Par : Dr MOHAMED MAIZ
UNIVERSITAIRE
Horrible, sauvage, monstrueux, atroce et avec tout cela, certains ont voulu ou essayent de trouver des circonstances atténuantes à ce crime et à ce sauvage en rendant responsable Chaïma de son manque d'éducation ! Je trouve cela révoltant, abominable surtout, quand il s'agit de personnes dont le métier est de protéger la vie humaine ! Mais le cas de Chaïma n'est pas isolé dans une société patriarcale où le mâle, pour ne pas qualifier l'homme de bête sauvage, a tous les droits sur la femme, lui, le tuteur, le protecteur de cette mineure à vie.
On parle beaucoup des violences conjugales en ces temps de confinement, comme pour rendre responsable la Covid-19 de cet état de fait et que les maris ne pouvant supporter le confinement se retournent contre leurs femmes ou même leurs enfants, afin d'extérioriser une certaine débauche d'énergie qu'ils dépensaient en étant à l'extérieur.
En fait, ce n'est point le confinement qui est responsable de cette violence faite aux femmes, mais bien la nature de ces individus que je ne peux qualifier d'hommes pour les raisons que j'expliquerai.
Je tiens tout de suite à donner un sens à l'intitulé de mon article en parlant de violence "masculine", afin de ne pas utiliser la violence de l'homme à l'égard des femmes, car je considère qu'une telle violence ne peut être le fait d'un HOMME, mais bien d'un individu qui n'a d'homme que son chromosome "Y" !
Certes, certains ont émis l'hypothèse que l'agressivité et la violence masculine dépendraient de facteurs biologiques, comme la testostérone, ce qui nous aurait orientés vers la pharmacologie pour y trouver la pilule qui neutralisera la virilité ou le chirurgien qui l'extirpera.
Mais si nous admettons que l'origine de la violence se trouve dans l'interaction entre l'homme et la société et que nous analysons cet homme et cette société, nous trouverons, à coup sûr, la solution à ce phénomène et répondrons à la question : où va l'homme '
Certains hommes voient dans leur tendance à avoir recours à la violence l'essence même de leur virilité ; d'autres voient en la femme la source même de leurs problèmes et échecs, et le comble, d'autres voient en la violence envers la femme un châtiment divin, la Covid-19 étant due aux comportements féminins dans la société.
Cela a été dit ! Il faut savoir que dans bien des cas, la femme ne réagit aux violences qui lui sont faites que lorsque le conjoint ou son compagnon se met à violenter ses enfants. De toutes les institutions, la famille est celle qui résiste le mieux à la contestation sociale et à la crise économique.
Quoi qu'on dise, elle fait aussi l'objet de graves dysfonctionnements. Au sein de cette cellule de base se déroulent d'innombrables violences dont à l'évidence, on ne veut pas parler. Pourtant le malaise est grand, épais, couvert par le sceau du secret intime. Thème tabou par excellence, la violence envers les femmes est une véritable tragédie.
La violence faite aux femmes existe à tous les niveaux sociaux, des plus défavorisés aux plus nantis. Elle existe aussi dans toutes les sociétés des plus démocratiques aux plus fermées, bien sûr à des niveaux différents. Cette violence inclut des actes intentionnels visant à blesser ; ces actes peuvent être physiques, psychologiques ou sexuels.
La violence physique peut comporter des coups, des brûlures, des bousculades, l'étranglement, le crime, jusqu'à l'emploi des armes. Les sévices psychologiques peuvent inclure l'humiliation, l'insulte, la dégradation, l'intimidation, la jalousie extrême... L'argent peut être une autre forme de pression émotionnelle : un homme peut garder l'argent ou l'enlever à sa femme.
Ajouter à tout cela bien sûr les violences sexuelles qui peuvent aller jusqu'au viol, même dans le cadre d'un couple. Dans beaucoup de sociétés, il existe un tabou traditionnel qui empêche les femmes de confier qu'elles sont victimes d'agressions et encore moins d'un viol. Ce silence empêche de connaître l'ampleur du fléau et toutes les données et statistiques sont bien en deçà de la réalité.
Les femmes réagissent généralement à l'agression avec crainte, terreur et méfiance. Elles essayent souvent de changer de comportement dans l'espoir de prévenir de nouveaux excès de violence. Mais ces agissements sont souvent inopérants, l'agresseur trouvera tout simplement une autre raison pour laisser éclater sa violence ; d'où l'expression si souvent formulée par les femmes : j'ai tout essayé !
Les femmes agressées éprouvent souvent de l'anxiété ou perdent même l'estime de soi ; certaines peuvent penser au divorce et parfois même au suicide. Elles peuvent aussi développer de nombreux problèmes de santé physique ; avoir des hématomes, des écorchures, des brûlures et même des fractures.
Les agresseurs peuvent même les empêcher d'avoir recours à des soins médicaux. Elles sont souvent en proie à des maux de tête, des troubles du sommeil, une fatigue récurrente, des douleurs abdominales, des problèmes gynécologiques. Naturellement, ces problèmes physiques peuvent exacerber des problèmes psychologiques.
Comment aider ces femmes, ou plutôt comment faire pour diminuer l'ampleur de ce phénomène qui est le fait de personnes souvent en conditions défavorables comme les déséquilibrés, les drogués, les alcooliques, les chômeurs de longue durée et bien d'autres qui, souvent, mettent leur agressivité sur le compte de ces situations et conditions ; il y a également cette catégorie de personnes, des extrémistes du fait religieux, des individus dissociés d'eux-mêmes, comme pourraient l'être des quadriplégiques mentaux ; ces êtres dissociés de leurs émotions et incapables d'avoir une empathie pour les autres et qui considèrent la femme comme un objet, un attribut, un sous-être, allant jusqu'à vouloir effacer l'esprit des femmes en les coupant du monde et en les empêchant de s'éduquer, afin de mieux les contrôler et d'en faire des soumises.
Attribuant ce comportement à la religion musulmane, il faut le dire. Se considérant comme des êtres purs en suivant les règles de l'islam, ils considèrent que ces horribles violences leur sont dictées par Dieu.
À tous ceux-là et à cet horrible fait de société, la réponse est multiple et concerne tous les niveaux de l'organisation sociale et sociétale, à commencer par l'éducation au sein même de la famille. Un enfant qui voit son père violenter sa mère est un candidat en puissance à l'agressivité conjugale.
Un Etat et sa justice qui condamne un agresseur de femmes à une peine de sursis et qui condamne le jeune voleur d'un portable à de la prison ferme donne une prime à l'agresseur de femmes ; la mobilisation médiatique, des féministes mais aussi des hommes respectueux des femmes parce qu'elles sont mères, épouses, filles, s'urs et tout simplement des êtres humains tout comme leur partenaire homme... autant de chantiers à ouvrir, autant de pistes à explorer pour faire de ce phénomène, qu'est la violence sur les femmes, non pas un sujet tabou, mais un crime qu'il faut punir.
D'aucuns aujourd'hui avec le crime de Chaïma réclament vengeance, la peine de mort ressurgit dans les débats, nos voisins Tunisiens la recommandent au plus haut sommet de l'Etat, un sujet qui mérite débat, tant des crimes abominables sur des femmes, des enfants mineurs deviennent de plus en plus courants.
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Posté Le : 12/10/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Liberté
Source : www.liberte-algerie.com