OUACIFS (TIZI-OUZOU) Un bébé en attente de prénom depuis 16 mois !

Il est né en mai 2011 mais n'a d'existence légale que partielle puisque ce bout de chair humaine n'a pas encore de prénom, du moins officiellement.
Car pour ses parents des Ouacifs, chef-lieu de daïra, à près de 35 km au sud de Tizi-Ouzou, leur petit ange, il l'appellent Matyas (don de Dieu en hébreu), du nom du prophète éponyme. Le problème est que, aussi bien pour le préposé à l'état civil au niveau de la commune de Tizi-Ouzou — le bébé étant né à la clinique Sbihi de la ville des Genêts — que pour le procureur de la République de la même ville, il n'est pas question de tolérer ce prénom, au motif qu'il n'est pas «répandu» dans le pays. Un argument que le père du nouveau-né, M'hammed Méhareb, rejette catégoriquement se fiant, lui, à ce que stipule la loi en la matière. Cette dernière donne, explique cet enseignant d'anglais dans un collège, la liberté à tout un chacun de prénommer son enfant, même d'une confession autre que musulmane, lui qui ne dissimule pas sa foi chrétienne. «Je me suis même fait établir une attestation de chrétienté par l'Eglise protestante d'Algérie sur demande du procureur, avant que celui-ci ne tourne casaque pour ne pas prendre en considération ce document, par ailleurs, subsidiaire». Mais cette adversité est loin d'entamer la détermination de ce quadragénaire, qui a dû livrer un combat similaire il y a quelques années quand, en 2003, il s'est vu refuser le prénom d'Eva (donner la vie en hébreu) qu'il a attribué à sa fille aînée. Un combat qu'il a gagné au bout de deux ans de tracasseries administratives et judiciaires puisque la fille, aujourd'hui préparant son examen de cinquième, porte officiellement et fièrement son prénom. Un autre père de famille, de la même localité, maçon de son état, a été contraint à ce même parcours du combattant pour prénommer sa fille Eva.