Algérie

Oued Souf, terre d'harmonie



Oued Souf, terre d'harmonie
Que voilà une ville à l'histoire très controversée. A ce jour, on en est encore à polémiquer sur les origines et fondements d'Oued Souf. Ainsi deux thèses se contredisent sur la naissance de la ville. La première atteste que des tribus arabes venant de Teroud en Syrie, s'arrêtèrent dans une région toute de sable blanc après y avoir décelé une nappe d'eau pas très profonde donc aisément exploitable. Alors ces voyageurs venus de loin décidèrent de s'y installer et construisirent aussitôt des habitations. Rejoints par de nombreux compatriotes, ils plantèrent des palmiers et étalèrent la ville en édifiant plusieurs quartiers. La seconde thèse attribue plutôt l'origine des habitants d'Oued Souf au lointain Yémen duquel des tribus sémitiques arabes et hébreux seraient venues s'installer dans cette terre désertique mais gorgée d'eau. Les historiens précisent même que ces tribus descendent des Quraïch, Banou Hilal et Banou Hashim (qui donneront les Hachémites dont les Jordaniens se revendiquent comme descendants directs du Prophète (QSSSL) pour les Arabes. Cependant, les historiens s'accordent à situer la naissance de la ville à quelques cinq ou six siècles seulement. Mais des preuves incontestables de vie, existant depuis la période préhistorique, ont été établies récemment ? au XXe siècle plus précisément - où des chercheurs et des archéologues ont découvert un squelette de mammouth à une trentaine de kilomètres d'Oued Souf ainsi que de nombreux objets en silex. La ville subira la domination turque en passant sous le beylicat de Constantine avant d'être annexée par l'armée coloniale. Cela donc pour l'histoire. Pour la géographie, la position de la ville lui confère un rôle d'abord secondaire parce que loin du passage des caravanes puis progressivement stratégique et ses habitants sont connus pour leur côté industrieux. Au début du XXe siècle, les habitants d'Oued Souf vivaient essentiellement des dattiers et de cultures vivrières. Ce n'est qu'après l'indépendance que les Soufis se sont convertis au commerce et à l'artisanat et beaucoup parmi eux deviendront parmi les plus importants entrepreneurs et industriels que compte le pays. Disséminés dans tout le territoire national, ils ont comme on dit un sens poussé du négoce. Oued Souf est surtout une région touristique par excellence. Par ses palmeraies verdoyantes appelées « ghitanes », son architecture très spécifique de maisons coiffées toutes d'une coupole, ses rues pittoresques et surtout par sa beauté, la ville attire de nombreux visiteurs, séduits non seulement pas ses sites enchanteurs mais aussi par l'hospitalité légendaire de ses habitants qui se plient en quatre pour vous indiquer votre chemin. Nous sommes à la recherche de Youcef connu ? nous devrions écrire « découvert » au service national il y a de cela 35 ans. Youcef fait partie de ces relations accidentelles qui l'on croise au hasard d'une affectation dans cette immense Algérie, et qui se bonifient et deviennent solides, défiant le temps et l'espace. Pour ainsi dire, nous n'avons jamais perdu sa trace et derrière son air éternellement jovial, se cache une âme de poète. Sans doute que le paysage d'Oued Souf y est pour beaucoup et il faut voir ces aurores magiques ou ces couchers de soleil fabuleux quand la palmeraie prend la couleur de l'or... Youcef est architecte et il s'enorgueillit d'avoir participé au plan du plus grand complexe touristique du sud du pays, « La gazelle d'or » qui vient juste d'être réceptionné (voir encadré). A l'appel de la prière du maghreb, Youcef ferme son bureau et nous emmène pour une balade dans la ville illuminée. Il fait quelques haltes et nous voilà chez lui, une belle demeure où l'on perçoit la griffe de l'architecte qui a quand même eu l'intelligence de garder le cachet typique de la ville, c'est-à-dire l'inévitable coupole. Nous sommes installés sur de confortables matelas dans une cour où ruisselle un lumineux jet d'eau. Youcef revient habillé d'une ample gandoura et malgré l'âge et la grisaille qui s'est emparée de ses cheveux, il a gardé intact son esprit gouailleur et nous raconte des histoires à nous tordre de rire. Le repas est servi et notre hôte nous apprend que nous allions manger un diner typique du mois de ramadan qui frappe à nos portes. A Oued Souf, pendant tout le mois de jeûne et dans toute table qui se respecte, il y a l'incontournable Doubara soufia, un plat très relevé de sauce rouge où baignent pois-chiches et fèves. C'est un véritable rituel que de tremper sa galette dans l'écuelle brûlante avant d'attaquer le Djari,l'équivalent de la chorba, et lehlou, plat de pruneaux, d'abricots séchés baignant dans une sauce sucrée. Rien de mieux effacer les traces de la doubara piquante. Youcef se lève, se rince la bouche et étale son tapis pour la prière d'el îcha. Dans sa voix récitant le Coran, on devine toute l'harmonie de l'homme d'avec son environnement...


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)