient la révision des programmes. C'est tant mieux car cela dénote une certaine maturité dans le secteur mais ces recommandations sont-elles suffisantes pour entamer le travail de refonte des programmes scolaires' Là aussi, il y a des étapes à ne surtout pas griller comme on a, malheureusement, l'habitude chez nous de le faire.Parmi ces étapes, la plus importante, car conditionnant tout le reste, c'est celle du diagnostic. Une évaluation de lasituation actuelle en procédant à une reconnaissance des opportunités offertes par l'environnement immédiat et lointain, national et international, ainsi qu'à une recherche des menaces qui y existent. Il est nécessaire aussi, lors de ce diagnostic, de situer les forces et les faiblesses de notre école ou de notre système scolaire (c'est selon le niveau de l'approche) afin de pouvoir s'adapter et, dans la mesure du possible, anticiper les prochaines évolutions de l'environnement dans lequel évoluent et notre école et notre système scolaire.Le reste est une affaire d'efficacité, d'efficience, de sérieux, d'honnêteté et de persévérance. Ce qui fait une bonne école, ce ne sont pas les moyens mais, d'abord, le sérieux qui est sien. Or, une autre fois, le sérieux a horreur de la précipitation et de l'urgence. Il faut donner du temps au temps, donner le temps à ceux qui réfléchissent sur la conception du nouveau programme. Donnons-leur le temps de procéder au diagnostic, de jeter un oeil sur les expériences et les pratiques des autres, de fixer les objectifs, de comparer, de définir de manière claire les acquis attendus d'apprentissage et de s'entendre sur les stratégies d'enseignement qui permettraient de les atteindre avant de mettre en place les stratégies d'évaluation qui doivent aider à vérifier la progression de la réalisation de ces acquis.Non, ce n'est pas un travail d'un jour, ni un travail d'un mois ou d'un an. Dans les autres pays, si on met des années pour accoucher d'un programme scolaire c'est parce qu'on ne peut pas le faire en moins de temps. Est-ce normal que chez nous on continue à le faire en quelques mois'Changeons donc de comportement, changeons de paradigme et, pour une fois qu'on veut bien faire les choses, faisons-les bien quand même.La réécriture des programmes, oui, on est pour et on applaudit, l'urgence cependant nous fait peur et cela n'a pas de raison d'être car rien, en fait, ne presse lorsqu'il s'agit de bien construire une maison pour les générations à venir.


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