La question étant presque tranchée, il s'agit aujourd'huide trouver l'homme de 2009. Pas le gagnant, mais le futur perdant national. LeCandidat inconnu qui va oser le casting et jouer l'homme qu'on abat, l'indienqu'on tue, le feu d'artifice qui amuse. C'est-à-dire, le cascadeur qui va jouerle second rôle en prenant le risque maximum pour faire croire au réalisme dufilm. Qui sera-t-il cet Algérien qui va être obligé de pousser le risquejusqu'à faire croire en ses chances et garder le sens du réel pour ne pas avoirla grosse tête et se confondre avec son personnage ? Pour le moment, personnene sait. Les trois chefs du parti unique de l'Alliance ayant annoncé leursoutien à un seul homme, ils se trouvent donc exclus de candidature par règlede logique. Benflis étant refroidi de son vivant, autant que Hamrouche ou AïtAhmed, le Perdant Inconnu de 2009 pose un véritable problème de casting etimpose un ratissage sérieux pour débusquer cet illuminé nécessaire pourilluminer la scène comme un halogène. Où trouver cet homme capable de leverquelques foules avant de s'asseoir et de se coucher le premier, en les laissantdebout, mais capable tout de même de faire adopter le pluralisme sans menacerla candidature unique ?Certains se rappellent, peut-être, cette époustouflanteconfession d'un candidat cosmétique aux présidentielles d'un pays maghrébinvoisin et qui, tout en se portant candidat, s'empressera d'annoncer son soutienau Président de son propre pays en expliquant que son geste était un sacrificeet un moyen d'illustrer le pluralisme dans son pays et la démocratie spécifiquedu régime qui l'employait comme arôme industriel. Cela avait l'avantage de lasincérité et promettait des élections légitimes avec un seul résultat garanti.Peut-on le faire en Algérie ? On en doute. Chez nous, les effets spéciaux sontplus sophistiqués et moins contrôlables : un personnage virtuel peut même seprendre au jeu et croire qu'il a vraiment une chance de devenir Président parcequ'il a été invité à un dîner pendant lequel, on lui a expliqué qu'il a étédéjà choisi comme successeur. Cela s'est passé lors des dernièresprésidentielles avec des concurrents qui ont crié à la triche parce quecertains leur avaient promis des garantis. Chez nous, un concurrent au candidatunique a ce malheur de ne pas savoir qu'il est empaillé. Il y a desmultipartismes comiques, des multipartismes de façades et des multipartismestragiques. La dernière catégorie est pour nous : les candidats meurent à lafin, chantés par des choeurs médiatiques.
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Posté Le : 28/01/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Daoud
Source : www.lequotidien-oran.com