L’attaque à peine voilée du double médaillé d’argent aux JO de Rio, Taoufik Makhloufi, à l’égard des responsables du sport algérien confirme une fois de plus la démission de nos responsables quant à une prise en charge efficace et sérieuse des athlètes d’élite et même de leurs clubs respectifs. Cette situation perdure depuis plusieurs années.
Après la débâcle des Jeux olympiques d’Athènes, le Comité olympique algérien, par le biais de son président Mustapha Berraf — qui avait imputé cela au manque d’équipements d’entraînement —, avait proposé aux pouvoirs publics un ensemble d’investissements, dont le stade d’Aswel, et promis qu’avec cela il relèverait le niveau de nos athlètes et ferait oublier cet échec. Finalement, ce projet est à l’abandon.
Sans pour autant convaincre les «opposants» à ce projet et les défenseurs de la nature, dont le responsable du Parc national du Djurdjura (PND), à cette période où, pour rappel, le directeur du PND avait même été destitué de son poste pour s’être opposé à ce projet, le COA en collaboration avec le MJS avait dépensé après avoir imposé le dossier la bagatelle dépassant les 300.000 dollars, soit plus de 11 milliards de centimes.
Le projet est composé d’un stade en gazon naturel, d’une piste réglementaire de 400 m, trois sautoirs (longueur, hauteur, triple saut), deux aires de lancer (javelot, marteau et poids). Une salle de musculation et un vestiaire ont également été prévus dans ce projet.
L’aventure néfaste des responsables du sport durant cette période n’a pas duré longtemps. Le projet avait été abandonné. La piste, censée être utilisée à des fins de préparation en altitude de nos athlètes, est abandonnée à son triste sort. Le terrain s’est transformé en pâturage.
Le projet avait été imposé sans aucune concertation avec des spécialistes, refusant ainsi le choix du terrain qui est d’ailleurs inaccessible durant plusieurs mois en raison de l’amoncellement de la neige et des glissements de terrain.
Gaci Mohamed, directeur du Parc national du Djurdjura durant la période allant de 1983 à 2004, dira à propos de ce projet: «Le stade d’Aswel est un vrai coup de bluff. Une réalisation à tâtons qui a permis dans un premier temps de défigurer à jamais les contreforts de l’Akouker à coups de bulldozer pour ouvrir une piste de course sans succès. Après le forfait, les responsables du projet se sont rendus compte de la non-convenance du site et laissent une balafre indélébile pour aller à la dépression d’Aswel.»
M. Gaci, qui s’est opposé à la réalisation de ce projet, avait saisi durant cette période tous les responsables à tous les niveaux, mais sans aucune suite, témoigne-t-il, en affirmant que la vocation du site est touristique et pastorale. La dépression d’Aswel ne méritait pas ce sort à plus d’un titre.
Il témoigne encore: «Cela s’est passé en 2004. C’est pour cela que pareille intervention mérite mûre réflexion. Ce qui est encore regrettable, c’est le silence des milieux scientifiques et des associations en lesquelles le Parc avait beaucoup investi. Faire circuler un argumentaire scientifique aurait pu épargner la dégradation du site. Le niveau de la protection reste très faible. Et pourtant, bien des gens paraissaient avoir la protection de la nature infuse quand l’aide du Parc était courtisée. Ce viol a été commis après éviction du directeur du Parc national qui s’était fermement opposé à la gestion orale d’un tel dossier. Un exemple de castration et un appel à la démobilisation des commis de l’Etat qui ont en charge cette noble tâche. Les fonctionnaires ont peur pour leurs postes. Il est désormais fait recours à des pétitions par voie de presse alors qu’il y a une inflation de textes et une armada de moyens. L’Etat, par contre, paie lourdement la facture.»
Voulant éviter aux sélections nationales les déplacements coûteux dans le cadre de leurs préparations, les responsables du sport durant cette période ont tenté de convaincre que la réalisation de cette structure en haute montagne était quand même une alternative pour éviter que nos athlètes aillent s’entraîner dans d’autres contrées, ce qui aurait occasionné des dépenses ruineuses.
Une lueur, sinon comment expliquer que cette installation qui a mobilisé des milliards de centimes pour sa réalisation n’a pas tenu longtemps?
L’ancien ministre des Sports, Mohamed Tahmi, interrogé par nos soins à l’occasion d’une visite effectuée au complexe sportif de Tikjda sur le devenir et le sort de cette installation sportive à l’abandon, avait annoncé d’un ton gênant que le terrain sera rattaché au CNSLT de Tikjda. Une déclaration qui avait laissé l’assistance pantoise, dès lors que le site est non seulement inaccessible durant des mois, mais le terrain est tout bonnement à l’abandon.
Il faut rappeler que l’ancien champion olympique aux JO de Londres de 2012, Taoufik Makhloufi, avait séjourné au niveau de cette station climatique dans le cadre de sa préparation physique pour cette compétition de haut niveau couronnée, pour rappel, par une médaille d’or au 1.500 m.
Amar Fedjkhi
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Posté Le : 25/08/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: amis-du-djurdjura.over-blog.com ; texte: Amar Fedjkhi
Source : elwatan.com du mercredi 24 août 2016