Dans la nuit du
lundi 1er août au mardi 2 août 2011, le monde entier, du moins économique,
retenait son souffle au moment où un vote crucial se déroulait pour décider du
relèvement du plafond de la dette américaine, en lui évitant ainsi un défaut de
paiement de ses créances.
Tandis que chez
nous, c'est le début du mois sacré du Ramadhan où les algériens, en ce premier
jour, se sont fait la guerre en s'affrontant dans les marchés en perpétrant une
razzia sur tout produit alimentaire qui peut transiter par le tube digestif.
Aux Etats Unis
d'Amérique, on prédisait la fin du monde, en Algérie, cet acharnement à la
dépense sans limite est synonyme d'une imminente faim dans le pays.
Une frénésie des
achats qui ne tient compte ni des recommandations de quelques associations de
la défense des consommateurs, ni des appels au calme du ministre du commerce,
ni des religieux, ni des médecins, ni encore de l'augmentation des produits par
les spéculateurs. Ici, il n'y a que l'estomac qui gère la tête et le reste du
corps.
Rares sont ceux
qui se sont souciés du dénouement de la crise financière du côté de l'oncle Sam, annonciatrice d'une probable
crise financière mondiale. Et pourtant, c'est à Washington, plus exactement au
Congres américain, que se jouait indirectement notre avenir digestif et rentier
car c'est là qu'est placée une grosse partie de nos réserves de change sous
forme de bons de trésor américain.
La question du
placement de cet argent frais, recueilli à partir de notre sous-sol, suscite de
moult interrogations parmi les spécialistes. Il y a ceux qui disent qu'il
n'existe pas plus assuré que son placement en bons de trésor américain et il y
a ceux qui affirment le contraire en préconisant une diversification des
investissements. Il ne s'agit pas ici de faire un cours d'économie financière à
la place d'experts mais de poser le problème différemment comme le perçoive une
grande majorité des algériens.
Le commun des
algériens, comme moi d'ailleurs, ne sait pas où se mettre la tête surtout que
la chose financière n'est pas assez vulgarisée dans notre pays. On ne connait pas assez comment est géré le patrimoine financier
des algériens. Il y a eu un semblant de débat lorsque la crise avait frappé de
pleins fouets à nos portes dès l'année 1986 après le chute des prix des
hydrocarbures et jusqu'à son paroxysme juste avant le milieu des années 90 où
le FMI avait pointé le doigt sur nous jusqu'à ce que le nom de son PDG d'alors
le français Michel Camdessus était devenu cauchemardesque pour nos rêves.
Tout le monde
tremblait de crainte à la lecture des trois lettres du sigle de l'organisme financier
international. Dévaluation et dettes étaient notre lot quotidien. Trouver un
emprunt de quelques millions de Dollars était identique au parcours de
combattant. Le pays était hanté par l'image de Camdessus. On ne voyait que lui
pendant plusieurs années sur notre TV et nos journaux. Ses visites à Alger
étaient annoncées à grandes pompes. C'était en quelque sorte notre sauveur et
notre adversaire ce Docteur finances mondial ! On ne pourrait l'outrepasser. On
s'accrochait à sa moindre petite déclaration et à ses mimiques sur notre pays.
C'était un cataclysme que chaque algérien ne veut, en aucun cas, le revivre. Et
pourtant, on l'a échappé belle lors cette nuit du 2 août 2011. Personne ne peut
vous assurer le risque zéro. On y est passé tout près de la catastrophe.
Maintenant que les dizaines de Milliards sont présentes, on n'ose même pas
regarder derrière soi et méditer sur les années maigres vécus et qui risquent
de revenir à tout moment au galop. Imaginons un instant ce que l'on pourrait
renouveler comme malheureuse et misérable expérience. La ceinture aurait encore
une fois servi à serrer sans pitié le ventre plus qu'il en faut. Si les USA
s'étaient retrouvés en récession, cela signifierait pour nous finie l'embellie
que le pays est en train de traverser. Cela veut dire également qu'on va
revenir à la politique de l'endettement mais avec des conditions encore plus
draconiennes. Pour un sou emprunté, on aurait hypothéqué toutes les chances que
les enfants de ce pays aspirent à connaitre et à
devenir.
On n'aurait ni
honoré la dette extérieure de plus 30 Milliards de Dollars, ni construit
l'autoroute Est-Ouest, ni goudronné les routes, ni
emprunté à qui le veuille et à gogo, ni effacé les dettes des agriculteurs, ni
augmenté les salaires plutôt les ponctionner, ni bâti des Showrooms de belles
voitures à chaque coin de rue, ni supermarchés, ni vacances en Tunisie, au
Maroc et en Turquie, ni Omra toutes saisons, ni
réalisé des écoles et des universités dans chaque wilaya, ni logements, ni LSP,
ni CNL, ni crédits, ni ANSEJ, ni climatiseurs, ni électroménagers., ni.., ni et
ni…etc.
On aurait
simplement découvert la face cachée de l'économie du pays. Ce serait
malheureusement trop tard et dommage de l'apprendre en si mauvais chemin. Faute
de savoir comment convenablement investir notre argent dans notre pays, on se
retrouve avec des bons de trésor américain en toc sur les mains. On aurait
aussi appris amèrement que notre économie ne repose sur aucune base solide mais
construite sur un sable mouvant qui bouge à chaque petite secousse sentie à des
milliers de kilomètres à la ronde de chez nous. C'est tout simplement la rente
qui repart en fumée.
On aurait pleuré
durant le restant de notre vie nos 173 Milliards de Dollars soutirés et non
renouvelés de nos gisements et qui se seraient évaporés dans les cieux
américains. On les aurait simplement possédés et cajolés pendant un laps de
temps mais gâchés éternellement. On les aurait infiniment regrettés mais avec
des « si », on ne pourrait refaire le monde et l'Algérie. Ce n'est qu'avec une
politique pragmatique que l'on pourrait voir le jour à travers le bout du
tunnel. On a besoin d'une Algérie réelle et non virtuelle telle qu'elle nous
est présentée aujourd'hui.
On peut toujours
avancer partout que la situation actuelle est due à une certaine politique
économique d'un génie ou d'un expert descendu des cieux mais la réalité aurait
rattrapé tout son monde. La question mérite d'être posée entre algériens et
relookée. Il faut se projeter sur tous les scénarios possibles et les fins les
plus imaginaires et non se contenter sur des schémas allant dans le sens du
poil. Toute notre politique demande à être plus que jamais relancée, débattue,
réfléchie et remodelée. Personne ne peut être, à lui
tout seul, prophète en la matière. Une politique de fuite en avant ne
déboucherait fatalement que sur un aboutissement néfaste.
Le passé récent
de notre pays est là pour nous rappeler que la crise de 1986 a eu pour effets la
révolte du 5 octobre 1988 et dont les conséquences dramatiques qui s'en étaient
suivies l'avaient recalé derrière des petits états qui ne possèdent la moindre
petite goutte de pétrole. On ne peut inlassablement fuir une situation qui
requiert un autre dynamisme. Le pays a un besoin nécessaire de profondes
réformes au lieu d'une marche à l'aveuglette. D'une Algérie qui réfléchit et
qui devine le bon du mauvais présage. D'une Algérie où chacun de ses enfants
aurait la place qu'il mérite. D'une Algérie saine, riche et prospère.
Réveillons-nous ! Agissons avant qu'il ne soit trop tard pour nous et pour
notre chère Algérie.
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Posté Le : 04/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohammed Beghdad
Source : www.lequotidien-oran.com