Algérie

Où va l'argent de nos émigrés '



Où va l'argent de nos émigrés '
Dans la région lyonnaise, en France, une rencontre a été tenue, le mois passé, pour débattre l'opportunité de créer un organisme à même de porter la voix de notre émigration en terre d'accueil. Au même moment, le chef du gouvernement évoquait l'éventuelle création d'outils financiers et bancaires destinés à capter l'argent de notre émigration. Liberté revient sur ce dossier d'actualité.Collo, une ville côtière située dans la wilaya de Skikda, à l'est du pays. Il est 5h. Debout devant le siège austère de l'agence, 6 personnes forment une petite file. Une heure et demie après, une fois la prière du sobh accomplie, 12 autres personnes sont venues allonger la file. 9h15, le portail de la petite bâtisse est ouvert. Entre-temps, la foule est devenue de plus en plus compacte pour dépasser, aux coups de 13h, les 200 personnes.Ces personnes ne sont pas en quête d'un soutien en nourriture ou en numéraire devant les locaux d'une quelconque agence d'aide aux nécessiteux. Ce sont les bénéficiaires du régime français de la retraite, rentrés au pays et résidant dans la région de Collo et qui perçoivent leur pécule mensuel via cette agence de la Badr, banque située en plein centre-ville. Ils sont âgés entre 70 et 90 ans, dont une dizaine de femmes, venus des différents coins du massif. Certains, pour rejoindre Collo, font 160 km en aller-retour. La scène se répète pendant au moins 10 jours par mois, et cela dure depuis près de 20 ans. Ailleurs, chez nos voisins, les seniors retraités, payés en monnaie forte, font l'objet d'une attention particulière, car à eux seuls ils font tourner les économies de pays entiers. Rien qu'à Collo, ils sont près de 5000 retraités du régime français, rentrés au pays et qui vivent, au moins pour la moitié d'entre eux, ce calvaire. Par un petit calcul, on se retrouve avec pas moins de 2 000 000 d'euros qui viennent alimenter mensuellement le budget des foyers de la région : l'émigration devient, alors, le premier employeur du massif, devançant la Fonction publique, la pêche et le petit commerce. Cela vaut pour plusieurs villes algériennes de l'intérieur du pays.Tout cet argent est retiré des banques par les retraités qui l'échangent, en temps réel, dans une sorte de bourse au noir et à ciel ouvert qui se tient aux alentours de l'agence Badr depuis des années. Tout ce pactole va dans l'économie parallèle avec une partie qui alimente la fuite des capitaux vers l'étranger. Un gâchis pour l'économie nationale. En effet, selon les extrapolations de la Banque mondiale, les transferts de l'émigration vers les pays en développement va dépasser, cette année, les 500 milliards de dollars. L'Inde et la Chine recevront, à elles seules, près de 80 milliards. C'est pour dire qu'aucune économie, aussi émergente et puissante soit-elle, ne peut se permettre le luxe d'ignorer cette manne.Alors que l'Algérie peine à récupérer 2 milliards de dollars par an, la part du voisin marocain, qui a une émigration inférieure à celle de notre pays, avoisine déjà les 7 milliards de dollars par an. Même les transferts reçus par la Tunisie, qui dispose d'une faible émigration, dépassent le seuil des 2 milliards. Pour revenir à la part de l'Algérie, le peu d'argent reçu va dans sa quasi- intégralité à la sphère parallèle de l'économie. Tout passe par le marché parallèle, que ce soit la retraite des aînés rentrés au pays ou les transferts de ceux restés toujours dans leur pays d'accueil.M. K.Lire le dossier




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